Loin de l’image de Tintin dans Le Trésor de Rackham le Rouge, le métier de scaphandrier ne se résume pas qu’à arpenter et admirer les fonds marins. Rencontre avec quatre ouvriers sous-marins scaphandriers, qui nous montrent la réalité de ce métier à la fois fascinant mais aussi physique et exigeant.  

Les Sables-d’Olonne, sept heures du matin. Trois scaphandriers, André, Arnaud et Quentin montent à bord du Maxiplon. Direction l’Île d’Yeu. Au programme, une intervention dans un lieu qui peut paraître étonnant lorsque l’on parle de scaphandriers, une station d’épuration. Leur mission, retrouver un objet non identifié, peut-être un tube, qui endommagerait la mécanique de l’intérieur du bassin d’épuration. En parallèle de cette recherche, il leur est demandé de faire un état des lieux, notamment de la quantité de sable présente dans le bassin.   

Avant de partir l’explorer, André, Arnaud et Quentin en analysent rigoureusement les plans. Une étape non-négligeable, puisqu’elle permet de distinguer des « repères physiques » pour le plongeur, qui avance à l’aveugle dans le bassin. 

 « C’est ma première plongée dans une step (station d’épuration) » avance André, qui a été désigné pour inspecter le bassin. Avec l’aide de ses collègues, il enfile sa combinaison. Une combinaison spéciale, très épaisse et totalement étanche, dédiée aux plongées dans les eaux dites polluées. Pour ce type d’exercice, le casque est également différent, il n’y a pas de masque au niveau du nez. André explique, « l’air entre directement à l’intérieur du casque et est diffusé en volume constant ». Arnaud ajoute, « l’air va dans la combinaison et dans le casque pour être plus à l’aise. Cependant, avec ce type d’équipements, on ressent plus l’effort ». 

Une fois équipé, combinaison, casque, narguilé, oxygène, gants scotchés, André est prêt à s’introduire dans le bassin. Dans le cas des stations d’épuration, le scaphandrier ne plonge pas au sens propre. Il descend à l’échelle et disparaît sous l’eau boueuse, mousseuse et peu attirante du bassin. 

André est en liaison constante avec ses collègues. Quentin note son heure de plongée et ses appréciations sur la quantité de sable présente. « Je commence à avoir un peu de sable ici, mais c’est vraiment résiduel ». Arnaud, gère son narguilé, un équipement qui le relie à surface, lui permet de respirer et de communiquer. Il lui donne des indications sur les éléments censés se trouver près de lui et la direction à prendre. 

Après plus d’une trentaine de minutes passées à écumer le fond du bassin d’épuration, André s’exclame : « Je l’ai ! ». Il vient de trouver le tube dont lui avaient parlé les agents de la SAUR (société d’aménagement urbain et rural). « On a bien fait de l’envoyer ! » plaisante Quentin. Car trouver un élément à l’aveugle dans une telle surface est très compliqué. 

André remonte à la surface avec sa trouvaille, le tube en fer. Il le donne à Arnaud, remonte à l’échelle, arrosé au tuyau pour enlever le gros des résidus sur sa combinaison. Quentin lui passe ensuite du désinfectant avant de lui enlever son casque. L’intervention est terminée, c’est une réussite. 

Atlantique Scaphandre intervention dans une station d’épuration (Ile d’Yeu)

Le travail d’un scaphandrier ou ouvrier sous-marin ne se limite pas à écumer les stations d’épuration. Il s’agit aussi de contrôler certaines installations portuaires. 

De la station d’épuration au port de commerce

Aux Sables-d’Olonne, pour la porte-écluse du port de commerce, c’est l’heure de l’inspection mensuelle. André, Nicolas et Quentin sont chargés d’en vérifier l’état des joints. Narguilé, communication, oxygène, lampe, le casque est prêt. Pendant qu’André s’occupe de la technique, Quentin aide Nicolas à finir sa préparation. Il lui passe la collerette. « C’est elle qui permet l’étanchéité, de ne pas prendre d’eau dans le casque » précise-t-il. Puis l’aide à mettre la médaille pour qu’il puisse couler. Car malgré le poids de l’équipement, « il ne pèse rien dans l’eau et sans cette médaille, il remonte à la surface » explique Quentin. 

Nicolas s’avance vers la porte-écluse et endosse ensuite le gilet avec la bouteille de secours. Bouteille de secours puisque ce n’est pas elle qui l’alimente en oxygène, mais deux autres grandes bouteilles placées dans le camion. Il est relié à ces bouteilles par le narguilé. Casque, palmes, Nicolas est prêt et plonge. Du camion, Quentin lui demande des informations sur l’état de la porte et lui transmet des indications. 

Après une dizaine de minutes d’inspection, Nicolas remonte à la surface et sur le quai. Rien à signaler, la porte est en bon état.

Atlantique Scaphandre inspection porte-écluse (Les Sables-d’Olonne)

Bien plus qu’un plongeur 

André, Nicolas et Quentin prennent la route direction le port de plaisance de Jard-sur-Mer, où ils sont chargés de changer des anodes. André précise, « une anode est faite de zinc ou d’aluminium. Elle protège de la corrosion, » s’abîmant à la place d’un élément métallique. 

Arrivé sur place, il faut descendre l’ensemble du matériel, dont la charge est pour le moins conséquente, sur le ponton de l’anode concernée. Les équipements descendus, Quentin part mettre sa combinaison. Dans le même temps, André et Nicolas se chargent des éléments techniques. Ils préparent le casque, le narguilé, les anodes et le matériel à souder. 

Ce type d’intervention montre que le scaphandrier n’est pas uniquement un bon plongeur, qu’il dispose de compétences liées aux métiers du bâtiment. L’image qui est donnée du scaphandrier dans les films et les bandes dessinées est souvent la même. Un homme avec un casque et un équipement étranges qui se promène sous l’eau. 

Quentin de retour, ses collègues l’aident à mettre son casque et ses palmes. Il plonge et atteint rapidement le fond. En liaison permanente avec ses collègues, il leur demande de lui envoyer l’anode. Une fois l’anode placée, une soudure doit être réalisée sous l’eau. Nicolas lui fait descendre l’outil et Quentin exécute la soudure. L’anode changée et soudée, Quentin sort de l’eau, le temps de transférer avec André et Nicolas le matériel sur un autre ponton. Il réitère l’opération. D’importantes bulles et de la fumée remontent alors à la surface. 

Atlantique Scaphandre changement d’anodes (Jard-sur-Mer)
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