Diana Zbyranyk, Ukrainienne, est arrivée en France avec sa famille il y a plus d’un an. Cours de français la journée, peinture sur son temps libre… la jeune femme a retrouvé un semblant de stabilité et un quotidien dans la banlieue parisienne.  

« Bonjour ma fille. Ne vous inquiétez pas, mais la guerre a commencé. Lève-toi avec ta sœur, mangez, faites vos valises et soyez prêtes ».  Ce matin-là, 7h00, Diana, 19 ans, est réveillée par un message envoyé par sa mère. La veille, accompagnée de Liza, sa petite sœur de 15 ans, la jeune étudiante se promenait encore dans les rues de Kremenchuk, à 4h00 de distance de Kyiv. « C’était une belle journée » repense-t-elle, tant elle était en décalage avec ce qui venait de se produire ce 24 février 2022. « Ma première réaction a été de me dire :  ma mère me réveille pour ça ? Je veux dormir moi ! , puis prise de panique, j’ai compris que je devrais à présent m’occuper de ma sœur ». Trois semaines plus tard, Diana et sa famille partaient pour la Pologne, puis en direction de la France pour se réfugier chez sa grand-mère maternelle à Stains dans la banlieue parisienne. « Je pensais que nous y resterions quelques semaines, aujourd’hui ça fait plus d’un an que je suis ici » confie-t-elle.

« Ici », c’est à la fois la France mais aussi Saint-Denis où la jeune femme suit des cours de français depuis presque cinq mois. Il est 9h05. « C’est par-là » dit-elle. La petite barrière noire passée, nous pénétrons dans l’enceinte d’un vieil immeuble. Dans une petite salle du premier étage, monsieur Herbin, son professeur de langue, nous attend déjà. 

Sur le chemin de l’école

Traditionnel rituel du début de cours : « qu’avez-vous fait ce weekend ? » interroge l’enseignant. Diana, Olha, Yaroslava Natalia Y. et Natalia I. racontent chacune à leur tour avec timidité leur dimanche passé en famille. Elles sont toutes ukrainiennes. Elles ont fui la guerre. « J’essaye de les brusquer un peu et puis surtout de les encourager. Elles ont l’impression de ne pas savoir parler français, mais en réalité elles se débrouillent très bien ! » témoigne leur professeur. Après avoir retroussé les manches de sa chemise bleue à petits carreaux, l’air un peu enjoué, il fait écouter à ses élèves les titres de l’actualité sur RFI. A la tête que font les jeunes femmes, le journaliste Stéphane Duguet parle un peu trop vite. Un mot les interpelle. « Que veut dire hein ? » demande-t-ellesComment expliquer à des personnes étrangères que les Français utilisent ce mot, à la fois pour poser une question « hein ? » ou pour relancer un interlocuteur « hein » ; et même s’il est très souvent inconvenant, les journalistes l’utilisent parfois à la radio. Elles se mettent à rire. 

Encore une colle pour monsieur Herbin ! Et ce n’est pas la seule difficulté de notre langue : « savoir quand utiliser l’imparfait et le passé composé, le masculin ou le féminin. Tout cela est naturel pour nous, mais pour elles pas du tout ! » explique-t-il. En ukrainien, il n’existe pas d’article tel que « un » ou « une ». « Avant je n’aimais pas vraiment le français, je trouve ça compliqué, mais maintenant j’aime apprendre » exprime Diana en riant. Jusqu’à présent la jeune femme ne parlait qu’ukrainien et russe, en plus de l’anglais.  « Diana apprend très vite, elle a fait de gros progrès depuis janvier, même si elle est un peu impatiente » développe son professeur. En Ukraine, la jeune femme étudiait le business international à l’Université de Kyiv. Grâce à ces cours de français, elle apprend à vivre et non plus à survivre.

Ce mardi 02 mai 2023, Diana se rend à son cours de français comme chaque semaine. Elle partage son quotidien d’élève et les opportunités que lui offre sa nouvelle vie.

Cinq à la maison 

Boulevard Maxime Gorki à Stains, Diana rentre des cours. Dans un appartement donnant sur la rue principale, elle vit avec ses parents, sa sœur et sa grand-mère, installée en France depuis sept ans. Comme à son habitude, elle ôte ses baskets blanches, puis les range dans l’entrée, avant d’enfiler ses pantoufles grises. « Elle parle un peu français, mais on ne parle qu’ukrainien entre nous ! » dit-elle en jetant un regard à sa babusia (« grand-mère » en ukrainien). 

Une douce odeur de quiche embaume le séjour pendant que Shally, le chat de la maison, ronronne entre les chevilles de Diana. Une grande bibliothèque en bois trône à l’entrée du salon, conservant soigneusement photos de famille, La Comédie Humaine de Balzac et Les médecins de la mort de Philippe Aziz. « Même si c’est parfois difficile financièrement, je suis reconnaissante parce que la France nous aide beaucoup » confie-t-elle. Grâce à son statut de réfugiée, Diana est entièrement couverte par l’assurance maladie pendant un an, bénéficie d’une réduction de 75% de la RATP et touche près 200 euros par mois. Sa mère, économiste, et son père, avocat, suivent actuellement des formations afin de retrouver du travail. Mais pour elle comme pour Liza, il y a d’autres inconvénients à vivre en France.

Assise à la table de la salle à manger, Diana raconte les difficultés de la cohabitation à cinq dans un appartement.

Redonner de la couleur

« J’aime danser, aller à des concerts, aux musées et surtout peindre » déclare Diana en souriant. Après un premier tableau, puis un deuxième, elle se découvre un exutoire. Une façon de s’évader. Passion qu’elle partage avec sa mère, elle peint quand elle en ressent le besoin. Assise sur le canapé du salon, elle s’adonne à son art dans le calme ou parfois en musique. Elle pose les couleurs de l’Ukraine sur chacune de ses œuvres, cédant ainsi ses émotions au pinceau, puis du pinceau à la toile.  

Durant son temps libre, Diana aime s’adonner à la peinture. Un moment intime qu’elle partage parfois avec sa mère.

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