52% des Français ont des animaux de compagnie (Ifop) et ont recours à l’aide vétérinaire pour la santé de leurs animaux. Dans la Clinique vétérinaire d’Orléans, assistantes vétérinaires œuvrent pour les animaux mais aussi pour faire entendre leurs voix.
7h55, Ludivine Gaine franchit les portes de la clinique Lamballe-Greffoir. Les quelques animaux endormis dans leurs boxes tendent l’oreille, attendant patiemment que leurs maîtres viennent les chercher. Pour l’instant, c’est Ludivine Gaine, assistante vétérinaire qui les nourrira et les sortira, pour leur faire prendre l’air avant de déverrouiller les portes du cabinet. Elle sera rapidement rejointe par Charlotte Laurendeau, vétérinaire.
Accueillir les clients et les nouveaux patients, endormir les chats et préparer la table d’opération, faire passer une radio… Les missions de l’assistante vétérinaire sont diversifiées et indispensables pour la clinique. Charlotte Laurendeau nous le dira « c’est sûr que sans elles, on serait perdu ! ».

Maïlis Marchand, assistante vétérinaire dans la même clinique, le dit, tous les vétérinaires ne sont pas du même avis que Charlotte Laurendeau. « Il y a certains vétérinaires, quand on travaille avec eux, on se sent comme des merdes, on se sent pas du tout considérés ». Ludivine Gaine acquiesce « on ne fait pas assez, on est des flemmardes… on fait déjà plus que ce qu’on devrait faire mais ce n’est jamais assez. » deux années d’études sont nécessaires pour devenir assistante vétérinaire, mais il existe différents échelons et donc différents revenus. Ludivine Gaine n’est pas passée par l’école reconnue par l’Etat et est donc échelon 4. Elle touche un salaire de 1400 euros, pas suffisant selon elle. « Un échelon 5 fait exactement la même chose que nous mais gagne plus. Déjà qu’on ne gagne pas assez, si en plus notre collègue gagne plus que nous en faisant pareil… on a plus envie d’en faire autant. »
« C’est comme nos enfants ces petites bêtes ! »
Les clients, si on peut les appeler comme ça, ont parfois du mal à confier leurs animaux aux vétérinaires. « Les gens n’ont pas forcément confiance en nous, ils pensent qu’on est des secrétaires », confie Ludivine Gaine. Une confiance difficile à accorder pour des maîtres qui considèrent leurs animaux comme des membres de leurs familles, la maîtresse de Grelot, lapin d’un an, dira même « c’est comme nos enfants ces petites bêtes ! ». La maîtresse d’un chien refusera même de laisser son compagnon entre les mains des assistantes vétérinaire afin qu’elles l’emmènent passer une échographie. La cliente maintient qu’elle l’a accompagné passer l’échographie dans une autre clinique, « il va avoir trop peur sans moi, vous allez lui faire peur ».
Manque de confiance ou peur simplement de perdre son animal, la propriétaire de Woody, chat devant se faire opérer pour des calculs dans la vessie, verse quelques larmes en déposant son chat. « Je suis désolé c’est juste que… c’est mon Woody… »

Stephy Jubeaux, assistante vétérinaire dans la clinique explique que la ville renforce l’attachement aux animaux, « c’est un second souffle quand on rentre du travail et qu’un animal nous accueille comme ils le font ». Ayant eu une expérience d’assistante vétérinaire en campagne, elle a remarqué ce réel changement avec les maîtres de ville. « Ici, ils ont du mal à nous donner leur confiance, ils ont confiance dans les vétérinaires mais pas en nous ».
Charlotte Landeaux, vétérinaire depuis maintenant 20 ans, explique elle aussi que le plus dur dans le métier, ce ne sont pas les patients mais bien les propriétaires des animaux. “Je vois comment on leur parle des fois… même à nous, j’dis pas, mais les assistantes vétérinaires s’en prennent plus que nous.”
Maïlis Marchand, assistante vétérinaire dans la clinique depuis trois ans, pense à partir, “si je vois qu’on cherche ailleurs, je fonce.” La mauvaise entente avec une vétérinaire et le surmenage la poussent à quitter la clinique. « Avoir la boule au ventre avant d’aller au travail ce n’est pas normal », confie Maïlis Marchand, qui n’est pas un cas isolé. « J’ai des amis dans d’autres cliniques qui ne se sente pas bien dans leur travail et qui pensent à changer complétement de job ! » Ludivine Gaine aussi semble attristé de la situation « c’est dommage parce que c’est une passion d’aider les animaux et de les soigner mais on nous dégoute un peu du métier. »

