
Située dans l’ancienne gare Ornano, au niveau de la petite ceinture parisienne, « La Recyclerie » s’est donné le défi il y’a 10 ans, de créer un établissement éco-responsable. Plus connu pour son restaurant, ce lieu abrite pourtant plus de 1000 m2 consacrés à l’agriculture urbaine.
La Recyclerie est régie par une seule pensée : « Réduire-Réutiliser-Recycler ». Ce lieu élaboré par l’association « Les amis recycleurs » tente de répondre aux enjeux environnementaux par de nombreuses actions. Elle organise des événements autour des questions éco-culturelles, s’occupe de la ferme urbaine et réalise des ateliers de réparation. Une liste exhaustive d’actions certes, mais quel est l’impact réel de ce lieu sur les gens ?
La Recyclerie fait la promotion des distributions alimentaires qu’elle propose chaque semaine dans le cadre de la « Ruche qui dit oui ». La responsable, Florence, accompagnée de deux bénévoles prépare et organise plus d’une cinquantaine de paniers de nourriture tous les mercredis. Les produits sont disponibles pour tous ceux qui le veulent sur un site web. Des légumes, des fruits, du lait ou de la viande sont mis en vente avec une seule condition, la proximité de leur production.
En disposant les fruits sur la table pour la distribution du jour, Florence affirme que dorénavant ces actions sont indispensables : « après la période du Covid, il y’a eu une réelle demande pour obtenir des légumes en circuit-court. Moi qui vends des légumes depuis une vingtaine d’années, j’ai vraiment constaté la volonté, chez les gens, de changer leur façon de consommer. »
Les clients qui choisissent d’acheter leurs aliments à la « Ruche qui dit oui » le font pour une seule raison : leur conscience écologique. Brigitte et Yves, arrivés les premiers ce jour-là font le choix depuis deux ans de venir chercher leur panier alimentaire à la Recyclerie chaque semaine. Ils se disent « ravis » des produits et assurent que ce choix est une réelle conviction : « maintenant que nous avons le temps de faire plus attention à notre façon de consommer nous le faisons, même si cela nous coûte un peu plus cher. » Le prix de ces courses est en effet plus coûteux que dans une grande surface, la Recyclerie prend une part en plus du prix initial du producteur.
Florence avoue tout de même que la concurrence sur ce genre de projet est de plus en plus rude : « on trouve des marchands de fruits et légumes à chaque rue à Paris et ils commencent tous à chercher les produits de proximité. »

Un aspect social est également prôné par la Recyclerie. Il y a des prix variables et chacun peut faire le panier qu’il souhaite. Les bénévoles Marie et Christine sont satisfaites de voir chaque semaine des nouvelles personnes arriver mais aussi de retrouver les habitués. L’ambiance lors de la distribution est très conviviale. « Des gens de tous les horizons viennent et se rencontrent, on est content si on peut apporter un peu de mixité sociale » se félicite Florence.
Une autre activité proposée par « les amis recycleurs », c’est le « chantier au potager ». Ouvert à tous, le samedi matin, un groupe d’une quinzaine de Parisien viennent dans les jardins de la Recyclerie et apprennent les différentes techniques de jardinage. Dans une ambiance studieuse, le groupe écoute attentivement Élise, agricultrice urbaine depuis 10 ans. Ce jour-là le collectif fait des boutures de mélisse. Certains les ramèneront chez eux et celles restantes serviront à approvisionner la pépinière de la Recyclerie. C’est la deuxième fois que Nathan, un étudiant de 20 ans se rend à cet atelier. Ce jeune homme, parisien depuis toujours, savoure ces rares moments de calme « j’ai peu l’occasion d’être au contact de la nature et je n’y connais rien en jardinage donc ces activités sont parfaites pour moi.» L’objectif principal de ces ateliers c’est la pédagogie. Le but est d’apprendre à faire soit même pour moins consommer. Élise explique qu’elle travaille avec des écoles et lycées professionnels chaque semaine : « je sens un réel intérêt des jeunes lorsqu’ils viennent dans le potager, ils font une activité manuelle et ça leur change. » Au-delà d’une influence directe sur les changements environnementaux, ces lieux sont surtout, pour Élise « des réelles perspectives d’espoir ».

