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Jeux Olympiques 2024 : un désastre environnemental ?

Dans moins de deux ans, Paris accueillera le plus grand évènement sportif de la planète ; les Jeux Olympiques. Si les plus férus de sport se réjouissent de la tenue des Jeux dans la capitale, d’autres craignent que cette échéance laisse derrière un lourd tribut environnemental, comme ce fut le cas pour les précédentes éditions. Pourtant, les organisateurs ne cessent de clamer que Paris 2024 seront les premiers JO de l’histoire au bilan carbone neutre.

Accueillir un événement planétaire comme les Jeux Olympiques et Paralympiques nécessite forcément l’utilisation d’un très grand nombre d’infrastructures. Dans le cas de Paris 2024, la grande majorité des équipements qui seront utilisés sont déjà construits. Bien que des travaux soient en cours, il n’y a que très peu de sites en construction, comme le village olympique – qui s’étendra entre Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Île-Saint-Denis – et le centre aquatique, au bord de l’autoroute A1, face au stade de France auquel il sera relié par une passerelle d’acier, qui a été posée au-dessus de l’A1 cet été. La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) a prévu de conclure l’ensemble des travaux dé- but 2024, afin que les organisateurs disposent d’un trimestre pour prendre possession des lieux et les aménager selon leurs attentes.

Sur les lieux du futur village olympique, les grues tournent en permanence pour achever la construction d’une trentaine de bâtiments. Dans un an et demi, pas moins de 15 000 athlètes et accompagnants s’y retrouveront pour les Jeux, tandis que le quartier hébergera ensuite 6 000 habitants et 6 000 salariés dans des bureaux. La construction du village se veut exemplaire : 50% d’émissions de carbone en moins comparé à du bâti classique, ainsi qu’un confort thermique à l’horizon 2050, avec une température de 28°C au maximum à l’intérieur des bâtiments, même en cas de forte canicule. « La rénovation thermique des bâtiments anciens est fondamentale pour la limitation de l’empreinte carbone » développe Célia Poncelin, co-fondatrice de Twomorrow, média spécialisé sur les solutions au changement climatique : « C’est une excellente solution pour lutter contre le réchauffement de la planète ».

Le centre aquatique accueillera plusieurs compétitions olympiques (water-polo, natation synchronisée, plongeon) ainsi que des entraînements des épreuves paralympiques. A l’issue des Jeux Olympiques et Paralympiques, cette infrastructure sera destinée aux locaux, et pourra accueillir le grand public, les scolaires, les clubs et associations. Le complexe aquatique sera aussi voué à devenir un lieu d’entraînement de haut niveau de la Fédération Française de Natation (FFN) et pourra accueillir des compétitions nationales et européennes après les Jeux. Les ambitions sont fortes pour ce pro- jet, particulièrement en matière de développement durable et d’exemplarité environnementale. L’équipement valorise notamment le recours aux matériaux biosourcés, une forme architecturale innovante permettant d’optimiser le volume chauffé, un toit recouvert de 5000 m2 de panneaux photovoltaïques permettant d’assurer 25% des be- soins en électricité du centre, ainsi que des matériaux issus des filières de recyclage et de réemploi. La modularité et la réversibilité des équipements (bassins, gradins, équipements sportifs annexes) promet de faire du Centre Aquatique Olympique un lieu améliorant à moyen et long terme l’offre d’équipements publics de la Seine-Saint-Denis.

La construction d’un nouveau centre aquatique en Seine-Saint-Denis est un des chantiers central des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Autre chantier important aux portes de la Capitale : l’Arena de la Porte de la Chapelle, visible depuis le périphérique Nord. D’une capacité de 8000 places environ, l’Arena sera livrée plus tôt que les autres sites, dès le mois de septembre prochain. Ce complexe sportif sera le théâtre des épreuves de badminton et de gymnastique rythmique aux JO, puis celles de para-badminton et de para-haltérophilie aux JP.

Parmi les sites de compétition déjà existants, certains ont besoin de rénovation. C’est le cas du stade Yves du Manoir de Colombes, qui n’était autre que le stade olympique lors des Jeux de 1924. Un siècle plus tard, il accueillera les épreuves de hockey sur gazon. Les travaux de réfection en cours devraient être terminés au mois d’octobre prochain. A Marseille, ville qui hébergera toutes les épreuves de voile, la marina du Roucas-Blanc subit une reconfiguration des bassins.

Les sites de compétition s’appuient très largement sur des infrastructures existantes :
- Le tennis, la boxe, le tennis fauteuil et le volley-ball assis à Roland-Garros
- Le basket-ball, la gymnastique (artistique et trampoline)
et le basket-ball fauteuil à l’Accor Arena
- Le volley-ball, le tennis de table, le basket-ball, l’haltérophilie, et le para tennis de table à Paris Expo
- Le football, au Parc des Princes et dans les grands stades de foot du pays Orange Vélodrome à Marseille, Matmut Atlantique à Bordeaux, Groupama Stadium à Lyon, entre autres).

Le gros couac du budget

Autre tâche dans le dossier Paris 2024 : le budget ne sera pas respecté. A la base, il a été calculé avec une inflation à 2%, alors qu’elle demeure actuellement à 11% dans le bâtiment. Ce sont l’État et les collectivités territoriales qui vont compenser cette augmentation des prix. La part du financement public, elle, devrait augmenter en raison de l’inflation, s’élevant de 1,5 milliard à 1,8 milliard d’euros. Le budget global des Jeux (construction des ouvrages et organisation des Jeux Olympiques), essentiellement porté par le secteur privé, est estimé aujourd’hui à plus de 8 milliards d’euros, quand il était aux alentours de 6,5 milliards lors de la candidature.

A l’annonce de l’attribution des Jeux Olympiques de 2024 à Paris, la question écologique a rapidement été évoquée par l’organisation. Anne Hidalgo, la maire de la ville, a clairement fait part de sa volonté de faire de Paris 2024 les premiers Jeux Olympiques au bilan carbone négatif. Un objectif utopique ? D’après les premières estimations, les Jeux de Paris 2024 devraient s’en sortir avec une empreinte carbone de « seulement » 1,5 millions de tonnes de CO2. Ce chiffre est rendu possible par plusieurs facteurs : 95% des installations nécessaires au déroulement des compétitions sont déjà construites, et les nouvelles constructions permanentes devraient être à faibles émissions carbone. En outre, l’utilisation des transports en commun sera fortement privilégiée.

Les Jeux Olympiques regroupent des centaines de milliers de spectateurs venus des quatre coins du monde, ce qui pose la question de l’augmentation des transports et de l’impact écologique. Pour les Jeux Olympiques 2024, la ville de Paris se doit de fournir les efforts nécessaires pour réduire les émissions de carbone. 14 850 athlètes venus de plus de 206 pays sont attendus. L’Office du Tourisme et des Congrès de Paris estime la venue de quelque 15,1 millions de spectateurs pour les deux périodes de compétition, du 26 juillet au 11 août pour les Olympiques et du 28 août au 8 septembre pour les Paralympiques.

Parmi ces touristes, 92% du visitorat sera composé de Français dont 43% de franciliens. Seuls 8% de touristes viendraient de l’étranger, soit 1,2 million de personnes. Contrairement aux précédentes éditions des Jeux Olympiques, le public se déplacera davantage en voiture, train et transports en commun. Il y aura donc moins de déplacements par avion, moyen de transport qui génère le plus d’émissions de carbone.

Des moyens de transport peu aboutis

Si le calendrier de construction des infrastructures olympiques est pour le moment respecté, un gros point noir demeure : il y aura beau- coup de retard dans la mise en service de l’offre de transports en commun. Pour accueillir les athlètes, spectateurs, équipes techniques et les journalistes, l’Ile-de-France comptait à l’origine sur le Grand Paris Express (GPE). Le plus grand projet de transports urbains d’Europe, approuvé dès 2011, est censé permettre l’agrandissement et la modernisation du réseau de transports publics régional. Mais les nouvelles lignes de métro 15, 16, 17 et 18, qui devaient voir le jour pour recevoir entre deux et trois millions de voyageurs supplémentaires, ne seront pas prêtes à temps pour les JO. La future ligne 16 du métro, qui devait relier entre eux des sites des Jeux Olympiques en Seine-Saint-Denis, sera livrée en… 2026, soit avec deux ans de retard… C’est également le cas de la ligne 17, reliant Saint-Denis Pleyel au Mesnil-Amelot (et qui passera par le Bourget, où se trouvera le village des médias). La seule amélioration effectuée à temps pour les Jeux Olympiques 2024 sera le prolongement de la ligne 14, qui joindra Orly et le village olympique. Le désamiantage du site du dépôt d’Aulnay-sous-Bois et la crise sanitaire avaient déjà retardé les chantiers, puis le décès accidentel d’un ouvrier en décembre 2020 avait contraint un tunnelier à l’arrêt pendant six mois. Pour pallier les retards de travaux, Ile de France Mobilités, en accord avec le comité d’organisation des JO, a dévoilé un plan spécifique pour assurer les déplacements des voyageurs. Près de 1 400 bus et cars spécifiques seront dédiés aux personnes accréditées, c’est-à-dire les athlètes, les équipes techniques et les journalistes. Pour les spectateurs, l’autorité organisatrice des transports franciliens s’est engagée à « adapter l’offre de transport public et à assurer la desserte des sites de compétitions pour les millions de spectateurs ».

La gare de Noisy-Champs est en plein travaux pour pouvoir accueillir les lignes de métro 15 et 16, qui faciliteront l’accès aux Jeux Olympiques.

Par ailleurs, pour offrir davantage de moyens de déplacement lors des JO et réduire les émissions de carbone, Paris a pour objectif de mettre en place des vertiports. Ces stations de drones devraient permettre de transporter deux personnes et quelques bagages. Ce projet, qui peut paraître surréaliste, a été pensé pour réaliser de petites distances au-dessus des grandes villes. Il y a cependant encore beaucoup à faire ; la phase de tests permettra d’évaluer le bruit d’atterrissage et de décollage ainsi que les vibrations. En théorie, il faudra attendre avril 2024 pour voir les premiers taxis volants circuler d’un vertiport à un autre. Si les phases de test sont concluantes, les premiers vols commerciaux devraient être possibles à l’horizon 2030.

Cependant, dès l’annonce de l’attribution des Jeux Olympiques de 2024 à la ville de Paris, la question écologique a été placée au cœur des enjeux. La maire de la ville Anne Hidalgo a d’ailleurs pour ambition de faire de Paris 2024, les premiers JO au bilan carbone négatif. Un enjeu compliqué à tenir lorsque l’on sait qu’une partie du public se rend sur les lieux de la compétition par avion. D’après Marie Delaplace, co-créatrice de l’observatoire de Recherche sur les méga-événements qui conduit des recherches sur les Jeux, il existe des moyens pour rendre les Jeux Olympiques plus durables et écologiques, mais les trajets aériens pollueront toujours : « On peut accroître la durabilité des méga-événements, en essayant de construire avec des matériaux naturels, en limitant les flux de mobilité mais les athlètes et visiteurs viennent en avion pour un certain nombre d’entre eux. Par conséquent, les mobilités nécessairement liées au JO et notamment les mobilités aériennes, ne peuvent pas être durables »

Un bilan carbone faible mais réaliste ?

D’après les premières estimations, Paris 2024 devrait avoir une empreinte carbone d’environ 1,5 millions de tonnes de CO2. A titre de comparaison, le bilan carbone de Londres en 2012 était de 3.5 millions de tonnes et celui de Sotchi serait de 360 000 tonnes de CO2. Les jeux olympiques de Rio en 2016 et de Tokyo en 2021 se sont soldés respectivement avec 3,6 et 2,4 millions de tonnes de CO2.

Pour restreindre un maximum les émissions carbone, c’est tout une organisation qui se met en place. La Tour Pleyel de Saint-Denis en est un parfait exemple. Cette ancienne tour de bureau bénéficie d’un lifting complet pour devenir un hôtel de 700 chambres qui sera livré à la fin de l’année 2023. Au cœur du chantier, rien n’est laissé au hasard, comme en atteste Claudine Schreiner, contrôleuse de gestion des projets chez GCC, l’une des entreprises de BTP qui s’occupe de cet important chantier : « Dans le cadre du chantier de la Tour Pleyel, nous avons reçu un certain nombre de directives de l’AFNOR, concernant les produits et matériaux que nous devons utiliser pour restructurer la Tour Pleyel. Le béton doit respecter des normes de qualité et de non-toxicité, le bois doit être issu de forêts durablement gérées, et les huiles de décoffrage sont bio. Il faut savoir que ces éléments sont fabriqués et fournis quasi-intégralement par des entreprises françaises. Des experts sont régulièrement présents sur le chantier pour contrôler et répertorier les matériaux utilisés par les ouvriers ». Des travaux colossaux, qui n’ont pas été épargnés par les problèmes, notamment financiers : « Lorsque le chantier a commencé, le béton nous a causé des soucis en termes de pollution, mais les ingénieurs ont rapidement trouvé une solution. Mais comme sur de nombreux chantiers, le budget a été revu à la hausse : les prix du béton et de l’acier ont considérablement augmenté ».

Dans l’objectif de respecter cette limite, les organisateurs ont pré-défini un modèle pour maîtriser l’impact carbone des Jeux Olympiques. Ils ont au préalable déterminé le budget carbone, puis ont pensé à un plan de compensation volontaire qui doit s’équilibrer avec les émissions de CO2 rejetées durant les Jeux. Le budget carbone défini est représenté par les émissions dites « résiduelles », qui ne peuvent être évitées. Elles se traduisent principalement par l’utilisation des transports et par l’alimentation des athlètes et des spectateurs.

Pour compenser le rejet de carbone, Paris 2024 compte sur plusieurs facteurs pour réduire les émissions de carbone. Dans un premier temps, il faut prendre en compte la construction des infrastructures : 95% des installations nécessaires au déroulement des compétitions sont déjà construites et les nouvelles seront à faibles émissions de carbone. Autre justification, la présence à 95% de visiteurs européens.

Le plan de compensation volontaire consiste en la mise en place de projets répartis sur les cinq continents ; il s’agit par exemple de restaurer et conserver des forêts et des océans afin d’emmagasiner le CO2. Autre action de contribution climatique, la distribution de fourniture de foyers améliorés à des populations encore dépendantes des outils de cuisson rudimentaires. Enfin, un plan de contribution additionnel sera également établi pour soutenir des projets sur le territoire national. Le projet des Jeux Olympiques faibles en émissions de carbone s’annonce compliqué à tenir, mais si le Comité d’Organisation parvient à respecter ses engagements, les prochains Jeux pourront se dérouler de manière plus écologique.

L’héritage des Jeux Olympiques, un cimetière d’éléphants blancs

« Il y a un vrai enjeu autour de la réutilisation des infrastructures après Paris 2024, il faut réussir à garder un héritage » explique Marie Delaplace, co-créatrice de l’observatoire de Recherche sur les méga-événements qui conduit des recherches sur les Jeux. Il existe de nombreux exemples de bâtiments complète- ment abandonnés après leur utilisation pendant les compétitions.

Chaque édition des Jeux Olympiques a apporté son lot d’infrastructures délaissées. La seule exception ? Atlanta 1996. Les Etats-Unis ont réussi cet exploit en n’utilisant que des bâtiments qui existaient déjà et qui étaient déjà utilisés avant par le grand public. Les quelques constructions ont été pensées en amont afin d’assurer leur avenir dans le temps. Pourtant, les Américains sont les seuls à avoir choisi cette démarche, à la fois écologique et économique.

Toutes les autres nations se sont retrouvées avec des stades ou autres infrastructures abandonnées, qui posent plusieurs problèmes. Le premier est d’ordre écologique : les matériaux utilisés, notamment le béton, rejettent beaucoup de monoxyde de carbone dans l’air. De plus, laisser des édifices de cette taille dépérir et se décomposer dans la nature ou en ville est une catastrophe pour la planète.

Le second problème est économique : l’entretien coûte souvent trop cher et pousse à l’abandon de ces infrastructures. C’est aussi un manque à gagner énorme pour les villes en question. Avoir un bassin olympique qui se désagrège au sein d’une ville et qui en plus est un gouffre financier est moins optimal qu’un parking qui va être utilisé et qui peut rapporter à la commune. Certaines villes auraient pu éviter des crises économiques violentes si elles avaient réussi à faire la transition post-JO.

Il existe aussi des cas en France, comme à Saint-Nizier-du-Moucherotte. Au cœur de l’Isère, un tremplin de saut à ski construit en 1968 pour les Jeux Olympiques d’hiver à Grenoble est à l’abandon depuis 40 ans. Posé sur son flanc de montagne, l’énorme édifice en béton sort complètement du cadre naturel du lieu. Il est complètement inutilisable et ne pourra pas être réhabilité dans le futur, surtout depuis qu’un autre complexe a ouvert dans la région. « On nous a proposé des projets pour le réhabiliter mais ça ne va jamais au bout, ça demande trop de ressources » avance Marie Moisan, adjointe au maire de la commune. « On est les seuls à s’en occuper. Avant, Grenoble le gérait à 99% mais il y a quelques années ils se sont désengagés pour des raisons économiques ».

Ce tremplin de saut à ski pose un vrai problème écologique car il est fait majoritairement de béton, un des matériaux les plus polluants. « Il a été fait en urgence donc les bétons sont de mauvaise qualité, ça devient dangereux en termes de sécurité en plus d’être mauvais pour la nature à côté ».

Le tremplin de Saint-Nizier-Du-Moucherotte surplombe totalement la vallée grenobloise malgré son état de décomposition avancé.

Rio 2016 et Tokyo 2021, les deux faces d’une même pièce

Les deux dernières éditions des Jeux Olympiques sont totalement opposées au niveau de la gestion des bâtiments pour la compétition. Avec Rio, le Brésil était en plein développement et avait besoin de montrer son statut de pays émergent en construisant beaucoup et ainsi continuer sa progression en utilisant ces nouvelles infrastructures. Pour Tokyo, le covid a frappé et l’organisation a en plus tiré des leçons de l’olympiade brésilienne. Il y a eu très peu de nouveautés, et chacune d’entre elles a été soigneusement étudiée en amont pour limiter les risques.

Rio 2016 est l’un des meilleurs exemples de la mauvaise gestion des infrastructures construites pour une édition des Jeux Olympiques. A l’instar de Pékin 2008, elle a poussé les organisateurs à revoir leurs méthodes d’organisation. Pour les JO de Rio par exemple, le bassin olympique a tout du lieu de film d’horreur : la ville n’a pas réussi à tenir sa promesse de réhabilitation pour en faire une piscine municipale. Les travaux et l’entretien coûtent trop chers à cause de la crise économique qui a frappé le pays à ce moment-là. Finalement, le projet dépérit au bord du « Lagoa de Jacarepaguá » sans aucun avenir et sans avoir pu apporter à la population, hormis un bilan carbone très mauvais.

Le golf olympique est sûrement la construction qui remet encore plus en question la gestion des bâtiments par certaines villes. Il a été construit sur l’aire de protection naturelle de biodiversité de Marapendi avec, en bonus, un complexe immobilier qui comprend des tours de plus de 22 étages. La création de structures pour accueillir des méga-événements comme les Jeux Olympiques pose donc aussi problème pour la biodiversité locale. La création de ce golf a détruit tout un écosystème pour n’être réellement utilisé qu’une quinzaine de jours.

A l’inverse, les Jeux Olympiques de Tokyo sont un contre-exemple de la mauvaise utilisation des bâtiments construits pour les méga-événements. Le stade central de la compétition est venu remplacer l’ancien stade national du Japon et sert pour de nombreuses célébrations. C’est le cas pour les quelques infrastructures qui ont été fabriquées pour la quinzaine tokyoïte : toutes sont régulièrement utilisées par la population japonaise. Le village olympique a pu être transformé en logement, ce qui est un bon atout pour une ville comme Tokyo qui possède l’une des plus fortes densités de population.

Les japonais ont su faire ce que Rio a tenté en vain : utiliser l’accueil des Jeux pour développer la ville bien plus vite et en débloquant des moyens plus rapidement. La création d’un stade national demande énormément de temps mais avec l’occasion provoquée par l’accueil des JO, tout s’est fait plus facilement. Chaque bâtiment va permettre une amélioration concrète pour les habitants, que ce soit pour les sportifs ou autres. Les transports en commun ont notamment été améliorés et vont permettre de circuler plus facilement dans la mégalopole tentaculaire qu’est Tokyo.

Chacune à leur manière, ces deux éditions ont fortement influencé l’organisation de Paris 2024. Rio a permis de se rendre compte que construire à tout va dans le but de se développer peut produire un effet très négatif. Tokyo a quant à elle montré qu’on peut allier l’utile et l’efficace en construisant peu mais intelligemment. L’enjeu pour Paris est de se placer dans cette continuité en n’ayant aucun éléphant blanc à la fin de la quinzaine olympique.

Une refonte absolue de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques semble tout de même inévitable : « Il y a eu plusieurs villes candidates qui ont fait des référendums et la population a dit non. Ça montre qu’on a atteint une limite écologique, économique et sociale sur ce type de compétition » explique Emmanuelle Bonnet Ouladj, coprésidente de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail, administratrice du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). La solution n’est pas encore là, mais Paris 2024 et les prochaines éditions seront des éditions déterminantes dans l’évolution des méga-événements et la gestion des infrastructures.

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