Entre les sites X, les nudes et Onlyfans, comment passer à côté du porno à l’ère moderne ? En un clic, tout le monde a accès à n’importe quel contenu. Un modèle irréaliste qui embarque de nombreux adolescents vers une sexualité perturbée.

Internet est un outil formidable. Il s’agit d’une véritable encyclopédie vivante, évoluant grâce au contenu apporté par les internautes chaque jour. Peu importe le sujet, Internet nous donnera l’accès à une page dédiée. Le tout en un simple clic. Cependant, cette exhaustivité et cette simplicité d’accès sont à double tranchant. La pornographie fait bien évidemment partie du contenu proposé sur Internet. Il est loin le temps où il fallait se rendre au cinéma pour pouvoir visionner des films X, aller chez son libraire pour acheter sa revue porno, ou bifurquer dans un sex-shop pour pouvoir se procurer des VHS classées X. À quelques exceptions près, ce n’est pas tout le monde qui pouvait se procurer ce type de contenu.

Depuis 1975, avec la loi Giscard, il existe cinq niveaux de classification de contenu : tous publics, interdiction aux mineurs de moins de 12 ans ; de 16 ans ; de 18 ans, interdiction aux mineurs de moins de 18 ans avec classement « X » (à noter que le dernier classement  « X » date de 1996 et que la dernière salle de cinéma spécialisée a fermé ses portes en 2019). Vendre ce type de contenu est interdit aux mineurs et susceptible de trois ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. 

« Mon tout premier porno, je pense que je l’ai regardé à 12 ans, un peu pour faire comme mes potes, pour être dans la norme. »

Thibaut, 16 ans

L’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), anciennement le CSA, assure un contrôle contenu par contenu sur les médias audiovisuels, chose impossible pour elle sur Internet. Le fameux bouton « Je certifie avoir plus de 18 ans » est l’unique et maigre rempart entre les adolescents et la pornographie. Selon des chiffres publiés en 2021 par le ministère de la Santé et de la Prévention, à 12 ans près d’un enfant sur trois a déjà été exposé à la pornographie. 

Dans l’étude la plus récente menée par l’IFOP en 2022 sur un échantillon de 1 000 adolescents âgés de 15 à 17 ans, 53 % d’entre eux étaient déjà allés sur un site pornographique. Dans une autre étude réalisée par l’IFOP en 2017, nous pouvons voir qu’il s’agit d’une pratique très genrée, avec 63 % de garçons contre 37 % de filles ayant déjà vu du porno. La consommation se fait avant tout sur des plateformes gratuites comme Pornhub, avec 33,5 milliards de visites en 2019, dont 92 millions par jour, faisant de lui le onzième site le plus fréquenté du monde. Nous retrouvons également les sites français Xvidéo et Xnxx, respectivement 9e et 12e dans le classement. 

Eliott, 20 ans, fait partie des 5 % des 14 – 24 ans qui disent regarder du porno plusieurs fois par jour.

« Je regarde du porno depuis quelques années maintenant. Mon tout premier, je pense que je l’ai regardé à 12 ans, un peu pour faire comme mes potes, pour être dans la norme. Au départ ça m’a dégoûté, mais j’ai continué à en regarder un peu machinalement. Je pense que c’est un peu une habitude d’en regarder maintenant… Je n’y réfléchis même plus », explique Thibaut, lycéen de 16 ans. Aujourd’hui, la pornographie fait partie du quotidien de beaucoup de jeunes, comme pour Eliott, âgé de 20 ans : « Le porno représente un dixième de ma consommation de vidéo journalière. Aujourd’hui, je dois regarder 30 minutes de porno par jour, dans une journée productive, pendant laquelle je vais en cours ou quand je travaille ».

Nous arrivons même à un point où le porno conditionne la façon dont les jeunes vivent leur sexualité solitaire : « Le porno ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse, mais plutôt la masturbation, et aujourd’hui, le porno est lié à la façon dont je me masturbe. Le porno sans masturbation n’a aucun intérêt. Je pense qu’aujourd’hui, je regarde du porno pour voir des gens faire des choses que je ne pourrais jamais faire ou des choses qui m’intriguent. Si je ne fais rien dans ma journée, que je suis tout seul chez moi, que je m’ennuie, ça peut monter à quatre fois par jour, voire plus. Mais quotidiennement je me masturbe et je regarde un porno par jour. »

Un porno omniprésent

Ce caractère habituel et quotidien dans la consommation de pornographie s’explique par la facilité d’accès grâce aux smartphones. Il est le support le plus utilisé par les jeunes pour visionner des vidéos pornographiques selon l’IFOP. Or, deux tiers des enfants de moins de 12 ans possèdent déjà un smartphone, d’après une Étude Médiamétrie pour l’OPEN et l’UNAF publiée en 2020. Cela peut expliquer un rajeunissement de l’âge du visionnage du premier porno, observé entre 2013 et 2017, qui est passé de 14 ans et 8 mois à 14 ans et 5 mois. Une majorité considère elle-même que cette première expérience était prématurée. 55 % considèrent qu’ils étaient « trop jeunes » la première fois qu’ils ont vu de la pornographie, 45 % qu’ils avaient « l’âge pour en voir » et 0 % qu’ils étaient « trop âgés »

Pour la plupart, cette première expérience est involontaire. C’est notamment le cas à l’occasion de recherches sur Internet, en particulier, les sites de téléchargement ou de streaming comportant souvent des panneaux publicitaires ou des fenêtres pop-up à caractère sexuel. Parfois même, le film téléchargé peut se révéler être un film pornographique en lieu et place du contenu attendu. Selon l’IFOP en 2017, 53 % des adolescents interrogés sont déjà tombés par hasard sur du contenu pornographique sur Internet. 

Les réseaux sociaux ont aussi leur part de responsabilité. En théorie, ces derniers sont interdits aux moins de 13 ans et ne sont accessibles pour les 13 – 15 ans qu’avec le consentement de leurs parents selon le règlement général sur la protection des données (RGPD). Pourtant, de nombreux comptes Instagram ou Twitter affichent du contenu pornographique avec, dans quelques cas, un simple avertissement que l’on peut passer outre en un simple clic. À cela s’ajoutent certains créateurs de contenu pour adulte qui font la promotion de leur vidéo ou image sur des plateformes comme Onlyfans, directement sur les réseaux sociaux censés être grand public. 

« Les plateformes de médias sociaux, les moteurs de recherche et les applis de messagerie comme WhatsApp sont également des sources de pornographie pour une minorité significative de jeunes de 15 – 17 ans. 31 % ont vu de la pornographie via des plateformes de médias sociaux, 30 % via des moteurs de recherche et 24 % via des applications de messagerie », souligne Neil Thurman, commanditaire de l’étude IFOP et professeur à la City University of London et à la LMU de Munich. 

Vincent Joly, psychologue à Paris, ajoute : « Le principal souci est que l’on se trouve dans une situation où la loi n’est pas du tout respectée. Par exemple, si demain vous décidez d’ouvrir une librairie et que vous distribuez des revues pornographiques à des mineurs, vous allez directement en prison. Si vous faites la même chose sur Internet nous allons seulement débattre pour savoir si c’est bien ou pas bien. Pourtant c’est pareil. Le problème est le même, seulement sous une forme dématérialisée. C’est grave, mais puisque que c’est sur Internet il est compliqué d’appliquer la loi directement ».

Un modèle discutable pour la jeunesse

Trouvable gratuitement sur Internet, le porno dit « mainstream » représente un mauvais modèle pour les jeunes qui débutent leur sexualité. Eliott a conscience que ces films ne reflètent pas la réalité mais avoue reproduire certaines pratiques qu’il a vues et a envie d’essayer : « Pour moi sans le porno, la vie sexuelle reste plate. Il faut rajouter un peu de piment. Mais le plus important, c’est vraiment d’en parler avec son partenaire pour être sûr qu’elle est ok avec la pratique ».

Un mimétisme qui peut parfois s’avérer être frustrant et dangereux, rapporte Vincent Joly, psychologue : « Soit les jeunes risquent de se sentir inférieurs car ils n’arrivent pas à reproduire ces scènes très crues de la pornographie, soit ils essayent de faire exactement la même chose, ce qui peut être très problématique, car une bonne partie de ce qui est représenté sur ces sites porno sont des scènes de viol. Collectivement, dans la société c’est embêtant que des adolescents puissent acquérir leur éducation sexuelle au travers de ce genre de contenu. Cela peut poser de nombreux problèmes, notamment dans leur capacité à reconnaître l’autre comme une personne consentante dans le rapport sexuel ». Les stéréotypes sont multiples dans les pornos « mainstream ». Des femmes épilées intégralement, sans un poil qui dépasse, fine, un ventre plat, une poitrine généreuse. Du côté des hommes, un sexe extrêmement long et une endurance à toute épreuve. 

« Ces différentes sources d’angoisses peuvent engendrer des pannes érectiles. »

Mylène Rouland, sexologue

Les jeunes se font alors des modèles de ces acteurs. Ils associent leurs corps à une forme de normalité, un standard. Mylène Rouland, sexologue à Niort (Nouvelle-Aquitaine), explique que ce modèle influe sur la sexualité des jeunes hommes : « Ils peuvent développer des angoisses de performance, cette projection qui dicte à l’homme d’assurer au lit. C’est-à-dire de tenir longtemps, d’avoir un sexe imposant. Ces différentes sources d’angoisses peuvent engendrer des pannes érectiles et aller jusqu’à créer des troubles de l’érection ».

Chez les jeunes femmes, la professionnelle précise que les effets seront différents : « Ce sont plus des complexes qui vont naître. Ces normes créent un manque de confiance en soi. Cet état d’esprit peut engendrer des situations dans lesquelles elles essayent de coller à une sexualité qui ne leur correspond pas. Elles deviennent spectatrices de leur sexualité. Elles ne seront donc pas à l’écoute de leurs envies et de leurs fantasmes. Par la suite, en vieillissant, les femmes peuvent rencontrer des problèmes de plaisir »

Certains jeunes préfèrent s’éloigner du porno, qui leur parait irréel : « J’ai peut-être regardé du porno trois fois dans ma vie et plus par dépit et par hasard que par envie. Cette utilisation du sexe, violente avec des pratiques plus qu’irréalisable, c’est tout sauf excitant, remarque Clotilde, 23 ans. Le fait que la femme ne soit qu’un objet dans les scènes me dérange beaucoup. Et ce besoin que les acteurs aient des sexes gigantesques me parait absurde quand on connaît la réalité. Le porno c’est pour moi horrible. Parfois mes partenaires s’attendent à ce que je crie à tue-tête ou bien que je me contorsionne pour prendre certaines positions. Pourtant, je peux prendre du plaisir autrement ». Ces pratiques la dégoutent et l’inquiètent de l’image de la femme dans la sexualité. 

Le porno applique souvent une forme de pression sociale sur les jeunes qui souhaitent coller à une forme de normalité, pour entrer dans des cases. Mais Marie Mazaudou, formatrice sur les questions de l’éducation à la sexualité à l’ère du numérique pour le Planning Familial, rappelle que revenir à ce qui est important dans la sexualité de chacun est très important. Il faut être sûr des ses envies et de ses besoins afin de s’épanouir dans sa sexualité.

Lorsque la consommation dégénère en addiction

Comme tous les plaisirs de la vie, la pornographie possède un grand danger : le risque d’addiction. Selon une étude menée en 2018 par la Fondation pour l’innovation politique, 21 % des jeunes âgés de 14 à 24 ans regardent du contenu pornographique au moins une fois par semaine. Et 5 % d’entre eux le font plusieurs fois par jour, c’est le cas d’Eliott, 20 ans : « Quand j’étais plus jeune, j’ai dû monter à plus de dix fois par jour. Aujourd’hui, je peux dire que je suis addict à la masturbation et donc au porno ».

Si certains jeunes se diagnostiquent eux même addicts, il n’existe pourtant aucun fait concret permettant de discerner l’addiction. Elle n’apparaît pas brutalement au bout d’un certain temps de visionnage. Seuls des indices laissent deviner l’addiction comme la surconsommation et surtout la perte de contrôle face à ses pulsions. « Avant 2013, on pensait que les gens sombraient dans l’addiction comme ils tombaient d’une falaise, se souvient Stéphanie Ladel, addictologue et préventologue spécialiste du porno, à Rennes. Depuis, on sait que c’est un dégradé. La personne tombe petit à petit dans le piège puis n’arrive plus à s’en sortir. »

À différents égards, cette addiction ressemble d’ailleurs à beaucoup d’autres, comme l’alcool, le tabac ou la drogue, constate l’addictologue : « Il y a un phénomène d’accoutumance. Au début, une consommation faible va procurer beaucoup d’effets. Par la suite, pour obtenir les mêmes effets, les gens vont se mettre à consommer du contenu plus trash, même s’ils ne s’y reconnaissent pas. Ils s’éloignent totalement de la notion de plaisir et de gout sexuel ».

Mais avec la technologie, la pornographie a pris une longueur d’avance sur les autres addictions : elle est accessible partout, tout le temps. « Il y a une sorte de fascination pour les images qui entraîne une pulsion de répétition. L’addiction augmente toujours lorsqu’il y a un temps court entre le stimulus et le plaisir, développe le psychologue Vincent Joly. Plus l’effet est espacé dans le temps, moins vous avez de chances de devenir addict. Avec la pornographie l’effet de plaisir à l’aide des images et de la jouissance est très rapide. Une fois accro, le spectateur va rechercher à nouveau ce plaisir facile d’accès et rapide, de manière assez mécanique. »

Trop de porno tue le porno

Accéder à du contenu pornographique sur Internet est aujourd’hui un jeu d’enfants. C’est d’ailleurs bien ce qui inquiète les professionnels de santé comme Stéphanie Ladel : « Les ados ne sont pas plus addicts que les autres. Ils ont un sentiment d’impunité, ils pensent être invincibles. C’est logique d’expérimenter à cet âge mais si on ancre le porno à 14 – 15 ans, il peut y avoir de mauvais comportements pendant très longtemps. Plus c’est précoce, plus c’est préoccupant. Leurs sphères de contrôle et de récompense se retrouvent désenclenchées. D’autant que leur cerveau est en plein remaniement, c’est un chantier qui se reconfigure entre 15 et 25 ans. Le contenu X produit des shoots de plaisir immédiat et se rend indispensable au paysage, à la recette… »

Les conséquences sur les jeunes sont alors multiples. « Cela peut fragiliser leur confiance en eux en leur mettant en tête des représentations de surperformance trop crues et violentes, peu rattachées à leur vécu personnel. Cela risque de rendre leur rapport à la sexualité plus difficile et de créer des complexes », explique Vincent Joly. Face à des images porno fictives et excessives, les jeunes se construisent une idée du sexe complètement éloignée de la réalité. Un vrai problème une fois que leur vie sexuelle s’active quelques années plus tard. « Leur fonction érectile n’est parfois pas optimale : impossible de bander devant un corps imparfait », soupire Stéphanie Ladel. Chez les addicts, d’autres troubles mentaux sont fréquents comme l’anxiété ou la dépression.

Au-delà de problèmes sexuels et psychologiques, directement impliqués et touchés, l’addiction peut avoir d’autres impacts. « Les problèmes de couples sont fréquents : les conjoints poussent à consulter parce qu’ils se sentent trompés et meurtris dans leur fidélité. Côté financier, même si beaucoup de contenu est gratuit, certains vont dépenser dans des plateformes payantes, des live cams, des sex rooms, des escorts… Et sur un plan professionnel, des consommateurs vont se faire surprendre face à du contenu porno au travail ou alors à cause de virus implantés dans les ordinateurs du bureau », liste-t-elle.

Remonter la pente

Mais avant d’atteindre l’âge des problèmes conjugaux et professionnels, les jeunes peuvent chercher à se débarrasser de leur addiction. Mais s’échapper du piège est sans doute la partie la plus laborieuse. Cela implique déjà que le consommateur est au courant et assume son addiction. « Reconnaître d’avoir un problème est difficile à accepter, admet l’addictologue. Les gens se trouvent des excuses : “Si je veux j’arrête”, “Je sais ce que je fais”, “J’ai les hormones en feu”, etc. Pour se sentir mieux, certains vont faire des choses pour “contrebalancer” comme s’impliquer davantage dans leur religion ou faire des bonnes actions »

L’addict doit freiner et réguler sa consommation de contenu pornographique. Mais s’il n’est pas capable de garder le contrôle seul, il est conseillé de consulter un professionnel de santé. « C’est très compliqué de se confier à quelqu’un d’extérieur. Et quand un jeune le fait, généralement il débriefe avec une personne du même âge, donc pas un professionnel », poursuit Stéphanie Ladel. Mais lorsque la personne saute le pas, l’addictologue se charge de l’accueillir dans un espace d’écoute et de respect, comme pour n’importe quel souci de santé plus commun : « D’abord, ils sont mal à l’aise, tournent autour du pot. Ils ont des valises bien chargées et craignent de choquer. On leur explique qu’on en a vu d’autres, il faut se débarrasser de ce sentiment de honte.»

Médecin généraliste, psychologue, psychiatre, sexologue : tous font du cas par cas en fonction du patient et du vécu personnel. « Les humains ne sont pas des êtres raisonnables, ça peut arriver à tout le monde d’être piégé par une addiction, accentue Stéphanie Ladel. Quand on aime quelque chose, il faut en profiter mais pas que. Il faut rééquilibrer, diversifier les plaisirs et réintroduire d’autres manières de gérer le stress, de se divertir, etc. En consultation, on discute des autres sphères de la vie pour finalement ramener un quotidien plaisant et diverse. Et lorsque la page se tourne, certains vont réduire les risques tout en continuant à consommer raisonnablement, quand d’autres vont tout stopper complètement. L’essentiel est de ne pas sortir de cette addiction pour tomber dans une autre. »

En France, le porno n’est pas considéré comme un problème de santé publique. De nombreuses statistiques sont récoltées sur les sites pornographiques pour étudier le sujet. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement diffuse des campagnes de prévention pour mieux protéger les jeunes tout en appelant à la surveillance des parents. Mais à l’entrée des pages Internet concernées, le filtre est encore trop faible et laisse passer n’importe quel mineur qui déclare avoir plus de 18 ans, en cliquant sur un petit bouton.

Des alternatives plus saines

Les jeunes peuvent découvrir la sexualité à travers le porno. Ces films sont accessibles à tous : « Aujourd’hui, le porno est une solution de facilité pour accéder à de l’information autour de la sexualité. Ce qu’il faut faire, c’est créer des cellules pour que les jeunes puissent parler du corps, de plaisir, d’empathie… », insiste Marie Mazaudou, formatrice sur les questions de l’éducation à la sexualité à l’ère du numérique pour le Planning Familial.

Le sexe reste un sujet très tabou dans la société française. Notamment sur les réseaux sociaux où certaines personnalités s’imposent pour déconstruire ces idées reçues et ouvrir le dialogue autour du sexe et notamment de la pornographie. Le compte Instagram @jemenbatsleclitos aborde des sujets comme le plaisir féminin mais aussi la contraception et l’importance de se protéger lors de rapports sexuels. Internet devient alors un lieu de conseil et d’échanges en supplément du visionnage de films à caractère sexuel. 

Sur Instagram, le compte @jemenbatsleclito totalise plus de 600 000 abonnés.

« Aujourd’hui il existe d’autres supports que ces pornos mainstream comme des BD, des livres érotiques, des podcasts, explique Mylène Rouland, sexologue.Ces alternatives amènent à une sexualité moins stéréotypée. » La plateforme Femtasy propose par exemple des audios érotiques, avec des bruits et des histoires. De cette manière, le consommateur sollicite et développe son ouïe. La plateforme permet d’écarter tout ce rapport au corps qui peut devenir problématique. Clothilde préfère, elle, se servir de son esprit : « Personnellement, je puise dans mon imaginaire pour m’exciter seule. C’est beaucoup plus agréable pour moi que de regarder des personnes faire du sexe de manière complètement irréelle ».

De plus, les pornos réalisés par des femmes ont une approche plus saine et plus respectueuse des actrices. Ce rapport de domination s’efface pour laisser place à une certaine parité. Selon Mylène Rouland, sexologue, il peut être bon de consulter un professionnel de santé afin de discuter de sa sexualité si des questions se posent ou des mal-être apparaissent : « J’attache beaucoup d’importance aux croyances, certaines sont limitantes dans la sexualité. Je pense qu’il est primordial de travailler sur ces dernières. Comprendre d’où elles viennent, comment elles sont perçues et proposer d’autres façons de voir les choses. Revenir à ce qui compte dans la sexualité de chacun est essentiel : être sur des ses envies et de ses besoins ». Si le porno est avant tout un outil de plaisir, mieux vaut s’en servir avec sagesse et à bon escient pour renforcer sa sexualité, et non la détruire.

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