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Période de fête et grandes sorties : quel bilan pour l’économie du cinéma ?

Salle de cinéma « MK2 Quai de Loire » @Clara Saux

La période des fêtes est propice aux sorties et moments partagés en famille ou entre amis. Pour cela, rien de mieux qu’une séance de cinéma. Les producteurs l’ont bien compris et appliquent cette technique stratégique chaque décembre, profitant de cette période pour planifier la parution des films grands publics. Mais les audiences sont-elles toujours au rendez-vous, malgré un nombre d’entrée de plus en plus bas chaque année.

Le temps est aux retrouvailles et aux bons films, regardés au chaud à la maison ou bien au cinéma. Comédies familiales, films d’animation, de Noël ou d’action comme avec Avatar, sorti le 14 décembre au cinéma, les réalisateurs profitent de la période des fêtes pour sortir leurs plus gros projets. Un grand nombre de propositions cinématographiques, dans le but de rendre le grand écran plus attrayant. Isabelle, 40 ans, y a emmené sa fille, en vacances depuis seulement ce matin : « Le cinéma est un bon moyen de sortir de chez soi, surtout quand il fait froid et qu’on a pas envie d’aller dans les magasins, bondés en cette période. » 

Néanmoins, bondée, c’est loin d’être le cas de la salle de la dernière sortie cinématographique en date : Avatar. Pourtant sorti la semaine dernière, le film ne fait pas déplacer des foules, y compris dans ce cinéma du 19ème arrondissement de Paris. Quelques personnes âgées, des familles avec des enfants et un taux de remplissage atteignant à peine une cinquantaine de personnes. En effet, le jour de lancement a été assez timide en France car le film n’a enregistré que 250 000 entrées environ. Cela reste un nombre beaucoup plus important que pour la majorité des films, mais moins bon que pour le premier long-métrage. Pierre, hôte d’accueil dans un cinéma de Paris explique ce phénomène : « Pour le moment, le fréquentation reste habituelle, c’est à dire assez faible. Elle devrait augmenter d’ici quelques jours, lorsque les familles seront réunies pour Noël. »

Alors comment expliquer la baisse de fréquentation générale des salles de cinéma ? Le prix des tickets ayant augmenté de 4,7 % au cours des dix dernières années, ce type de sortie est devenu exceptionnel pour la majeure partie de la population. Mathilde, 30 ans, explique : « Lorsque l’on est étudiant, moins de 25 ans, demandeurs d’emploi ou personne âgée, donc bénéficiaire de réductions tarifaires, on peut peut-être s’autoriser ce genre de sortie… Mais avec l’inflation générale des produits de première nécessité, ça devient personnellement très compliqué. Il s’agit d’un plaisir devenu un luxe que je ne m’autorise plus. » 

Quelles sont les causes de cette baisse d’influence ?

En effet, les salles de cinéma ont été victimes d’une large baisse de fréquentation depuis le début de la pandémie de Covid 19. Leur fermeture durant cette période a contribué à les rendre moins essentielles, et désormais remplaçables par les plateformes vidéos bien plus accessibles tels que Netflix, Disney + ou bien Amazone Prime, pour ne citer que les plus importantes. 

L’expérience cinématographique étant devenue moins désirable par le grand public, l’offre a dû se renouveler et faire peau neuve. Des salles hautes-gammes et la mise à disposition de nouvelles technologies 3D et 4DX apportent désormais une plus-value au film. Néanmoins, si ils sont favorables à un expérience immersive chargée en émotions, ces changements sont également responsables d’une augmentation des tarifs.

C’est le cas du cinéma Pathé Parnasse, récemment réouvert à Paris, qui propose des places à un tarif de 18€50. Malgré la promesse de fauteuils premium d’un confort inédit, Christelle, 50 ans ne comprend pas ce prix :

« Même si ils sont plus larges ou inclinables, rien ne justifie ce tarif, surtout lorsque l’on sait qu’on pourrait simplement rester sur son canapé ou dans son lit ».

Si certains restent insensibles à la plus-value apportée par le visionnage d’un film sur grand écran, d’autres utilisent l’abonnement au « CinéPass »; permettant de rentabiliser les séances très rapidement. Effectivement, les cinéphiles qui restent attachés à l’idée de visionner les dernières sorties peuvent se rendre quotidiennement au cinéma. Pour cela, il leur suffit de payer environ 20€ par mois. « Ce système, est extrêmement rentable dès lors que l’on s’y rend plus de deux fois par mois. », explique Emma, qui profite de cet avantage. On peut donc en conclure que le système économique du cinéma souhaite faire profiter une partie plus fidèle de son public, sensible au sorties quotidiennes et capable de pouvoir libérer du temps pour venir voir des films. Vincent Ribon, chargé de communication pour Pathé Gaumont développe :

« L’intérêt n’est pas de proposer des tarifs élevés, mais de s’aligner aux coûts de production des films et à ceux de diffusion ; tout en réussissant à obtenir une marge suffisante pour que les salaires suivent l’inflation. » Finalement, ce secteur, comme beaucoup d’autres, est aussi touché par la hausse des prix actuelle, n’en déplaise aux fans de cinéma. 

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