Santé

La déprime saisonnière, le mal de l’hiver

Moins motivé, plus fatigué et facilement agacé. En cette fin d’année 2022, 5 à 10% des français expliquent souffrir de déprime saisonnière. Entre fêtes de fin d’année et actualités moroses, certains ont du mal à se réjouir. 

La déprime saisonnière est connue et reconnue. Quand j’ai ouvert mon compte sur Doctolib en novembre dernier, un des cadres de la plateforme m’a dit que c’était le meilleur moment. À cette période de l’année, les demandes explosent” explique Solène Demery, psychologue libérale. La déprime saisonnière se caractérise par une baisse de motivation durant la période hivernale. De novembre à mars, certaines personnes ressentent une augmentation de leur charge mentale, plus de fatigue, de la tristesse, ou encore une baisse de libido. 

« Avec ce temps froid et gris, les gens restent chez eux, ils ne se forcent pas à sortir et ensuite, c’est un cercle vicieux. Moins on a d’interaction sociale, moins on a envie d’en avoir.” précise la psychologue. 

Étudiant, Mathis explique être sujet à cette déprime saisonnière : “Chaque hiver je ressens une baisse de motivation et d’énergie. C’est comme ça depuis que je suis tout petit. Pendant plusieurs semaines je ne fais que procrastiner. Moins j’en fais, moins j’ai envie d’en faire.” De son côté, Maëva prépare ses examens de fin d’année à l’IRSS. Depuis deux ans, son préparateur physique la prévient : “Il nous dit chaque année de bien se préparer mentalement pour cette période. Quand tu te réveilles et qu’il fait nuit et froid, que tu rentres chez toi après les cours et qu’il fait de nouveau nuit, bien sûr que c’est fatigant et beaucoup moins motivant.

Qui a éteint la lumière ?

Ce passage à vide s’expliquerait tout d’abord par la météo. Si en été, l’ensoleillement des journées se mesure autour de 100 000 lux en moyenne, elles atteignent parfois difficilement les 2 000 lux en hiver. En 1984, le Dr Norman E. Rosenthal, psychiatre et chercheur au National Institute of Mental Health, a été le premier à démontrer le lien entre lumière et dépression. En effet, le manque de lumière naturelle agit sur les hormones du corps humain. « Concrètement, à cause du manque de lumière, notre corps sécrète plus de mélatonine et moins de sérotonine. Ainsi, nous sommes plus fatigués, plus sensibles, notre système immunitaire est moins fort, et nous pouvons aussi rencontrer des baisses de libido par exemple.” approfondit Solène Demery.

Une solution serait alors la luminothérapie. Cette pratique, remboursée dans certains pays scandinaves, consiste à placer les patients devant une large source de lumière artificielle afin de les aider sur le plan hormonal. Mais le manque de lumière ne semble pas être la seule source de mal-être.

La fin d’année pour nous aider ?

Les fêtes de fin d’année me motivent. Oui il fait froid, mais pendant deux semaines je sais que je vais revoir ma famille et mes amis. Nous allons échanger et fêter ensemble !” s’enthousiasme Maëva. Au milieu de l’hiver, le mois de décembre apparaît parfois comme une trêve de la déprime saisonnière. Malheureusement certains ne vivent pas la fin d’année avec autant de joie. Plongés dans leurs souvenirs, quelques patients de Mme Demery subissent la nostalgie de cette période. “Il y a aussi le fait de finir une année, d’en commencer une autre. Certains se demandent comment va se passer cette nouvelle année, là où d’autres se disent “encore une…”.” ajoute-t-elle. Mathis n’affectionne pas les fêtes de fin d’année. En décalage avec l’enthousiasme général, il explique se sentir encore plus isolé et déprimé. “Je me renferme et je réfléchis automatiquement beaucoup plus. Mes pensées sont plus négatives et me stressent. En cette fin d’année, je fais le bilan de 2022 sans avoir de perspective pour 2023, ce qui n’est pas rassurant.” confie-t-il.

Une accumulation de la charge mentale peut alors se faire sentir. Pendant la période de covid, les fêtes de fin d’année parfois gâchées par le manque d’un proche à table n’étaient pas suffisantes pour réchauffer le cœur des français. Si cette année on semble moins accorder d’importance au virus dans l’actualité, celle-ci n’en reste pas moins impactante sur le moral. “Les informations jouent aussi un rôle dans cette déprime. J’ai déjà aidé des patients perturbés à cause de ce qu’ils entendaient à la télévision. Cette année, après le covid, c’est la guerre, l’inflation, et les problèmes d’énergie. Ce n’est pas fait pour nous aider.” partage la psychologue.

Entre solutions et bonnes résolutions

J’essaie toujours de garder un rythme et je me force à sortir” confie Maëva. Si les fêtes ne vous réjouissent pas, il existe d’autres méthodes pour éviter la déprime saisonnière. La luminothérapie ou encore les cures de vitamines sont parfois recommandées par les médecins. Le premier conseil de Solène Demery est d’écrire une liste de choses à faire dans sa journée : “Il faut essayer de prévoir à l’avance, se trouver des activités à faire en hiver comme des sorties au musée, au cinéma. Nous avons besoin d’objectifs.”

Et si l’hiver est une période propice à l’isolement, cela peut être le bon moment pour prendre du temps pour soi et aller consulter. “La thérapie est ouverte à toutes et à tous » affirme la psychologue. Enfin rassurez vous, une fois les beaux jour de retour, la déprime saisonnière finira par se taire.

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