Avec une inflation qui dépasse les 6% au mois de novembre 2022, la France connaît son taux le plus élevé depuis presque 40 ans. Et si cette augmentation des prix touche tous les Français, elle impacte d’autant plus les retraités.

6,2%. C’est le taux qu’a atteint l’inflation française en cette fin d’année 2022. Un record, puisqu’il faut remonter en 1985, pour retrouver un pourcentage aussi élevé. Trois facteurs viennent expliquer cette hausse inédite. La pandémie de Covid-19, qui a fait passer l’inflation de 1,1% en 2019, à presque 7% à l’aube de 2023. La guerre en Ukraine, qui a fait augmenter l’ensemble des frais de livraison, sur le plan alimentaire comme énergétique, et donc fait s’envoler les prix. Et pour certains économistes, comme Jézabel Couppey-Soubeyran, « l’inflation actuelle est liée à l’absence de transition énergétique », relatait-elle dans les pages du Monde.
Mais dans cette brume économique, qui ne risque pas de se dissiper de si tôt, les ménages français improvisent. Si différents stratagèmes ont été mis en place par le gouvernement pour les aider, comme l’augmentation automatique du Smic (de 2,4 à 2,6%), cela ne s’applique pas pour tout le monde. Et parmi ces classes françaises, une d’entre elles est souvent laissée pour compte, les retraités. Les pensions et autres retraites ont augmenté, de 1,1% en 2021, alors que le taux d’inflation officiel en 2021 atteignait 1,6%. Une revalorisation trop basse donc, d’autant plus que ces dernières n’avaient augmenté que de 0,6% en 2020. Les retraites, pourtant indexées sur l’inflation selon le code de la Sécurité sociale, semblent subir une mesure prise par le gouvernement, à titre exceptionnel.
Pour répondre aux différentes plaintes liées à ce sujet, l’Assemblée nationale a, le 16 août 2022, voté une loi. Elle porte sur des “mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat prévoit la revalorisation de 4 % des pensions de retraite et d’invalidité de base, avec effet rétroactif au 1er juillet 2022”, rapporte le site du service public. « Cette revalorisation de 4 % visant à compenser la hausse des prix due à l’inflation en 2022 concerne toutes les retraites de base, la pension de réversion, l’allocation de solidarité aux personnes âgées, et l’allocation supplémentaire d’invalidité. Elle s’ajoute à la hausse de 1,1 % survenue en janvier 2022 », complète l’article de nos confrères.
Mais cette revalorisation des retraites, bien qu’assez élevée, ne permet pas de contrer les 6,2% de hausse de l’inflation.
Des retraités qui n’arrivent plus à suivre
Avec une situation qui ne tend pas à s’améliorer, avec une augmentation de l’inflation qui atteindra les 7% en début 2023 selon l’Insee, cette revalorisation ne suffit pas. A un tel point que certains retraités, comme Marie-Thérèse, 82 ans et possédant une retraite de 1250€ par mois, doivent faire attention à leurs achats, pour ne pas finir dans le rouge. « Quand je fais mes courses, je ne regarde que les promotions (…), je ne peux plus me permettre d’acheter des produits à leurs prix de base. Les petits plaisirs, c’est fini », lâche-t-elle, avant de compléter : « il y a deux, trois ans, j’aimais bien m’acheter des livres. Mais aujourd’hui, si je le fais, je ne pourrais plus manger à ma faim ». Son voisin de palier, Fabrice, 70 ans, va dans son sens. « Sans les bons de réductions donnés par les supermarchés, c’est vrai que mon caddie serait bien vide. » Il l’ajoute, « nous, les retraités, on a l’impression d’être un peu mis de côté (…), mais on commence à avoir l’habitude. » (soupir).
Une lassitude grandissante pour les retraités, et qui ne risque pas de diminuer. Dans son plan de finances, le gouvernement a bel et bien prévu une augmentation des retraites au 1er janvier 2023. Problème, cette dernière ne s’élèvera qu’à 0,8%. Si cela représente tout de même une troisième hausse en 1 an, le pourcentage global ne s’élèvera qu’à 5%, contre une inflation qui atteindra les 7% en début d’année prochaine.
Certaines solutions, pour contrer cette hausse, sont mises en place par ces retraités téméraires. Fabrice et Marie-Thérèse nous expliquaient qu’ils gardaient les coupons de réductions, et étaient très attentifs aux tickets de caisses, pour vérifier qu’aucun produit n’avait été scanné deux fois. Ils expliquent aussi qu’ils ont changé de supermarchés, et se rabattent maintenant dans des magasins où les dates de péremptions sont proches de leurs termes, car les prix y sont plus bas.
Alors si l’inflation n’est pas prête de baisser, et qu’une hausse est prévue, si ce n’est déjà confirmée, les retraités ne semblent pas être la priorité du gouvernement. Dans une situation qui n’ira qu’en se dégradant, ces derniers continueront à trouver des astuces pour s’adapter, au mieux, à cette hausse incessante des prix qui frappe la France depuis presque 3 ans.