Victime des boycotts des politiques et le succès des bleus, les bars ont été pris d’assaut en cette période de coupe du monde.
Après un mois de compétition acharné pour les 32 nations engagées, c’est la fin de cette Coupe du monde 2022 de la discorde au Qatar. Au-delà du plan sportif, c’est aussi un événement qui est une grande source de revenu pour différents secteurs, notamment celui des bars. D’autant plus qu’en raison du contexte, de nombreuses villes dont Paris ont annoncé qu’ils boycottaient l’événement. Le 3 octobre dernier Pierre Rabadan l’adjoint à la maire de Paris en charge du sport a expliqué les deux raisons qui ont poussé la ville à ne pas installer de fan zone avec des écrans géants pour suivre les matchs de l’équipe de France. « Les conditions environnementales et sociales de ce genre d’événement ne sont pas le modèle qu’on souhaite promouvoir. » De plus, « faire une zone de célébration pour les mois de novembre et décembre ne nous semblait pas approprié. ». Avait-il déclaré en octobre dernier. Une décision qui a suivie les villes de Marseille, Bordeaux, Lyon ou encore Strasbourg même si la mairie de Paris explique ne pas boycotter l’événement. Une précision logique puisque la mairie de Paris entretient des relations importantes avec le Qatar qui est le propriétaire du club du Paris Saint-Germain. La non-installation de fan zone, c’est aussi une belle économie de faite par la mairie de Paris aux profits des bars de la capitale, en 2018, l’installation d’une fan zone au Champ-de-Mars avait coûté presque un million d’euros à la ville.
Rencontre après rencontre l’équipe de France de football a permis aux différents bars de la capitale de remplir leurs établissements et réaliser de très belles soirées. « Dès les premiers matchs de l’équipe de France, on a eu plus de monde que d’habitude » se réjouit Hugues l’un des gérants du Clichy’s Tavern dans le 18ème arrondissement de Paris. En l’absence de fan zone, les bars ont été les alternatives pour les passionnés souhaitant regarder le match. Julien un étudiant en sport de 23 ans a regardé tous les matchs de l’équipe de France dans des bars avec ses amis : « Ça nous permet de vivre le match avec tous nos amis, c’est une ambiance bien différente qu’être dans un canapé seul chez-soi ». L’étudiant regrette tout de même comme de nombreux passionnés l’absence des fans zones « les bars, c’est super mais, c’est très différent. La fan zone, c’est une ambiance unique et dingue, c’est des milliers de personnes qui regarde le même match et qui réagissent en même temps, ça manque quand même ». Au fil de la compétition, l’engouement a progressivement augmenté autour des bleus et les boycotts éthiques et idéologiques ont diminué comme nous l’explique Michel l’un des habitués du bar. « J’ai des amis qui m’ont dit qu’ils allaient boycotter puis quand ils ont vu la France en demi-finale et tout notre groupe d’habitué venir au bar, ils ont vite changé d’avis ». Plus la compétition avance et plus les horaires de match sont propices à de fortes concentrations « pour la demi-finale face au Maroc et la finale face à l’Argentine, on a été complet très rapidement » explique Hugues.
« On a pu remplir une période creuse. »
Le Président UMIH des Cafés, Brasseries et Établissements de Nuit Laurent Lutse estime qu’avec la coupe du monde la hausse de chiffre d’affaires est de 30% pour un bar un soir de diffusion. Marcel Bénézet président de la branche des cafés, bars et brasseries précise au Figaro que dans certains cas la fréquentation et le chiffre d’affaires peuvent augmente de 50% pour une soirée. Au Clichy’s Tavern près de la place de Clichy pour la demi-finale et la finale, c’est une augmentation de plus de 70% du chiffre d’affaires pour une période d’hiver. « Cette coupe du monde nous a surtout permis de remplir une période initialement creuse ».Malgré ces excellents chiffres, les gérants de bar regrettent cette période hivernale avec ces temps glacial. « On a moins de monde qu’en 2018 parce qu’on ne peut pas chauffer nos terrasses là où on a aucune restriction de place donc les gens viennent moins qu’en été » nous explique John le serveur d’un bar dans le 19eme arrondissement. Enfin, dans les bars en période de coupe du monde, les étudiants sont majoritaires surtout dans une grande ville. En cette période d’inflation, le pouvoir d’achat est beaucoup plus faible, les étudiants peu importe le résultat vont consommer pour le même prix, « je me fixe 20 euros maximum pour chaque sortie peu importe le résultat » nous explique Violette une étudiante de 21 ans présente au Bridge club pour la finale entre la France et l’Argentine.
En plus des bars, ce sont aussi les bureaux de tabac qui ont connu une hausse de la fréquentation en cette période de coupe du monde avec un constat similaire. « Quand la France va loin, on sait qu’on a davantage de client et qu’ils parient plus lourdement » nous confie Ezzeddine buraliste depuis une quinzaine d’années près de l’opéra Garnier.
Ethan DAUDEL