Société

La seconde main au premier plan

En 2022, la vente de vêtements de seconde main a battu un nouveau record. Entre l’inflation, le réchauffement climatique, ou encore le non-respect des droits humains dans les usines, cette tendance devrait continuer d’évoluer en 2023. 

Je suis addict aux friperies !” À 23 ans, Clément n’imagine pas composer un look sans une pièce chinée dans une boutique de seconde main. “À la base j’achète des vêtements de seconde main parce que les habits neufs sont beaucoup trop chers. En friperies, on peut retrouver les mêmes articles à -50% voire -70%” explique-t-il. En ces temps d’inflation, diviser le prix de son panier par deux lors de son passage en caisse, c’est intéressant.. Selon une étude de l’IPSOS réalisée en octobre dernier, 9 acheteurs sur 10 ressentent la hausse des prix des vêtements. Une augmentation causée par la flambée des coûts de matières premières comme le coton ou le polyester mais aussi par le coût du transport. 

Acheter des vêtements de seconde main devient alors un moyen de faire des économies tout en continuant de rafraîchir sa garde-robe. Une pratique qui s’est démocratisée au fil du temps et qui prend plus d’ampleur ces dernières années. “Avant, acheter des vêtements de seconde main, c’était presque mal vu. On avait beaucoup moins de clients réguliers il y a dix ans” confie Yaël, vendeuse en friperie spécialisée dans le Lévis depuis 25 ans. Un sentiment partagé par Clément : “Je ne vais pas mentir, quand j’étais à la fac, ça me dégoûtait un peu. Je pensais que c’était des vêtements sales. Ce sont mes amis qui m’ont poussé à aller dans les friperies et je ne regrette absolument pas !

Depuis, la seconde main s’est démocratisée, et la mode est devenue le premier secteur à profiter de cet engouement général. Une enquête de l’Observatoire Natixis Payments publiée à l’automne relève une progression du marché de + 140 % entre 2019 et 2021. Dans sa petite boutique du 11ème arrondissement de Paris, Yaël est dépassée par la demande : “Il y a une évolution. Cette année, il y a énormément de demandes. C’est simple, on a plus de demandes que de jeans !” En moyenne dans son magasin, les jeans sont 30% moins chers. 
De son côté, Valérie, responsable de “Bis boutique solidaire” dans le 9ème arrondissement de Paris a constaté que de nouveaux visages franchissent la porte de sa boutique : “C’est intergénérationnel chez nous, il y a de tout âge. On émet effectivement l’hypothèse que la récession, le covid, a orienté les gens davantage vers plus de réflexion sur la manière de consommer.” En offrant une seconde vie à ces vêtements, les acheteurs font des économies mais ils se donnent aussi bonne conscience.

Des achats plus verts

La fast fashion est une industrie caractérisée par le renouvellement rapide des vêtements proposés à la vente. Problème, cette pratique de surconsommation génère de gigantesques poubelles qui se retrouvent cachées dans les pays plus pauvres. Au Ghana, 160 000 tonnes de déchets textiles arrivent chaque jour. La fast fashion est devenue l’industrie la plus polluante après l’extraction du pétrole.

Lorsqu’un consommateur achète ces vêtements, il participe alors à l’accélération du réchauffement climatique. De plus, dans certaines usines, les ouvriers sont sous-payés et travaillent dans des conditions très difficiles. Pour éviter d’alimenter ce système, les acheteurs peuvent s’orienter vers la seconde main. Dans les friperies ou en ligne, cette tendance est accessible à tous.

Noémie est une étudiante âgée de 21 ans. Si à l’origine ses motivations étaient purement économiques, elle a fini par acheter ses vêtements sur Vinted afin de réduire son empreinte carbone : “Avant, j’étais une grande consommatrice de fast fashion. Face au désastre écologique et au non-respect des droits humains, j’ai décidé de ne pas directement donner mon argent à ces géants de l’industrie. Si des vêtements me plaisent, alors je les trouverai en seconde main sur Vinted, je ne serai pas une consommatrice de plus.

La démocratisation des plateformes telle que Vinted a donné un nouveau souffle à la seconde main. Pratique et intuitif, 1 français sur 3 a déjà acheté ou vendu sur la plateforme selon RTL. Une pratique qui répond aux principes de l’économie circulaire : les vendeurs limitent le gaspillage en réduisant la production des déchets et les acheteurs limitent leur consommation en donnant une nouvelle vie aux habits. Ainsi la mode devient durable.

Un style unique

En allant dans les fripes, j’ai trouvé mon propre style.” S’il a pu faire des économies, Clément  a aussi nourri sa passion pour la mode. En achetant des vêtements de seconde main, les consommateurs sont aussi à la recherche de pièces uniques. Composer un look vintage devient alors accessible : “Je cherche toujours des pièces modes originales. On peut se permettre de s’habiller comme on veut, on crée nos propres looks pour quelques euros.” précise Clément.

En achetant sur Vinted, Noémie à la même démarche :“J’aime la mode vintage, c’est tendance, et je trouve beaucoup de pièces très intéressantes sur la plateforme.” explique-t-elle.

En France, le marché du vintage ne cesse de croître. D’après les estimations de ThredUp, l’une des plus grandes plateformes américaines de revente, les ventes de vêtements d’occasion devraient dépasser celles des grandes enseignes de la fast fashion d’ici 2027.

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