Le jeûne intermittent consiste à priver son corps de nourriture, pendant une période. ©Fiona Lassagne

Le jeûne intermittent est une pratique ancestrale. Le but est de priver son corps de calories pendant une période, pour remanger normalement par la suite. Mais, comment ça fonctionne ? 

Ce matin, on ne mange pas. Le jeûne intermittent, appelé aussi « fasting », n’est pas qu’un effet de mode. C’est une pratique qui ne date pas d’hier. Elle est courante dans notre société, mais on n’y prête pas toujours attention. Le principe est de prévoir sur une période des moments, où on ne mange pas, où l’on prive notre corps de calories, pour manger de nouveau. 

Cette pratique a toujours existé. Elle est mise en valeur par les religions depuis des siècles. Le ramadan pour les musulmans, le carême pour les chrétiens, et le taanit pour les juifs. Le jeûne est pratiqué depuis des années pour différents aspects. La religion, mais aussi la famine. L’Homme a toujours été confronté à des périodes où il ne peut pas manger. La chasse a été mauvaise, la guerre ou encore les mauvaises conditions climatiques… Mais désormais c’est l’inverse, nous sommes dans une société de consommation. Nous ne sommes plus habitués à ces privations. Il y a toujours trop de nourriture. Notre corps s’est donc habitué à stocker au cas où la famine revienne. Plus il stocke, plus il produit de l’insuline. On va vers une autre forme d’alimentation. 

Différents types de jeûne existent. Le plus long est le jeûne hydrique. Il consiste à se priver de nourriture pendant une très longue période. Tout en continuant de consommer de l’eau. Le record est d’un an, mais cela a été réalisé dans des conditions particulières. En ce qui concerne le jeûne sec, même l’eau est interdite. La période est donc beaucoup plus courte. Malgré ces autres pratiques, le jeûne intermittent est le plus pratiqué. Généralement, il consiste à ne pas s’alimenter pendant 16 heures. Et huit heures, d’alimentation normale. 16 heures, cela paraît relativement court pour l’Homme, lorsque la nuit est comprise dedans. « Qui dort, dîne ». 

« J’ai enfin retrouvé l’envie de manger, la vraie envie »

Beaucoup d’études ont été réalisées dessus. Alors, à quoi sert le jeûne intermittent ? Il a un aspect mental, curatif mais aussi physique. Se priver de nourriture pendant 16 heures par exemple, peut être frustrant au début. Mais le problème de manger au petit déjeuner, au déjeuner, au goûter parfois, et au dîner, c’est que cela devient une habitude. On mange de manière automatique et non parce qu’on a faim. La pause devient synonyme de grignotage. Le corps s’habitue à consommer en permanence. Au final, se priver pendant un certain temps, permet de retrouver cette faim.

Marine, étudiante en droit qui vit seule à Paris, avait tendance à grignoter régulièrement. La journée est parfois trop courte pour cuisiner, ou l’envie n’est juste pas présente. Mais elle a commencé le jeûne intermittent sous conseil d’un ami. « J’ai enfin retrouvé l’envie de manger, la vraie envie, celle du creux dans le ventre. Avant je grignotais tout le temps. Et maintenant, je ne me sens pas en accord avec moi-même quand je mange à tous les repas. ». Sentir que le corps ressent vraiment le besoin de manger, c’est aussi reprendre conscience de ce qu’on mange. 

« Je me sens beaucoup moins molle dans la vie de tous les jours », nous explique Marine. Cet aspect mental est relié à l’aspect médical, plus curatif. Le jeûne intermittent engage le processus d’autophagie. En fait, le corps créé de nouvelles cellules en permanence. Quand tu le prives de nourriture, il ne reçoit plus de nutriment. S’il n’en a plus, il n’a pas assez d’énergie pour créer de nouvelles cellules. Il va alors nettoyer les anciennes, car cela lui demande beaucoup moins d’énergie. Ça évite le vieillissement des cellules, qu’elles soient nerveuses, musculaires ou celles du cerveau. Cela les préserve, et permet à l’Homme d’être plus performant. En ce qui concerne les cellules du cerveau, lorsqu’elles sont nettoyées, les capacités de concentration sont optimales.

La face cachée du jeûne intermittent 

S’il y a du positif, c’est qu’il y a forcément du négatif. Le jeûne intermittent a des bienfaits sur certaines personnes, mais d’autres ne peuvent pas le supporter. Des effets indésirables sont remarqués par certains pratiquants. Solène, jeune serveuse dynamique, n’a pas accepté le manque de nourriture. « Je ne me suis jamais sentie aussi faible, je pensais que c’était normal au début. » Somnolence, irritabilité, mauvaise haleine ou encore fatigue intense, les effets sont nombreux. Elle avoue « je devenais désagréable, et je n’osais même plus prendre de pause déjeuner. Regarder les autres manger me frustrait plus qu’autre chose. Alors, je préférais être seule ». Le jeûne est déconseillé aux personnes présentant des soucis cardiaques, ou des risques de TCA (troubles des conduites alimentaires). Le métabolisme de base est réduit, et les conséquences sur le long terme ne sont pas encore connues. 

Beaucoup de personnes le pratiquent en connaissance de cause. Mais certains testent cette méthode pour perdre du poids. La société actuelle fait que le ventre plat, est le ventre parfait. La serveuse explique « mon but était clairement de perdre du poids pour l’été, mais je mangeais deux fois plus pendant le repas du coup. Tout y passait. ». Cette approche va effectivement favoriser la fonte de graisse viscérale, qui est mauvaise pour la santé. Mais seulement au niveau des organes digestifs, vu que le système digestif sera vidé. Manger en grosse quantité accentue le déséquilibre de l’alimentation déjà présent pendant un jeûne. Les risques sont présents, et pas encore contrôlés. 

Fiona Lassagne

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