Cela fait deux ans. Deux années pendant lesquelles les enquêteurs, et la famille de la victime, se sont posés la même question : où est passée Delphine Jubillar. Ce 14 décembre, la police a procédé à une reconstitution des faits en présence du principal suspect.

Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Delphine Jubillar, 33 ans et mère de famille, disparaît. Selon son mari, Cédric Jubillar, elle serait sortie du domicile familial entre 23h et 4h du matin, ne prenant qu’avec elle son téléphone portable. Le lendemain, sa disparition est signalée à la police, et commence alors une enquête judiciaire qui va faire trembler la France entière.
En juin 2021, Cédric Jubillar est mis en examen pour homicide volontaire. Pourtant présent lors des différentes battues organisées pour retrouver sa femme, il est, pour la police, le suspect numéro un. Il plaide alors son innocence, et explique que son couple battait de l’aile. Durant l’été 2020, Delphine Jubillar fait part à son mari de son envie de divorce. Ce dernier aurait, selon son avocate, accepté sa demande, et ils auraient entamé les premières démarches. Il explique ensuite que lui et sa femme se seraient disputés le soir de sa disparition, justifiant sa disparition. Mais un élément vient troubler les enquêteurs. Il ne semble pas spécialement enclin à aider les enquêteurs à retrouver le corps de sa femme. Il est, alors, surnommé dans la presse, “le confident de Montauban”. La presse s’empare de l’affaire, et débute alors une guerre médiatique, dans laquelle s’entremêle différents avis totalement opposés. Elle rappelle aussi l’affaire Jonathan Daval, où le mari avait assassiné sa femme, et procédé aux recherches de sa femme. La résonance médiatique est telle, que de nombreux groupes, regroupant près de 10 000 personnes, voient le jour. Ces derniers émettent des hypothèses et essayent d’élucider des zones d’ombres que les enquêteurs auraient omises. Dans ce marasme, l’affaire prend de l’ampleur, et devient l’une des plus suivies en France, rendant la tâche des enquêteurs plus complexe.
En novembre 2021, il est entendu pour la première fois par les juges. Mais ce jugement, un peu spécial, a divisé les mœurs, et n’avait rien apporté de concret. « Aucun élément nouveau n’est apparu. La défense ne peut que considérer que la justice est manifestement incapable de mettre en avant des éléments qui permettraient d’établir que mon client est coupable des faits qu’on lui reproche”, expliquait alors une des avocate de Cédric Jubillar à LaDépêche. Pendant près d’un an, l’homme de 35 ans est gardé en détention provisoire, et l’enquête n’avance pas. Mais ce mardi 13 novembre 2022, une nouvelle piste a été ouverte.
Une reconstitution pour faire avancer l’enquête
Dans la nuit du mardi 13 décembre au mercredi 14 décembre 2022, les enquêteurs ont, en présence de Cédric Jubillar, fait une reconstitution des faits. Selon des avocats de la partie civile, présents lors de l’opération, le suspect numéro un serait resté “stoïque et fidèle à lui-même, tout en continuant à clamer son innocence”, rapporte Le Point. Si une reconstitution des faits n’est pas toujours une opération fructueuse, les avocats des parties civiles et la police sont satisfaits “des éléments qui permettent d’avancer” sur l’enquête. Certains axes clés ont été étudiés par les enquêteurs, notamment un témoignage d’une voisine, qui avait déclaré avoir entendu des cris de femme aux alentours du domicile des Jubillar le soir de la disparition. « On a pu constater que les cris qui ont été entendus par la voisine pouvaient être entendus à 130 mètres de distance sans aucune difficulté donc le témoignage de la voisine (…) est d’autant plus crédible ce soir », a déclaré Me Mourad Battikh au micro du Point avocat des proches de Delphine Jubillar. La paire de lunettes de sa conjointe, oubliée et retrouvée en morceaux lors de sa disparition, a aussi été étudiée par les enquêteurs, “on a pu avancer sur la paire de lunettes (…) sur laquelle Cédric Jubillar n’a pas pu s’expliquer”, rapporte de nouveau Me Mourad Battikh au Point.
Mais pour les avocats de Cédric Jubillar, cette reconstitution n’apporte rien de concret, “Il n’y a absolument aucun scénario qui a été établi et c’était tout l’objet de cette reconstitution », a affirmé Emmannuelle Franck, autre avocate de M. Jubillar, et retranscrit par Le Point. L’accusé n’a, de son côté, toujours pas fait d’aveux, laissant planer le doute autour de sa culpabilité.
Cette affaire n’est donc pas prête d’arriver à son terme, et les interrogations restent totales, presque deux ans après les faits.