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Convention citoyenne sur la fin de vie : entre questions et différence d’opinions

Le vendredi 9 décembre s’est ouvert la Convention citoyenne sur la fin de la vie. Au total, 185 participants ont commencé à échanger sur la question le temps d’un week-end. Un premier dialogue qui souligne la différence d’opinions des Français et soulève d’autres questions.

« Personnellement, je suis contre. Je pense que la vie mérite d’être vécue, même si on rencontre des difficultés. Il ne faut pas que le suicide assisté soit une question de confort. » Yves Drillard est un participant de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Le 9 décembre, les 185 participants tirés au sort par l’institut Harris Interactive se sont rencontrés pour la première fois. Au début de la phase d’appropriation, leur objectif est d’entamer le débat autour d’une question : « le cadre d’accompagnement de fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? » Pour se faire, les citoyens âgés de 20 à 80 ans ont jusqu’à mi-mars pour échanger, délibérer et soumettre leurs propositions aux autorités françaises. Ces dernières seront ensuite traitées afin de faire évoluer la loi sur le sujet. 

Des avis divergents

Lors de ce premier week-end, les participants ont présenté leurs opinions. Dans la salle, comme dans la vie, les avis divergent. D’une part, les personnes comme Yves, qui campent sur leur position : la vie avant tout. D’autre part, les personnes ouvertes à la possibilité d’inscrire le suicide assisté dans la loi dès 2023. Membre de la Convention, Audrey Vidal, 20 ans, s’appuie sur le principe de liberté individuelle : « si c’est la volonté du patient et de son entourage et également que les médecins sont d’accord pour administrer cette dose, je n’y vois pas d’inconvénient pour le moment. » Nombreux sont les Français qui mettent en avant le principe de liberté concernant les choix sur la fin de vie. En 2017, une étude de l’IFOP révélait que 93% d’entre eux considéraient que la loi française devait autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent. Aujourd’hui, 83% des 18-30 ans sont favorables au suicide assisté selon une enquête du journal 20 minutes.

Mais ces oppositions dans les discours ne sont pas les seules barrières auxquelles les cadres de la Convention ont dû faire face. Pour rappel, les débats sont assistés par le comité de gouvernance de la Convention citoyenne. Ce dernier est chargé « de veiller aux principes de transparence et de neutralité ». Motivés, les participants ont enchaîné les questions : « nous avons des déserts médicaux, des fermetures de services. Comment une loi sur l’aide active à mourir pourra être mise en place avec les moyens actuels ? », « un enfant mineur peut-il décider de sa fin de vie ? À quel âge ? », « Quel est le coût d’un suicide assisté ? », « Est qu’il y a la possibilité d’avoir un référendum ? », relevait un journaliste du Figaro. Si le comité à su répondre à quelques-unes de ces questions, les échanges du 18 décembre devraient continuer d’éclairer les participants.

Une Convention utile ?

Emmanuel Macron l’avait exprimé dans sa campagne de réélection, il était ouvert à l’évolution de la loi sur la fin de vie. À l’époque, il prenait soin de ne pas froisser ses électeurs : « La mort n’est pas un acte technique », avait-il affirmé alors que la Convention citoyenne sur la fin de vie figurait sur sa campagne présidentielle. Une retenue justifiée selon le professeur Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique : « il a raison d’être prudent. La difficulté est de concilier les demandes légitimes de finir sa vie et ses conséquences pour les plus vulnérables. Les soins palliatifs ne répondent pas à l’ensemble des situations. »

Si la Belgique, les Pays-Bas, le Canada et certains États américains ont déjà sauté le pas et autorisé la pratique dans un cadre strictement défini, en France, la question reste clivante. Sur le papier, donner la parole directement aux citoyens pour faire évoluer les lois sonne démocratiquement correct, est-ce réellement efficace ? 

Lors de la première convention citoyenne sur le climat de 2019 à 2020, le Gouvernement n’avait retenu que seulement 15 propositions sur les 149 présentées par la Convention. Un bilan assez mauvais qui n’avait pas plus aux participants.

Pour cette nouvelle édition, les citoyens ont peur d’être confrontés aux multiples refus du gouvernement. Selon un sondage mené par le journal 20minutes sur Instagram, 6 jeunes sur 10 pensent que cette nouvelle Convention citoyenne n’aboutira pas à un résultat pertinent.

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