Décryptage

Sobriété énergétique : les Français « blasés » de cet hiver

L’objectif en octobre dernier était de réduire de 10% la consommation d’énergie du pays pour cet hiver. Et il a été atteint ! La France a réussi a surmonté le premier pic de l’hiver. Mais à quel prix ? Les Français ont-ils fait de réels efforts ?

La journée du lundi 12 décembre avait valeur de test. Selon les dernières données du réseau de transport d’électricité (RTE), la consommation énergétique est en pleine baisse dans le pays. Avec un recul de près de 10%, par rapport aux moyennes des années précédentes. Le gestionnaire exécutif du réseau RTE, Jean-Paul Roubin, a assuré que « tous les moyens mis à disposition ont été suffisants et nous n’avons pas eu à recourir aux mesures d’urgence » explique-t-il à l’AFP. Il s’agit cependant de la consommation qui aurait lieu cette même semaine par rapport à la période 2014-2019, donc hors crise sanitaire, et qui relèverait des températures normales pour cette période.

Pas d’alerte pour ces prochains jours, alors que les Français continuent à grelotter et cherchent de quoi éclairer leurs vies.

Des villes dans le noir et des excuses

Si le RTE semble optimiste en ce qui concerne la consommation énergétique des Français. Il est bon de rappeler que le 8 décembre dernier, la capitale des lumières était tout de même plongée dans le noir. Plus de 125 000 parisiens ont été temporairement privées d’électricité, en raison d’une avarie sur un transformateur Enedis, avait alors indiqué RTE sur Twitter. C’est plus de 170 rues de Paris dans plusieurs arrondissements de la capitale qui ont été touchés. Cela à priori n’a duré que 15min, mais plusieurs rues des 5e et 14e arrondissements étaient encore concernées le lendemain à 3 heures du matin. Le maire de Paris-centre, Ariel Weil  n’a pas manqué de le rappeler, sur France Info. RTE Ile-de-France-Normandie et le groupe Enedis Paris ont présentés leurs excuses via les réseaux sociaux et ont affirmés que le problème avait été réglé le soir même. Ariel Weil, lui, s’est ironisé de l’incident sur son compte Twitter, en mentionnant les éventuels délestages que le RTE pensait réaliser cet hiver. 

Effectivement, en cas d’alerte rouge cet hiver, prévoyez vos bougies, car l’électricité pourrait manquer. Le gestionnaire du réseau RTE avait évoqué en fin novembre, l’option de couper l’électricité pendant les pics de consommation, entre 8 heures et 13 heures et entre 18 heures et 20 heures. Paris n’aurait plus été la seule plongée dans le noir.

Les français « blasés » de la sobriété énergétique

Ces coupures d’électricité imprévues agacent les Français, eux dont on les impose d’être plus sobres énergétiquement. Comment peuvent-ils continuer à suivre les mesures de sobriété énergétique émises par le gouvernement, se demande alors Lina, étudiante parisienne de 22 ans en psychologie. Il était 20 heures, dans son 15 m2 situé près du square de Montsouris dans le 14ème (arrondissement de Paris), Lina en pleine révision pour son examen universitaire, est victime de cette coupure d’électricité. « Un jeudi soir quand même ! Pratiquement tout le monde travaille le lendemain, prépare ses cours ou est toujours réveillé » s’est alors indigné l’étudiante. Installée sur son bureau, elle explique comment cette nuit du 8 décembre a été particulièrement difficile pour elle. « J’avais un examen le lendemain et je n’ai pas pu finir de réviser puisque mon pc était en pleine charge et par la suite impossible de le rallumer. J’ai veillé toute la nuit et espérais que mon téléphone n’allait pas faire de même parce que vers 23 heures, il me restait à peine 22%.». Aux premiers abords, Lina pensait que la coupure avait un incident seulement sur son logement puis : « j’ai ouvert la fenêtre, j’ai vu toutes les lumières de ma rue éteintes, c’était très impressionnant, presque beau, si l’on n’était pas en plein hiver sous 1°C. » raconte-t-elle. Elle fait partie de ces parisiens qui à 3 heures du matin, la situation n’avait toujours pas évolué. Aujourd’hui, Lina se dit « blasée » de la sobriété énergétique : « Je suis pour faire des efforts de consommation (en énergie) mais déjà qu’il fait très froid, et qu’on ne peut plus être sur d’être approvisionné en électricité ». C’est décidé, Lina ne « fera plus passer [son] confort au dépit de la sobriété » pour cet hiver.

Entre réglementation et contrainte

Des fêtes de fin d’année sous le signe de la sobriété et un hiver où l’on doit privilégier l’énergie au confort. La sobriété énergétique n’est plus « choisie » mais « subie ». Administrations, entreprises et ménages, tout le monde y passe. Le gouvernement Borne a présenté le 6 octobre dernier, le grand plan de sobriété énergétique, pour tempérer un hiver qui s’annonce rude. C’est dans une vingtaine de mesures que la France souhaite inciter à faire des économies. Au menu, abaissement de la température à 19°C des bureaux et administrations publiques. Une limite qui s’étend également aux gymnases, stades, piscines municipales, foyers, et même bâtiments publics, qui eux, a contrario, sont encouragés uniquement, à ne pas la dépasser. Limiter l’éclairage public fait également partie des recettes du plan. Mais nombreux, font des choix parfaitement assumés, face aux conseils du gouvernement. Toulouse, par exemple, a décidé de ne pas renoncer à sa patinoire installée sur la place du Capitole depuis 2015, pour son marché de Noël. Des communes comme Oisemont (Somme) refuse de faire des économies sur les illuminations à Noël et décide même d’en racheter.

Si cela fait plusieurs mois que la résidente de Matignon a mis tous les ministres au travail sur le projet de sobriété énergétique. L’opinion publique n’accueille pas si bien ce dernier. Quand limite, restriction et incitation reste encore des termes assez flous. Et que les Français ne savent pas s’ils réussiront à concilier magie des fêtes de fin d’année et sobriété.

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