Politique Session parlementaire

À l’approche des congrès, des partis dans la tourmente

Une semaine politique décisive. La fin de semaine approche, tout comme les congrès de certains partis. Le Parti Socialiste, Les Républicains et Europe Écologie Les Verts, doivent trouver des accords en interne, après le coup politique de Marine Le Pen, lundi 24 octobre.

239 voix, sur les 289 requises pour faire passer la motion de censure de La France Insoumise. Le Rassemblement National vote la NUPES, faisant acclamer les députés LFI. Lundi, dans l’hémicycle, la NUPES a vécu un moment fort. Le Parti Socialiste, le Parti Communiste Français et Europe Écologie Les Verts sont restés bouche bée après que les députés de La France Insoumise se soient réjouis d’avoir autant de voix, après leur proposition de motion de censure. Heureusement pour ces partis, la motion de censure n’est pas passée puisqu’il n’y a pas eu de majorité, mais ils restent malgré tout surpris du coup politique réalisé par Marine Le Pen. Les partis politiques de gauche et Les Républicains vont devoir prendre des décisions importantes et se mobiliser fortement de nouveau. Dans les prochaines semaines, les congrès vont avoir lieu et cela tombe à pic pour eux, après le ressenti vécu par les députés, lundi dernier. 

Les différents congrès

Les prochains mois vont être déterminants pour le Parti Socialiste, Les Verts et Les Républicains. Les congrès de chacun de ces partis vont s’enchaîner et il va falloir prendre les bonnes décisions. Pour le Parti Socialiste, Olivier Faure est candidat à sa réélection. Va se créer un affrontement NUPES et anti-NUPES. Lui qui avait accepté en mai dernier de rejoindre la coalition de la gauche pour les élections Législatives, les souhaits de certains partisans ont déjà changé.

Entre ceux qui souhaitent rester au sein de la NUPES, ceux qui veulent juste se détacher de LFI et ceux qui souhaitent quitter la NuUPES, la participation au vote sera cruciale. Europe-Écologie les Verts emmenés pour l’instant par Yannick Jadot subit le même traitement et souhaite désormais toucher toutes les classes, mais surtout les classes populaires qui sont trop éloignées des combats écologistes.

Le dernier congrès important d’un parti qui est dans la tourmente depuis lundi, celui des Républicains. Eux qui n’ont ni proposé de motion de censure, ni voté celle de la NUPES devra désormais choisir entre se rapprocher d’Emmanuel Macron par le biais de Nicolas Sarkozy ou alors rester dans l’opposition en choisissant un ou une cheffe de parti qui n’est pas favorable à Nicolas Sarkozy.

Le populisme écologique

Le parti avec le programme le plus clair reste Europe Écologie Les Verts. Leur objectif conquérir les classes populaires, mais pour cela, il faut “se remettre en question et être à la hauteur des enjeux” déclare Marine Tondelier, conseillère municipale EELV d’Hénin-Beaumont. Face à elle, Sandrine Rousseau, députée de Paris qui a l’ambition de proposer “un projet écolo fort, ambitieux, qui tienne la route”. Un projet porté par l’élue lilloise Mélissa Camara. Du côté de Grenoble, il pourrait être possible de retrouver trois élues pour reconnecter « l’écologie avec les banlieues et la ruralité”.

Également parmi les candidats David Belliard, soutien de Yannick Jadot à la Présidentielle et Alain Coulombel, qui incarne l’aile gauche. L’ancien candidat à la présidence de la République, qui ne sera pas en campagne pour diriger son parti s’est exprimé ce matin sur France Inter, il souhaite qu’EELV s’éloigne de la France Insoumise qui “vise à rassembler toutes les oppositions pour faire tomber le Gouvernement” et ajoute “ce ne sont pas les positions écologistes” et que “la prochaine fois, nous ferons une motion de censure qui sera impossible à voter par le Rassemblement National”.

Quel visage pour la gauche ?

Le congrès du PS se transforme petit à petit en champ de mines. Les polémiques au sein de la NUPES s’enchaînent notamment à la suite du coup du RN. Les points de vue divergent, mais une question demeure : faut-il resserrer les liens avec la NUPES et plus particulièrement LFI ou à l’inverse s’en séparer ?

Olivier Faure, Premier secrétaire du PS s’exprime pour La Dépêche sur ce congrès dans lequel il sera candidat à sa réélection : “Je défends d’abord le fait que la gauche soit au rendez-vous de 2027, que la bataille des egos ne reprenne pas le dessus sur la nécessité d’offrir un visage commun pour battre la droite et l’extrême droite.” Laissant donc suggérer que Jean Luc Mélenchon et LFI pourraient offrir ce visage à la gauche.

David Assouline, n’est pas forcément d’accord avec ce dernier. Sénateur du parti depuis 18 ans, il souhaite faire ressortir certains points lors de cet événement : “Un changement de ligne stratégique : un ancrage à gauche, une union de la gauche avec tout de même une plus nette distinction de LFI. Une refondation d’une force politique de gauche sociale et écologique en s’ouvrant aux associatifs, syndicalistes et intellectuels. Pour finir, une liste aux Européennes.”

Le rapport à LFI représente donc un débat de taille dans les rangs du Parti Socialiste. David Assouline s’exprime aussi sur ces enjeux et sur le futur de la gauche : “Il faut absolument faire en sorte que l’épicentre de la gauche ne soit pas dominée par l’extrême populiste qui ne permettra jamais de franchir la barre des 50 %, qui ne peut pas rassembler suffisamment largement. Si on veut gagner, il faut construire cette alternative et reconstruire une force centrale. Pour moi, c’est ça que doit faire le Parti Socialiste : refonder une gauche sociale, écologiste, internationaliste, humaniste, républicaine et européenne qui permettra ce rassemblement plus large.”

Emmanuel Macron : “Oui, je souhaite qu’il y ait une alliance. [avec LR]”

Dans un entretien sur France 2, le chef de l’Etat, s’est indigné de la motion de censure qui a fait tant débat au PS, qualifiant même cette association au vote du RN à la NUPES “d’alliance des extrêmes” comme pour légitimer sa volonté d’alliance avec LR. D’ailleurs chez LR, le congrès déterminera aussi la ligne directrice du parti pour les prochaines années, à la suite de la démission de Christian Jacob.

Une ligne directrice qui est encore débattue. Le 22 octobre, Nicolas Sarkozy renouvelle son soutien à Emmanuel Macron. L’Ancien Président voit chez l’actuel chef de l’Etat un président « calme, modéré et refusant toutes formes d’excès”. Nicolas Sarkozy le soutient alors sur la réforme des retraites, sur sa politique du bouclier tarifaire et prend sa défense sur la fermeture de Fessenheim. Il regrette tout de même que celui-ci “ne franchisse pas le Rubicon de façon plus franche”. Le souhait de Nicolas Sarkozy est alors clair, il voudrait que le président soit plus franc dans sa ligne droite.

Le Président a su répondre à ses différentes mains tendues. Dans son interview pour France 2, le Président s’est aussi montré en faveur du “travailler plus”. Refisse l’indexation des salaires sur l’inflation. Sur les retraites, il présente son calendrier : “à partir de l’été 2023, on devra décaler l’âge légal [de départ à la retraite] de quatre mois par an”. Il en appelle même à l’alliance : “Je pense qu’avec [les parlementaires LR], le gouvernement et la majorité ont intérêt à travailler pour faire passer [les différentes réformes]. Et oui, je souhaite qu’il y ait une alliance.”

Avec l’approche du congrès du parti, cette idée de l’alliance ne passe pas, à l’image de Valérie Boyer, ancienne députée et désormais sénatrice LR, qui se réclame toujours de l’opposition : “Je ne pense pas que LR aurait à gagner en faisant une alliance avec renaissance, nous sommes dans l’opposition et c’est ce pourquoi les Français nous ont élu.”. Nicolas Sarkozy est désormais une cible pour les candidats à la présidence des Républicains. Objectif : surfer sur la colère des militants, qui lui reprochent de ne pas avoir soutenu Valérie Pécresse pendant la dernière élection présidentielle, et de prôner l’alliance aujourd’hui.

“Si Nicolas Sarkozy souhaite quitter LR, qu’il le fasse. Je ne le retiendrais pas”, lance alors le président des sénateurs LR et candidat à la présidence du parti, Bruno Retailleau. Dans la foulée, le filloniste n’hésite pas à étriller le bilan sarkozyste en critiquant notamment la suppression de la double peine. “La droite avait promis la rupture, elle a fait la demi-mesure” accuse-t-il dans une tribune publiée par L’Express et co-signée par l’euro-député François-Xavier Bellamy et l’ex-député Julien Aubert. Aurélien Pradié, député LR et candidat à la présidence, avait lui aussi exprimé sa volonté de “tourner la page du sarkozysme”. Même le sarkozyste historique Eric Ciotti a pris ses distances avec son mentor.

Le positionnement de LR devient aujourd’hui compliqué à tenir. Ce parti qui s’est éloigné du Gaullisme et de son côté social pour se rapprocher du libéralisme se retrouve face au parti majoritaire qui les bouscule sur le plan idéologique. Il serait délicat, voire impossible pour eux d’abandonner le libéralisme pour revenir sur une droite plus sociale. Mais, face à Rennaissance qui représente l’ultra libéralisme, les deux partis se confondent parfois. D’où l’idée de l’alliance de Nicolas Sarkozy. Peut-être une dernière chance pour Les Républicains de prendre le virage salvateur.

Malo Thiberge, Valentyne Machoire, Ethan Cohen

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