
Du 3 au 9 octobre 2022, Bayeux accueille le Prix du Grand Reporter de guerre. Créé en 1994 pour fêter le 50ème anniversaire du débarquement en Normandie, ce festival met à l’honneur les correspondants de guerre. Un symbole pour la ville au passé douloureux.
Bayeux, 1944. « Au matin du 7 juin, les chenillettes britanniques et quelques détachements de fantassins font leurs premières incursions dans les rues de la ville. Les rares Allemands encore présents ont rapidement brandi un drapeau blanc ou prudemment choisi de vider les lieux. Seul un petit groupe s’est retranché à l’intérieur de La Poste. Le siège sera de courte durée. » C’est ainsi que l’historien Jean Quellien, chercheur à l’université de Caen, raconte la libération de Bayeux, première ville délivrée de l’occupation allemande.
La cité normande reste profondément marquée par la Seconde Guerre mondiale. Expositions, monuments et musées commémorent les épisodes douloureux du conflit. Pour rappeler la libération bayeusaine, la Ville a lancé en 1994 le Prix du Grand reporter de guerre. Jean-Léonce Dupont est à l’origine du projet : « l’initiative remonte au 50e anniversaire du Débarquement », explique-t-il. « J’étais à l’époque maire adjoint de la ville de Bayeux, et je voulais mettre à l’honneur tous les vétérans qui avaient participé au conflit. »
Célébrer la liberté
Actuellement président du Département du Calvados, Jean-Léonce Dupont se rend chaque année au Prix du Grand Reporter de guerre. L’événement est important pour l’ancien sénateur. L’occasion de rendre hommage aux correspondants de guerre qui témoignent de leur combat pour la liberté. Si, cette année, le festival est particulièrement centré sur l’Ukraine, l’objectif est de mettre en lumière les conflits moins médiatisés : « le Prix Bayeux a traversé tous les conflits contemporains », rappelle Jean-Léonce Dupont. « La Yougoslavie, l’Afghanistan, la Syrie », poursuit-il, « chaque année, un conflit est prépondérant, mais on essaie de parler de l’ensemble des conflits ; il faut se rappeler qu’il y a de façon permanente dans le monde 30 à 40 conflits ».
Le rappel est salué par Johnson Sabin, photojournaliste à Haïti : il déplore la situation de son pays, ruiné par des guerres de gangs. D’après lui, là-bas, la déstabilisation est totale, et la misère est omniprésente. Johnson profite d’une exposition, organisée au Musée d’Art et d’Histoire de Bayeux dans le cadre du Prix du grand reporter de guerre, pour alerter les populations sur ce conflit oublié.
Vingt-neuf ans après sa création, le Prix du grand reporter de guerre de Bayeux a toujours à cœur de rendre hommage à ceux qui témoignent d’un combat pour la liberté. Comme chaque année, des centaines de milliers de jeunes participent au festival avec leur école ; pour eux, l’événement est un moyen de découvrir le chaos politique, tout en commémorant le Débarquement de Normandie de 1944.
En 2024, le Prix de Bayeux fêtera le 80ème anniversaire de la libération de la Normandie. Bien que les programmes ne soient pas encore définis, le président du Département s’en félicite. Le retour aux sources sera le bienvenu.