les journalistes présentent leur livre à l'occasion du prix Bayeux
Salon du livre à l'occasion du prix Bayeux 2022 © Farah BENLAZAR

Chaque année, le prix Bayeux-Calvados-Normandie met à l’honneur le travail de nombreux journalistes à l’occasion du Salon du livre. Ce samedi 8 octobre, quelques 25 journalistes-écrivains ont répondu à l’appel afin de présenter leur ouvrage au public.

Enquête au long cours, histoire vraie romancée, polar basé sur des archives historiques… Pour les journalistes, se lancer dans l’écriture d’un livre est un moyen de s’affranchir des contraintes journalistiques tout en laissant une trace dans la
bibliothèque de ses lecteurs. Grâce à ce format long, ils sont nombreux à avoir pu affiner leur plume avec liberté et créativité.

« Je me venge du journalisme, c’est la frustration complète »

Dans son ouvrage « Les Ouighours : histoire d’un peuple sacrifié », Laurence Defranoux, reporter chez Libération, présente une enquête édifiante sur l’oppression subie par ce peuple. Moins éphémère qu’un article, elle espère inscrire son livre dans une temporalité bien plus longue. « Un livre, il va rester sur les étagères et dans les bibliothèques. Il n’y a pas du tout droit à l’erreur. Un article, lui, peut-être plus facilement remplacé par un autre », explique la journaliste. Avec ce dernier, elle espère proposer une véritable « référence » afin d’offrir à ses lecteurs une « base sur laquelle
s’appuyer ». Une manière pour la journaliste d’endiguer la propagande du régime de Xi Jinping. « C’est pour qu’on arrête de dire que ce n’est pas vrai, qu’il y a un doute… Non il n’y a pas de doute, tout est connu. Il y a des centaines de milliers de documents chinois qui prouvent ce qui se passe. »

Jean-Baptiste Naudet, grand reporter à l’Obs, a lui aussi ressenti le besoin d’explorer une autre forme de récit. Dans « Seul pour tuer Hitler », il abandonne l’écriture journalistique au profit d’un format bien plus romancée. « C’est ce que j’appelle un roman vrai, un récit littéraire historique qui se lit un peu comme un roman policier avec du suspens, etc. » Après avoir fini son ouvrage, il a lui-même sorti une série d’articles, mais en reconnaît les limites. « C’est beaucoup moins complet. L’essentiel, c’est dans les détails. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Flaubert. L’intérêt, c’est que quand le lecteur lit quelque chose, il y ait un détail qui l’accroche et qui lui parle. » Ces derniers temps, ils sont nombreux à décliner leur travail journalistique sous forme de livre. Avec ce nouvel exercice, les journalistes peuvent laisser davantage libre cours à leur créativité et style, tout en poussant au maximum l’enquête et la narration.

+ posts

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici