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Bayeux 2022 Prix

Le palmarès de la 29e édition du Prix Bayeux Calvados-Normandie !

Clap de fin pour le Prix Bayeux Calvados-Normandie. Après une semaine d’expositions, de projections et de soirées spéciales, on connaît enfin le palmarès de cette 29e édition. 10 récompenses ont été décernées lors de cette soirée de remise des prix. Un rendez-vous marqué par le conflit en Ukraine.

L’évolution du Prix Bayeux

Créé en 1994, le Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre a évolué depuis sa création il y a 28 ans. Avant d’être la version qu’on connaît lors de cette 29e édition, le rendez-vous n’a cessé de se muer au fil des années. D’abord, il est créé lors des 50 ans du Débarquement en Normandie. 8 médias (seulement) sont invités lors de cette journée événement. Un média par pays allié est invité, plus un média allemand.

L’année qui suit, tous les médias peuvent participer. En l’espace de deux ans, deux prix sont créés. Le festival s’élargit un petit peu. Cette fois-ci, ce sont les lycéens qui sont conviés à participer. Le Prix des lycéens est créé avec la participation de 150 élèves provenant des 3 lycées de la ville. Un chiffre qui semble ridicule par rapport à l’actuel. Désormais, ce sont 6000 jeunes, venant de toute la France, qui participent au Prix Bayeux. Le public a lui aussi le droit de décerner un prix avec le Prix du Public.

L’éminent reporter de guerre, Patrick Chauvel est l’une des grandes figures de ce festival. Ces 50 ans de carrière sur le front dans les 4 coins du monde font de lui une légende du métier. C’est avec lui, et son reportage Rapporteur de Guerre, que le festival normand ouvre sa première « soirée reporter ». Un festival de reportages, mais un festival qui s’ouvre aux fictions en 2000 avec le film Harrison’s flowers d’Elie Chouraqui.

Un événement attendu

Depuis 2002, la soirée des remises de prix se déroule au Pavillon. Une structure mise en place spécialement pour le rendez-vous et ses soirées spéciales. Actuellement, elle peut accueillir 1200 personnes. Au fil des ans, l’événement devient de plus en plus grand. En 2003, le Prix Bayeux se déroule sur une semaine complète. Et cela jusqu’à maintenant (cette année du 3 au 9 octobre). Au début des années 2000, le salon du livre est créé, des salles d’expositions ouvrent et surtout le mémorial des reporters est inauguré. Vrai moment fort du festival depuis sa création, chaque année des étrangers viennent se recueillir à l’endroit où sont honorés les reporters morts cette année.

Les 66 journalistes morts dans l’exercice de leur fonction en 2020 inscrits sur la stèle au mémorial des reporters / ©Anthony Delarbre

Dans son histoire plus récente, le rendez-vous préféré des journalistes de guerre s’est tout de même tenu en 2020. Malgré la crise pandémique qui frappait le monde entier, le Prix s’est tout de même déroulé. Le festival, qui dispose d’un site internet depuis 1998, a mis en place une plateforme où les lycéens peuvent décerner leur prix à distance.

Le président et le jury

Après le franco-iranien Manoocher Deghati en 2021, c’est au tour de l’allemand Thomas Dworzak d’être le président du jury cette année. Photographe de renommée internationale, le reporter né à Bad-Kötzting est un spécialiste du Caucase. Membre de l’agence de presse photographique Magnum Photos depuis 2000, le photographe de 50 ans y est même président de 2017 à 2020. Lauréat du World Press Photo (pour un reportage en Tchétchénie) en 2001, il collabore avec les plus grands : The New Yorker, Paris Match, The New York Times Magazine, Newsweek entre autres.

Le président du jury de la 29e édition du Prix Bayeux, Thomas Dworzak, accompagné de Nicolas Poincaré sur scène / ©Farah Benlazar

Pour départager les nommés aux nombreux prix attribués, le président est entouré de 40 jurys. Dans les participants cette année, de nombreux grands reporter comme Michel Beuret, Didier Dahan ou Dominique Derda. Mais aussi des journalistes provenant de RFI, Ouest-France, Le Figaro, ARTE… Bien-sûr, qui dit compétition internationale dit jury international. Dans les rangs du jury, on peut alors compter Javier Espinosa d’El Mundo (Espagne) ou Andrei Soldatov et Irina Borogan de Agentura (Russie).

Cette année, la soirée de remise de prix est présentée par Nicolas Poincaré. Le grand reporter passé par de nombreux médias radios (France Inter, France Info, RMC) et télé (TF1, France 2 et France 5) mettra en avant les vainqueurs des 10 catégories ce soir.

Le palmarès complet de la 29e édition du Prix Bayeux Calvados-Normandie

Prix Jeune reporter – La rage pacifique ne meurt pas de Abdulmonam Eassa (Le Monde, The New York Times, Getty Images)

Après le début de la cérémonie à 18h35, et des discours sur la situation actuelle en Ukraine et en Iran, le premier prix est décerné. Devant 1 200 personnes venus à l’événement, c’est le franco-syrien de 27 ans qui s’est installé à Rouen, Abdulmonam Eassa, qui est primé. Acclamé par les lycéens venus en nombre ce soir, ce sont les photos du reportage La rage pacifique ne meurt pas qui ont le plus marqué le jury cette année.

Le jeune photographe Abdulmonam Eassa sur scène pour récupérer son prix / ©Farah Benlazar

Prix Radio – Guerre en Ukraine : une mère et sa fille racontent deux semaines de viols et de terreur à Boutcha de Maurine Mercier (France Info – RTS)

Au bord des larmes, Maurine Mercier rejoint Nicolas Poincaré sur scène. Les larmes, certains dans le public les ont aussi lorsque le maître de cérémonie invite les gens à écouter un extrait du reportage de la journaliste. Passée par la Syrie, cette dernière est partie en Ukraine lorsque la guerre a débuté. Elle passe des jours et des jours à Boutcha, mais c’est sa rencontre avec une femme qui lui offrira ce prix. Elle dédie le prix à la mère de famille qui a accepté de parler qu’une seule fois à son micro des viols qu’elle a subi.

Maurine Mercier émue avec son prix à la main / ©Farah Benlazar

Prix Presse écrite – Axe Dablo-Kaya : la route de l’enfer des femmes déplacées internes de Mariam Ouedraogo (Éditions Sidwaya)

Elle a gagné, mais elle n’est pas sur place. Cependant, la journaliste Burkinabée est en Skype. Elle semble étonnée d’avoir eu ce prix. Avec difficulté, elle raconte l’histoire de ces femmes chassées par des terroristes au Burkina-Faso. Cette chasse engendrant traumatismes, grossesses non voulues et suicides. Elle pleure en racontant l’histoire. Mis en page avec des illustrations dessinées, un extrait de l’article est lu par une femme sur scène. Une nouvelle fois, l’émotion est au rendez-vous.

Un passage de l’article de Mariam Ouedraogo est lu sur scène / ©Farah Benlazar

Prix Presse écrite (Ouest-France-Jean Marin) – Ukraine : le convoi de la dernière chance de Nicolas Delesalle (Paris Match)

Un nouveau passage est lu au public. Celui de Nicolas Delesalle. Le journaliste dit avoir envoyé 5 reportages au Prix Bayeux Calvados-Normandie cette année. Celui-ci, sur l’Ukraine a été primé. Lorsqu’il vient récupérer son prix, Nicolas Delesalle souligne qu’un article comme ça s’écrit souvent en duo. Il parle notamment de sa collaboration avec Patrick Chauvel. Le journaliste français souhaite aussi parler de deux journalistes qu’il a croisé lors de reportages en Ukraine. Ces deux journalistes sont morts. Il s’agit de l’ukrainien Maks Levin et du français Frédéric Leclerc-Imhoff.

Prix Télévision (Amnesty International) – Viktor et le baiser de la mort de Théo Maneval et Pierre Dehoorne (France 5)

Nouveau prix pour un reportage sur la situation actuelle en Ukraine. Ce sont deux Français pour l’émission C dans l’air qui récupèrent ce prix. Un court reportage sur le dur retour à la maison de certains Ukrainiens. Dans ce reportage, diffusé lors de la cérémonie, les deux journalistes suivent Viktor. Un Ukrainien dont la maison a été saccagée par les Russes lors de leur passage. Les journalistes racontent qu’ils ont fait la rencontre par hasard de ce fameux Viktor. Alors qu’il se déplaçait sur un tournage, ils tombent sur un homme à côté de sa maison. Ils passeront finalement 6 heures en sa compagnie. Ils finissent leur intervention en soulignant qu’ils pensent à lui et à leur fixeur Sasha.

Prix Télévision (Prix région Normandie des lycéens et apprentis) – Les petites filles afghanes vendues pour survivre de Dorothée Ollieric, Nicolas Auer et Mortaza Behboudi (France 2)

Encore un prix pour France Télévisions. Cette fois-ci pour France 2. Les deux journalistes et leur fixeur sont partis à la rencontre de deux familles obligées de vendre leur fille pour subsister. De déchirantes images acclamées par les lycéens normands. Dorothée Ollieric raconte qu’une association a pu être créée et que les autres filles de la famille vont bien et sont auprès de leurs parents. Nicolas Poincaré souligne que le reportage n’était toujours pas diffusé sur France 2. Le Prix Bayeux les a alors appelés pour leur annoncer que le reportage a gagné le prix. France 2 s’est alors empressés de le diffuser au journal de 20h. « C’est le meilleur fixeur » : Dorothée Ollieric en profite pour remercier Mortaza Behboudi. L’homme prend la parole et rend hommage aux fixeurs : « Sans fixeurs, il n’y a pas de reportages ».

Prix Télévision Grand Format – Le Spider-man du Soudan de Philip Cox (The Guardian)

Le journaliste américain prend comme muse dans ce reportage un homme se déguisant en Spider-Man. Le costume prend tout son sens sur ce véritable héros des manifestations. Tombé par hasard sur le personnage lors d’une manif, Philip Cox réalise un vrai tour de force en proposant un reportage plus qu’original. Le journaliste en est très fier. D’autant plus qu’ils l’ont financé à 3.

Le journaliste Philip Cox venu chercher son prix sur scène / ©Farah Benlazar

Prix Image Vidéo – Marioupol, la mort d’une ville ukrainienne de Mstyslav Chernov (AP)

Les deux stars de la soirée montent sur scène. Le gagnant Mstyslav Chernov est accompagné de Evgeniy Maloletka. Les deux étaient les seuls à être à la maternité de Marioupol et avoir pu rapporter des images de la situation là-bas. D’ailleurs, Nicolas Poincaré n’hésite pas à tacler Ségolène Royal sur ses propos sur le sujet : « Vous pensez bien que s’il y avait eu la moindre victime, le moindre bébé avec du sang, à l’heure des téléphones portables, on les aurait eues ». Dans ce reportage vidéo, on y voit la vie de la maternité rythmée par les naissances et les bruits de bombes. Finalement, Mstyslav Chernov dédie ce prix à Frédéric Leclerc-Imhoff, journaliste français de BFMTV mort le 30 mai dernier.

Prix Photo – The siege of Mariupol de Evgeniy Maloletka (AP)

C’est une double consécration pour Evgeniy Maloletka et Mstyslav Chernov, ces deux héros du journalisme qui ont rapporté les seuls clichés de la maternité de Marioupol. L’un a gagné en proposant un reportage vidéo, l’autre en proposant un reportage photo exceptionnel. Le gagnant prend l’occasion qui lui est offerte pour parler de sa ville natale, toujours occupée par l’envahisseur russe. Il clôt son discours par « Nous devons travailler pour finir cette guerre ». Lorsqu’ils quittent la scène, le public se lève. Standing ovation de plusieurs minutes !

Prix du public (photo) – War in Ukraine de Vadim Ghirda (AP)

C’est le dernier prix de la soirée, et il revient à un reportage en Ukraine. L’agence Associated Press est de nouveau primée. Cette fois-ci pour War in Ukraine de Vadim Ghirda. Le journaliste n’est pas sur place, mais a laissé une petite vidéo de remerciement. Il est chez lui à Bucarest. C’est Jérôme Rubegue de AP, qui vient récupérer le prix pour lui. Rubegue remercie alors les personnes qui ont accepté d’être prises en photo.

L’ensemble des primés de la soirée / ©Farah Benlazar
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