Au prix Bayeux, les livres ont autant leur place que les expositions ou projections pris d’assaut par les visiteurs. Enquêtes et reportages de zone en conflit du monde entier ont été exposés aux quelques 40.000 visiteurs.
De l’enquête au témoignage en passant par la biographie et la BD, le journalisme s’exprime par tout les genres. Prendre la plume pour écrire un ouvrage, c’est raconter autrement et mettre la lumière sur toutes les conséquences de la guerre.
Jérémie Dres, Le jour où j’ai rencontré Ben Laden, de Vénissieux à Tora Bora
Reporter BD : voilà une drôle de casquette que porte fièrement Jérémie Dres. Raconter la guerre parait bien simple lorsque l’on feuillette les pages du Jour où j’ai rencontré Ben Laden, tant les dessins sont justes et accessibles. Jérémie Dres s’invite dans l’histoire Nizar Sassi et Mourad Benchelalli, repentis du fanatisme religieux, qui, au lendemain du 11 septembre, ont décidé de marcher dans les pas de Ben Laden. Un exercice où le journalisme rencontre la fiction et que Jérémie Dres exerce avec habilité. Il a fallu un an d’enquête et de planches raturées au journaliste pour construire et assembler la BD. Au fil des bulles, les apartés de Jérémie Dres nous plongent dans le processus de radicalisation de ces deux frères Alors qu’ils tentent de fuir Al Qaïda et les bombardements américains, les deux frères sont vendus à l’armée pakistanaise, puis envoyés à Guantanamo, avant d’être incarcérés en France.

Antoine Mariotti, La honte de l’Occident, les coulisses du fiasco syrien
Enquête choc au coeur de la Syrie de Bachar el-Assad. Celle qui se fait le théâtre d’une guerre qui s’éternise et qui se transforme en conflit civil, confessionnel et de procuration. Les années de correspondance au Moyen-Orient se ressentent lorsqu’on lit Antoine Mariotti. À force de persuasion et d’obstination, le journaliste de France 24 est parvenu à réunir les témoignages des belligérants impliqués dans le conflit. Et le constat dressé autour de l’implication des autres États dans le conflit est sans appel : c’est La honte de l’Occident. Quels moyens ont été mis en place par l’Occident ? Comment Bachar El-Assad parvient-il à maintenir son pouvoir ? Pourquoi la Russie n’est-elle-pas finalement le grand marionnettiste d’El-Assad ? Des questions auxquelles la plume d’Antoine Mariotti répond avec une précision dont on ne doute plus Espions, chefs d’État, ministres, diplomates ou militaires : ce livre rassemble tous les acteurs au rôle majeur dans le conflit.

Liseron Boudoul et Charles d’Anjou, Marioupol, sur les routes de l’enfer
Informer des millions de Français chaque soir : c’est le défi que relèvent Liseron Boudoul et Charles d’Anjou sur TF1. Figure iconique de la chaine, Liseron Boudoul et son incorrigible face caméra ont changé la face du reportage de guerre en l’ouvrant au public de masse. Comme des milliers de journalistes, Liseron Boudoul et Charles d’Anjou sont partis en Ukraine. Les deux reporters sont allés capter les bruits de bottes quelques jours avant que les premiers tanks ne pénètrent dans le Donbass cette nuit du 24 février. Des anecdotes de terrain et des rencontres qui marquent : Liseron Boudoul et Charles d’Anjour offrent le témoignage de journalistes aguerris qui se retrouvent face au mur d’une guerre à la violence inédite. Des tranchées du Donbass à la ville assiégée de Marioupol, on se retrouve, nous aussi, entraînés dans cette Ukraine défigurée.
Johnson Sabien, Peyi Lok
Serait-ce l’oeil aguerri du photographe ou sa sensibilité pour son propre pays qui font de ce livre une réussite.Les photos de Johnson Sabin semblent nous dire de porter le regard sur ce pays parfois trop oublié. Peyi Lok met en lumière ces épisodes de crise humanitaire et sociale qui frappent régulièrement Haïti. Il se concentre sur cette période en 2019, où le pays est paralysé et où le gouvernement abandonne ses institutions. C’est dans ce contexte que les haïtiens, projectiles à la main et barricades dressées dans les rues, se sont levés contre leur gouvernement.
Benoit Heimermann, Albert Londres, la plume et la plaie
90 ans et toujours pas une ride. Albert Londres est parti depuis neuf décennies, mais ses papiers trouvent toujours le même écho. Idéalisé, romancé et béatifié par la profession, le reporter qu’on ne présente plus est aujourd’hui une source d’inspiration pour la nouvelle comme l’ancienne génération de journalistes. Dans La plume et la plaie, Benoit Heimermann raconte par ses dessins, l’histoire de celui qui a définit le reportage en zone de conflits. Cette biographie n’est autre qu’une lumière dans la nuit lorsque le journalisme d’aujourd’hui s’abandonne pour le sensationnalisme. Albert Londres, c’est la force des mots. Ceux qui parviennent à faire bouger les lignes politiques et qui figent un conflit dans le temps pour que personne ne dise qu’il ne savait pas.