Ils allient sens de l’image et passion pour le terrain et sont nos yeux dans les territoires les plus critiques du monde. Focus sur les photographes de guerre, une catégorie de journalistes à part entière.
La vocation et le goût du risque. Voilà ce à quoi on associe automatiquement les photographes de guerre, étant au cœur de territoires en plein conflit. Toujours proches des habitants ou des combattants, ils accompagnent les lecteurs dans la compréhension de la réalité de personnes vivant à des milliers de kilomètres de chez eux.
Ils risquent également leur vie. C’était le cas de Maks Levin, photographe Ukrainien tué par balles en avril dernier. S’il est difficile de compter le nombre exact de ceux qui meurent chaque année en cherchant à nous informer, on compte 44 journalistes morts en 2022.
Préparation minutieuse avant tout
Pour Edouard Elias, tout repose sur la préparation. Ce photo-reporter a couvert des conflits dans le Darfour (Soudan), le Donbass (Ukraine) ou encore la Syrie. Il souligne la nécessité d’une réelle préparation physique pour éviter les incidents. « Même en ne sachant pas que l’on ira dans certaines zones de conflits, on se doit de se préparer. Sachant que l’on emmène des fixeurs ou des guides, ne pas pouvoir les sauver est presque criminel. »
« Il ne faut pas attendre les formations proposées par les rédactions. La curiosité est nécessaire et il faut faire des recherches par soi-même sur les armes, afin de savoir comment se préparer pour le terrain », ajoute Édouard Elias.

« Prendre le temps de rencontrer les gens »
Le photographe de guerre ne cherche pas l’attraction ou l’image la plus choquante mais il cherche l’histoire. L’histoire se construisant avec une rencontre, il est important pour de nombreux photographes de guerre de se connecter avec les locaux et la réalité de ces derniers.
Édouard Elias parle des fixeurs comme des « vrais journalistes », mais les caractérise aussi comme des personnes avec qui il partagera ses fous rires ou encore ses craintes. « Ce qui m’intéresse c’est laisser une trace dans l’histoire de visages et d’instants. C’est comme ça que je suis tombé dans la photographie. »
L’instinct, un outil sauvant des vies ?
Le terrain ne représente que 5 à 10% du métier. Malgré la préparation, le travail de fond ou encore la confiance insufflée dans le fixeur, le facteur instinct reste le plus important.
« Je continue de m’écouter, et surtout si je ne sens pas une mission ou même une seule journée, je n’y vais pas. Je suis la fameuse phrase de Patrick Chauvel : le manque de bol est une erreur professionnelle », conclut Édouard Elias.
Marcus Bellonne
Pour écouter l’échange dans le moindre détail, vous pouvez écouter le podcast juste ici :