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Guerre en Ukraine : multiplication des conséquences économiques pour la Russie

Alors que les offensives du kremlin continuent à se multiplier sur le territoire ukrainien. Les sanctions économiques infligées à la Russie commencent à prendre formes et deviennent de plus en plus contraignantes pour Moscou.

Utilisé par 99% des banques dans le monde, le système de messagerie sécurisé développée dans les années 1970 Swift (society for worldwide interbank financial telecommunication) permet à des banques d’échanger de manière sécurisé des informations entre elles. Swift est une société qui a des relations commerciales directes avec ses utilisateurs, la décision de débrancher Swift ne revient qu’à l’entreprise. Cependant comme ce fut le cas avec l’Iran, lorsque les Etats Unis avaient adopté des sanctions secondaires qui ont interdit la fourniture de services de télécommunication bancaire à des banques iranienne, Swift avait deux choix. Soit se conformer à la consigne américaine qui lui était indirectement faite, soit prendre le risque d’être sanctionné par les Etats Unis. Swift a donc décidé malgré elle, de débrancher directement les banques iraniennes. Ici pour Moscou c’est exactement pareil, après des pressions plus ou moins directes des gouvernements, Swift a suspendu ses comptes pour la Russie. La déconnexion des banques russes de Swift, rend la vie des banques très compliquée dans leurs échanges, que ce soit pour les banques européennes et américaines mais aussi pour les banques internes. Concrètement, quand un client d’une des banques va demander à ce qu’un virement soit fait au profit d’une personne du même pays, la demande va être traitée par un message. Avec ce gel, les banques russes ont de grandes difficultés à échanger même sur des transactions internes au pays.

Conséquences directes pour l’économie mondiale ?

Les conséquences de la coupure de Swift en Russie sont multiples. D’abord c’est un problème dans le quotidien des banques européennes, américaines et britanniques qui ne peuvent plus entretenir de liens commerciaux avec les banques russes. Il y a aussi une incapacité des banques du kremlin à avoir accès à leurs systèmes de messagerie. La Russie s’était pourtant préparée dès décembre 2014 à cette éventualité, quelques mois après la mise en place des premières sanctions américaines et européennes contre Moscou après l’annexion de la Crimée. Vladimir Poutine avait à l’époque rapatrié les capitaux russes à l’étrangers au pays et restructuré la dette de son état. Le dirigeant russe avait alors développé un canal alternatif le SPFS, un système de messagerie alternative à Swift opérationnelle dès 2017. Aujourd’hui 400 banques russes y souscrivent ainsi que des banques internationales dont des banques chinoises qui devraient d’ailleurs se multiplier dans les prochaines semaines. Désormais, les établissements financiers russes sont vulnérables et susceptibles de faire défaut. C’est un risque pour les européens de voir la relation Moscou-Pékin s’intensifier. La Chine ayant une politique économique opportuniste pourrait faire de la Russie l’un de ses sous traitants directs. Les américains sont donc dans un dilemme compliqué, ils veulent d’un côté afficher une grande fermeté vis-à-vis du kremlin mais si les sanctions sont trop fortes ils risquent de rapprocher encore plus la Russie de la Chine. Pour les européens autre problème, il y a encore davantage de connexions avec les banques russes qu’avec les banques américaines.

Les sanctions à venir

Après une réunion virtuelle mardi, les ministres des finances du G7 semblaient satisfaits des premiers résultats de leurs sanctions contre la Russie. La morale devient une doctrine du marché, en plus de Swift, d’autres entreprises se mettent à suivre les états, par exemple Apple a suspendu ses ventes en Russie. Les sanctions mises en application préservent encore le secteur russe de l’énergie. En effet, les géants Sberbank et Gazprombank ont pour l’heure étaient épargnés. Pour cause, ces banques sont au cœur du commerce des hydrocarbures avec les pays européens. L’Allemagne par exemple ne peut renoncer aux importations de gaz russe à court terme qui représente 55% des importations de gaz du pays. Mais l’autonomie européenne en matière d’énergie continue d’augmenter grâce au nucléaire laissant présager une possible futur autosuffisance européenne. Des entreprises énergétiques occidentales ont déjà décidé de se retirer de la Russie. De plus, la Suisse a délaissé sa neutralité historique pour appliquer les sanctions occidentales vis-à-vis du kremlin. Le pays alpin étant la première place internationale pour la négociation d’hydrocarbure russe. Les russes risquent d’avoir davantage de difficultés pour effectuer des transactions pour son gaz et de se retrouver sous vulnérabilité technologique par rapport à d’autre puissance. Donc quelque en soit l’issue, cette crise fera perdre au kremlin son principal atout économique et avantage compétitif : sa puissance dans la production et la distribution d’hydrocarbure pétrole et gaz.

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