War Room Ukraine

Le soft power russe sous pression

Pour mettre fin au conflit russo-ukrainien, les puissances occidentales se sont accordées sur un objectif précis : isoler la Russie. Après avoir multiplié les sanctions économiques, elles s’attaquent désormais à son soft power. Des mesures qui continuent d’exclure la Russie de la scène internationale.

Jusqu’à très récemment, les grandes instances refusaient de mêler le sport et la politique et défendaient un caractère apolitique du sport, mais tout le monde savait que c’était une impasse” explique Lukas Aubin, géopolitologue spécialiste du sport dans un article du Monde. Après avoir sanctionné économiquement la Russie et aidé matériellement l’Ukraine, les grandes puissances ont décidé de s’en prendre au soft power de Moscou. Les sportifs russes sont désormais exclus des compétitions internationales telle que la coupe du monde de football au Qatar. D’autres fédérations de natation, de boxe ou encore de rugby ont fait de même. Un boycott qui a notamment été réclamé par le CIO, comité international olympique. Alors que jusqu’ici, le CIO a toujours interdit le rapprochement du sport et de la politique, il semblerait que la guerre en Ukraine soit plus importante. De telles sanctions ne freineront pas Vladimir Poutine mais elles sont pensées pour l’affaiblir. Ce dernier, passionné d’arts martiaux, s’est d’ailleurs fait retirer sa ceinture noire honoraire du World Taekwondo au début des combats.

Un isolement culturel et scientifique

Le sport n’est pas le seul domaine du soft power russe auquel les occidentaux se sont attaqués. La Russie a subi d’importants boycotts culturels en France et en Europe. « Les relations et les échanges vont devenir de plus en plus difficiles », confie une source diplomatique au Monde. Le concours de l’Eurovision, organisé par l’Union européenne, a été la première institution à annoncer l’exclusion symbolique de la Russie. Depuis, de nombreuses tournées d’artistes russes ont été annulées comme à Marseille où le Théâtre Toursky devait accueillir le 26e festival russe en mars 2022. De leur côté, les géants Disney et Sony ont annoncé ne plus vouloir diffuser leurs nouveaux films en Russie pour le moment :« Compte tenu de l’invasion non provoquée de l’Ukraine et de la crise humanitaire tragique, nous suspendons la sortie de films en salles en Russie », a déclaré Disney lundi dans un communiqué.

Sur le plan scientifique, connaissant l’impact symbolique qu’une mise à l’écart de la Russie sur le plan scientifique pourrait avoir, l’Union Européenne a également décidé de réduire son accès à des technologies cruciales. Cela concerne principalement des composants électroniques et des logiciels, permettant de pénaliser gravement son économie. Il sera également interdit d’exporter des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique, spatiale, ainsi que des technologies de raffinage pour l’industrie pétrolière. Ces sanctions prévoient d’affaiblir profondément le système scientifique civil et militaire de la Russie, et d’affecter son soft power afin de réduire son influence sur le monde.

L’information, une arme retirée à la Russie

Il s’agit d’interdire dans toute l’Union européenne la machine médiatique du Kremlin » expliquait hier Thierry Le Breton, commissaire européen du marché de l’intérieur au micro de RTL. Face à la désinformation sur la guerre en Ukraine, mardi 2 février, Youtube, 24h heure après Meta, a décidé de suspendre les comptes des deux médias russes “Russia Today” et “Sputnik” en Europe. Une décision prise à la suite des mesures annoncées dimanche par Ursula Von der Leyen, présidente de la commission européenne. Selon elle, il est question de lutter contre la propagation de fausses informations de la part de la Russie. Les acteurs européens souhaitent désormais bannir ces médias de tous les supports de communication. Cependant, interdire leur diffusion à la télévision ne pourra pas se faire du jour au lendemain. En France, les quelque cent journalistes qui travaillent pour “Russia Today” se verraient sans activité pour une période indéfinie. Encore une fois, s’ils veulent affaiblir le soft power russe, les pays européens doivent d’abord réfléchir aux conséquences que cela aurait au sein de leur pays.

Clara Saux et Bastard Kim

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