War Room Ukraine

Face la désinformation, la communauté internationale contre-attaque.

La Russie mène une guerre massive en Ukraine, la communauté internationale tente de déjouer la stratégie d’endoctrinement et de désinformation du gouvernement de Vladimir Poutine.

L’Union européenne a pris la décision, dans la soirée du Dimanche 27 février de bannir les médias russes Sputnik et RT (Russia Today), du monde audiovisuel européen. Dans une allocution, Ursula Von der Leyen présidente de la Commission a déclaré :« nous allons interdire dans l’Union européenne la machine médiatique du Kremlin », sans évoquer les modalités de ses actions. Après plusieurs appels au ministère de la culture et de la communication, ainsi qu’à l’Arcom, aucune information n’a pu être récoltée sur ses bannissements. En résumé, personne n’est informée.

Néanmoins, cette décision n’est pas une surprise, vendredi 25 février le président de la République Emmanuelle Macron, avait déjà évoqué l’obligation de faire barrage face « aux relais de propagande russe sur le sol européen ». Lui qui en 2017 avait qualifié les médias Sputnik et RT France « d’organes d’influence » de la Russie. Sur le territoire français, la chaîne RT avait déjà été sous le menace d’une sanction de la part de l’Arcom (l’ex-CSA, l’autorité publique française de régulation de l’audiovisuel et numérique) suite d’une plainte de Laurent Lafon, président de la Commission des affaires culturelles du Sénat. Le sénateur avait demandé une suspension « immédiate de RT France », car selon lui, la chaîne relayait de manière continuelle « les actions de propagande » du gouvernement russe. Pour rappel en 2018, RT France avait déjà été mise en demeure par le CSA pour manque de transparence et de rigueur de l’information et de manque de diversité d’angle concernant le conflit syrien. Dans un communiqué, les deux chaînes ont évidemment contesté cette décision, déclarant que ce bannissement représentait « une violation de l’état de droit et allant à l’encontre des principes même de la liberté d’expression et d’information ».

Même si la présidente de l’Union Européenne n’a pas rendu publique les modalités de ce bannissement, plusieurs pistes restes possibles. Marc Rees, rédacteur en chef de Next INpact évoque « la loi de 1986, mise à jour avec celle contre les fake news, qui permet au structure comme Arcom de résilier la convention d’une chaîne de télévision contrôlée par un État étranger mais seulement en cas d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation.»

Une action d’enrayement collectif

Dans l’élan des actions de l’Union Européenne et des États-Unis, les GAFAM essayent de désamorcer la « désinformation toxique et nuisible » de le Russie.

Le groupe Meta a restreint sur sa plate-forme Facebook, les comptes officiels de la chaîne russe Zvezda. Étant liés de près au ministère de la défense, des médias russes nationalistes (Lenta et Gazeta) et de l’agence de presse publique RIA Novosti, le groupe a décidé de censurer leurs propos de propagande. Le responsable de la sécurité de Facebook, Nathaniel Gleicher a communiqué ce samedi 26 février, que le groupe interdisait aux médias sous contrôle russes de faire de la publicité ou de monétiser leur contenu sur la plate-forme, et ce « partout dans le monde ». Cependant, les comptes Facebook de ces médias ne sont pas inaccessibles. Les contenus publiés comportent seulement une mention avertissant qu’ils proviennent de « médias contrôlés par l’État russe », mais ne sont pas soumis à la censure. Initiative similaire chez Google,« nous surveillons activement les nouveaux développements et prendrons d’autres mesures si nécessaire ». Première action, empêcher à RT et d’autres chaînes de télévision russes de percevoir les revenus provenant de la publicité.

Le collectif de hackers Anonymous déjà illustrés par des actions dirigées contre l’État islamique ou le Ku Klux Klan intensifie ses attaques de piratages contre le Kremlin. « Anonymous mène des opérations permanentes pour maintenir hors ligne les sites gouvernementaux et pour diffuser des informations au peuple russe sans qu’elles ne soient soumises à la machine de censure de Poutine », informe le collectif sur Twitter. Dans la nuit de samedi à dimanche, le groupe de « justiciers » GhostSec, décrit comme proche d’Anonymous, a de son côté annoncé sur la plateforme Telegram, d’avoir contaminé les réseaux de certaines institutions politiques russes. De plus, ces collectifs d’hacktivistes piratent les chaînes de télévision nationales, dans le but de diffuser de réelles vidéos de la situation actuelle en Ukraine et de déstabiliser le contrôle médiatique. Cet acte reste relativement symbolique et n’a pas vraiment de portée stratégique. Il est intéressant d’observer si dans un futur proche, les offensives des hackers dépasseront le stade du simple symbole emblématique, et s’ils parviendront à égaler leurs homologues russes.

Par Enzo FAIDERBE et Vicky POZZOBON

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