En 1992, les jeux olympiques d’Albertville ont permis à la Savoie de rayonner à travers le monde. Avec plus de 2 milliards de téléspectateurs dans près de 82 pays ces jeux ont été un véritable succès. Mais 30 ans après que reste t’il de l’héritage des JO de 1992 ?
Ces jeux ont permis de faire prendre au département savoyard une avance considérable sur son temps, selon Michel Barnier, député de la savoie de l’époque « Les jeux ont fait gagner 15 ans à la savoie ».
Tout d’abord, le réseau de transport a été transformé. La création de l’autoroute A430 longue de 15km a permis un prolongement de l’axe Italie-Lyon (A43) direct jusqu’aux stations. Cette autoroute a complété la nationale existante. Une voie rapide a été prolongée jusqu’à Moutiers. Sur le plan ferroviaire, la ligne Paris-Bourg Saint Maurice a été créée permettant aux parisiens de relier les stations en moins de 4h50. Une gare TGV à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry a été créée, inaugurant pour la première fois en France une connexion directe entre avions et trains à grande vitesse.
Sur le plan des installations, ces jeux ont permis le développement de nombreuses stations. A Albertville, une halle olympique, un stade, un théâtre , un nouvel hôpital, un centre culturel et cinq nouveaux hôtels ont vus le jour. Le principal lycée de la ville a été totalement rénové et agrandi afin d’accueillir le Comité d’organisation des Jeux olympiques. Brides-les-bains est désigné comme Village Olympique. Un télécabine est créé alors que la ville n’était jusqu’à présent reliée à aucun domaine skiable, ce qui lui permet d’être connecté à la station de Méribel et donc aux pistes du plus grand domaine du monde : Les 3 vallées. De plus, une nouvelle mairie sort de terre, la municipalité rénove son Grand Hôtel des Thermes, son casino et fait construire une école. La luxueuse station de Courchevel crée quant a elle deux tremplins à ski. Le plus gros investissement a lieu à La Plagne, qui est choisie pour les épreuves de bobsleigh, luge et skeleton, ce qui imposera à la station de construire une piste spécialisée. Et pour finir, une patinoire olympique est créée dans le tout petit village de Pralognan-la-Vanoise qui compte seulement 655 habitants.
A quel prix ?
Toutes ces installations ont eu un prix, qui a bien souvent doublé quant aux estimations initiales. Par exemple les tremplins à ski de Courchevel reviennent finalement à 134 millions de francs alors qu’ils devaient couter pas plus de 61 millions de francs. Quant à la décriée piste de bobsleigh, initialement prévue à 67 millions les coûts finaux avoisineront les 235 millions de francs. Sans même parler du petit village de Pralognan-la-Vanoise, qui emprunta 44 millions de francs pour construire une patinoire olympique qui ne sera même pas totalement opérationnelle lors des JO à cause d’un problème de réfrigération. Quant à la télécabine de Brides-les-bains, l’explosion de la facture obligera la chambre régionale des comptes à mettre en saisine la commune en raison du déficit budgétaire de 69 millions de francs.
Outre le coût de construction de ces installations, aujourd’hui se pose la question du coût de fonctionnement. A Albertville par exemple, l’entretien des équipements réalisés lors des JO ont un déficit de fonctionnement annuel de 1 130 000 €, idem a la Plagne où la piste de Bobsleigh coûte près de 500 000 € par an à la municipalité. Sans parler du coût environnement de cette piste qui oblige le stockage de 45 tonnes d’ammoniac afin de refroidir la piste. Concernant la commune de 600 âmes de Pralognan-la-Vanoise et sa patinoire olympique, elle a fini en faillite face au coût trop élevé d’entretien pour une si petite commune.
Mais pour Ludovic Bertagnolo, directeur des Maisons du tourisme et des Jeux d’Albertville qui s’est confié à nos confrères du parisien : « Si on met tout dans la balance, les retombées positives des Jeux d’hiver ont été bien plus importantes que ses investissements. Plus de 2 milliards de personnes ont eu les yeux braqués sur la région. La cérémonie d’ouverture de Decouflé a marqué les esprits. La moitié des touristes d’Albertville viennent pour l’héritage des Jeux, et la Savoie est désormais l’une des premières destinations de ski mondiales ». Il affirme même que des techniciens des JO de Paris 2024 viennent s’inspirer des réalisations d’Albertville car « le site est exemplaire pour avoir réfléchi dès le départ à la pérennité des structures olympiques ».
Selon les données disponibles le coût des jeux est résorbé depuis près de dix ans mais certaines installations entraînent encore un cout de fonctionnement énorme. Le bon entretien de ces installations depuis près de 30 ans permettrait de les utiliser dans le cadre d’une candidature Nord-Alpine aux JO de 2030. Une bonne idée sur le plan économique et environnemental.