À quelques jours du début des Jeux olympiques d’hiver de Pékin (4-20 février), l’absence de neige dans les régions qui accueilleront les épreuves indigne le monde du sport.
Des Jeux olympiques d’hiver sans neige naturelle auront lieu cette année, pour la première fois, dans les régions de Yanqing et Zhangjiakou, sur lesquelles tombent très peu de flocons.
Les organisateurs du Comité international olympique (CIO) ont donc décidé d’avoir recours à 300 canons à neige déployés dans les zones sèches, afin de préparer le terrain pour les athlètes durant la quinzaine de jours consacrés aux épreuves. En 2019, les besoins en litres d’eau avaient été estimés à 185 millions de litres d’eau pour couvrir les pistes sèches.
C’est en 2014, à l’occasion des Jeux de Sotchi, en Russie que la neige artificielle est réellement devenue une alternative, une solution. 80% de la neige avait alors été fabriquée cette année, et 90% en 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud.
Si quelques flocons de neige s’étaient invités à Pékin au début de mois de janvier, la température en hiver ne reste pas suffisamment froide pour les y maintenir.
Un choix qui divise
L’un des arguments utilisés lors de la désignation de Pékin en tant que ville-hôte était que les Jeux inciteraient plus de 300 millions de Chinois à se mettre aux sports d’hiver. Clément Noël, slalomeur français, s’est exprimé lors d’un entretien accordé au journal L’Équipe fin décembre :
« La Chine n’a pas une grosse culture de l’alpin et des sports de glisse. C’était déjà le cas en Corée. Ça fait donc deux fois de suite qu’on a des JO dans un endroit où il n’y a pas forcément de passion, de ferveur populaire pour ce qui est le plus grand événement. On va vivre ça dans un contexte assez difficile. »
Cependant, cet argument perd de sa valeur lorsque l’on connait le coût en ressources qu’implique la création d’une station de ski. « Organiser des JO dans cette région est une aberration, c’est irresponsable », pointe Carmen de Jong, géographe de l’université de Strasbourg, interrogée par Bloomberg Green. « Comme l’idée est de créer des stations de ski, il va falloir pomper de l’eau pour fabriquer de la neige. Elles ne peuvent pas fonctionner naturellement. »
D’après l’AFP, Pékin ne peut compter que sur 300 mètres cube d’eau par an et par habitant, soit moins du tiers recommandé par l’ONU.
De plus, le caractère écologique de ces Jeux avait été souligné, mais ce recours à l’artificiel ne s’y prête pas vraiment. « Pékin 2022 sera les Jeux olympiques les plus verts et les plus propres jamais organisés. C’est la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques que tous les sites sont alimentés à 100 % par de l’énergie verte, la technologie de fabrication de la glace adoptée ne produisant aucune émission », proclamait le People’s Daily Online, l’organe de propagande officiel du Comité central du Parti communiste chinois, vendredi.
À Zhangjiakou, ville située à 180 kilomètres au nord-ouest de Pékin, a installé des éoliennes comptant une capacité de production de 14 millions de kilowatts. Des panneaux solaires couvrent également les montagnes de la région. Ce sont différentes additions au discours de Pékin concernant l’origine renouvelable de cette alimentation.
Si l’idée d’un « boycott diplomatique » était lancée, ces Jeux d’hiver auront bel et bien lieu. Tout l’intérêt est maintenant de garder la magie olympique qui parcourt le globe à chaque édition.