Les présomptions littéraires des membres de l’exécutif semblent agacer jusqu’au sommet de l’État. Et la diarrhée éditoriale n’épargne personne, des poids lourds aux troisièmes couteaux.
L’inénarrable Marlene Schiappa a publié neuf ouvrages depuis son entrée au gouvernement en mai 2017. Sous le pseudonyme de Marie Minelli, elle avait déjà commis : « Les filles bien n’avalent pas », et : « Sexe, mensonges et banlieues chaudes ». On pouvait y lire ces lignes où la profondeur du propos n’avait d’égale que l’horizontalité du contexte : « Je rêve de traverser la rue et d’aller […] me frotter aux racailles en baskets, de rouler des pelles au grand black là. » ou encore « Djalil est allongé sur moi, et son sexe n’a rien à envier à ma bouteille de rexona ».
Las, son dernier ouvrage, certainement plus politique, « Sa façon d’être à moi » s’est déjà écoulé à 64 exemplaires !
Emmanuelle Wargon, ministre du logement, a déjà vendu 75 exemplaires de son dernier ouvrage « Bienvenue en politique : À ceux qui sont tentés de renoncer » ; quant à « Ecole Ouverte » de Jean Michel Blanquer, il a trouvé 620 lecteurs, soit tout de même davantage que la totalité de son cabinet. L’avenir dira rapidement si l’éditeur approche du redressement judiciaire.
Jouant dans une autre catégorie, voire tutoyant le best-seller, Bruno Le Maire a vendu près de 22 000 exemplaires de ses « Mémoires provisoires », son cinquième livre du quinquennat. Cinq livres pour trois séances au Sénat en cinq ans. Ce que même Gérard Larcher, que l’on ne soupçonne pas d’être une flèche, lui a vertement reproché.
Emmanuel Macron s’est lui aussi étonné des publications prolifiques de ses apôtres, il a affirmé selon le Canard Enchainé « Les Français vont finir par se dire que les ministres ne foutent rien et qu’ils passent leur temps à écrire des livres ». Beaumarchais disait en son temps, à un auteur aussi utile : « J’ai lu votre ouvrage aux lieux, d’un derrière distrait … »