Lundi 15 novembre, Jean-Luc Mélenchon s’est adressé à des étudiants à l’université de Lille. Le candidat de la France Insoumise à l’élection présidentielle dit vouloir introduire « la liberté de changer de genre » dans la Constitution.
Alors que la droite et l’extrême droite saturent l’espace médiatique à coup de propositions sur l’immigration et la sécurité, Jean-Luc Mélenchon veut, lui, cliver sur un autre sujet : la question des changements de sexe. A un peu moins de six mois du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat de la France Insoumise, sous sa bannière de L’Union populaire, a annoncé qu’il souhaitait en cas de victoire en avril prochain, introduire la liberté de changer de genre dans la Constitution de 1958. « J’espère que je ne vous choque pas en vous disant cela. Si votre intime conviction c’est que vous êtes une femme ou un homme, alors vous avez le droit de l’affirmer contre la réalité des apparences et de votre corps », a-t-il déclaré devant les étudiants de l’université de Lille.
Une première pour un candidat à l’Elysée
Aujourd’hui, en France, il est déjà possible de demander de changer de genre sur le plan administratif sans être dans l’obligation de changer de sexe biologique. Pourquoi alors avoir besoin de changer la Loi fondamentale, comme l’ont fait l’Argentine et l’Uruguay, deux pays d’Amérique du Sud où le député des Bouches-du-Rhône, puise certaines « inspirations » ? Pour accélérer la «procédure» et protéger ce droit, qu’une partie de la classe politique, de droite et d’extrême droite pourrait remettre en cause. C’est la première fois qu’un candidat à la présidentielle propose d’intégrer cette modification constitutionnelle. Le candidat de la France Insoumise avait déjà émis l’idée de constitutionnaliser d’autres sujets sociétaux comme le droit à l’avortement ou celui à mourir dans la dignité.
La proposition réjouit Matthieu Gatipon, président de l’association Couleurs Gaies et porte-parole de l’Inter-LGBT : « C’est une annonce positive qui va dans le sens des revendications des personnes trans, explique-t-il. Avoir des propositions pour améliorer leurs vies quotidiennes ça fait toujours plaisir. Ils seront forcément plus épanouis» Ce dernier émet tout de même une réserve : « Par expérience les changements constitutionnels sont difficiles à mettre en place, qui plus est sur ce sujet spécifique. Quand on évoque les questions liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre, elles sont très souvent caricaturées dans le débat ». Pour rappel : il est très compliqué de modifier la Constitution en France. Il faut, pour le président de la République, déjà deux votes conformes de l’Assemblée nationale et du Sénat avant d’en passer, soit par un référendum, soit par un vote des 3/5e du Congrès réuni à Versailles. Pas sûr que le Sénat, à droite et conservateur sur les questions sociétales, soit très conciliant avec Mélenchon s’il réussit à se hisser jusqu’à l’Elysée.