Avant de convaincre les Français de glisser un bulletin à son nom au premier tour de la présidentielle, Michel Barnier doit remporter la primaire des Républicains. A l’instar de tous les candidats LR, le septuagénaire s’est présenté devant la jeunesse du parti pour détailler son programme. Reportage.

« Pass sanitaire obligatoire, la rencontre se fera dans le respect des gestes barrières » peut-on lire sur le formulaire d’inscription. Au siège du parti Les Républicains, on ne transige pas avec les règles sanitaires en vigueur, surtout lorsque la formation compte une majorité de « personnes vulnérables » au Covid-19. Pourtant, sur place, le nombre de masques sur les visages se compte sur les doigts d’une main. Au coin restauration, on s’embrasse de bon cœur et on trinque à la santé du parti. Ponctuel, Michel Barnier fait discrètement son entrée dans la salle. Durant une dizaine de minutes, le candidat à la primaire LR sert chaque main et embrasse chaque joue, avec une attention particulière pour les sénateurs et députés présents : « Il y a un quart d’heure, j’étais sur le plateau de C à vous sur France 5, voyez à quel point il m’était important de vous revoir ».

Il s’installe enfin sur l’estrade accompagné des représentants des Jeunes LR. La rencontre commence. Sur les 200 inscrits à l’événement, seule une petite centaine de personnes a pris place sur les sièges bleu marine de la salle. Parmi eux, une dizaine semblent ne pas avoir dépassé la trentaine. La plupart sont membres des « Jeunes avec Barnier ». « C’est la première fois qu’il y a autant de jeunes à un grand oral », se félicite en guise de préambule Guilhem Carayon, président des Jeunes LR. Le reste de l’audience est beaucoup plus concerné par le recul de 62 à 65 ans de l’âge de départ à la retraite.

L’homme qui tutoyait les 27

Après l’introduction de Carayon – qui prend très rapidement des allures de réquisitoire contre Emmanuel Macron -, Michel Barnier enchaîne. Durant une heure, l’ancien commissaire européen déroule, dans le détail, son CV politique : ancien président de département, ministre de l’Agriculture et des Affaires étrangères, « Monsieur Brexit » … Il fait lui-même les questions et les réponses, se lance dans les thématiques écologiques – « On ne laissera pas l’écologie aux verts… foncés ! » ou européennes, assurant que « le lendemain de (son) élection, il (compte) convoquer les 27 chefs (d’Etat et de gouvernement) européens » qu’il assure tutoyer. Des paroles, a priori, loin des préoccupations premières des jeunes Français si l’on en croit un sondage Ipsos pour France Inter selon lequel les moins de 30 ans se montrent surtout préoccupés par les questions de pouvoir d’achat (salaires, impôts…) et d’avenir du système social (santé, retraites…).

La seule mesure de Michel Barnier directement adressée à la jeunesse et formulée ce mardi soir concerne le sport. Le candidat LR veut doubler le nombre d’heures de sport au collège et au lycée « car un pays qui fait du sport, c’est un pays qui a moins de problèmes de santé ».L’ancien ministre de Jean-Pierre Raffarin propose pourtant, dans son programme, de créer un « diplôme national du bénévolat ». Il n’en dit pas un mot ce soir-là… La rencontre s’achève enfin par quelques questions de militants. Là encore, les plus jeunes reprennent les mêmes thématiques que leurs aînés : immigration, géopolitique, sécurité… Avant de se retirer, Barnier exhorte l’assemblée à l’aider «durant les prochaines semaines ». Pince sans-rire, il s’essaie à la plaisanterie : «Mais pas pour coller des affiches ! » Pourtant, ça peut toujours aider.

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