Parti en quête de réponses pour comprendre l’évolution politique et sociologique de l’Irak depuis les années 70, Jean-Pierre Canet présente au Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre sa série de documentaire En Irak, 40 ans de destruction d’une nation.

Les premières images du documentaire frappent forts. Nous sommes en 1975, Jacques Chirac, alors premier ministre, dîne avec Saddam Hussein, à l’époque vice-président de la République d’Irak, au restaurant. Dans un premier temps alliés économiques, les deux hommes deviennent amis. Dans les années 70 l’Irak est l’un des plus gros producteurs de pétrole, elle fournit l’occident, c’est un partenaire privilégié de la France.
Plus on avance dans le documentaire, plus on comprend comment l’Irak, pays en voie de modernisation, a implosé. Entre ingérences politiques étrangères et velléités expansionnistes de Saddam, les ennemis de l’Irak viennent de l’extérieur comme de l’intérieur du pays. Le vrai point de rupture sera l’invasion du Koweït, ce qui va retourner l’opinion des pays occidentaux contre Saddam, qui va rapidement radicaliser son discours.
Le bombardement de l’Irak par la coalition internationale après l’invasion du Koweït a donné lieu au premier traitement médiatique d’une guerre en direct. Sur les images infrarouges, prises de nuit, on distingue les infrastructures de Kaboul. Les lumières vertes des missiles et des explosions déteignent sur le fond noir de la nuit. Les images des conférences de presse de la coalition diffusées dans le documentaire prennent des allures de show télévisuels.
Outre l’aspect géopolitique, le documentaire nous entraine dans l’horreur L’embargo international qui suit la guerre du Golfe empêche l’Irak de se fournir en médicaments, en nourritures, en matériaux qui servira pour reconstruire le pays. Des enfants anorexiques meurent dans des chambres d’hôpital surpeuplées. Entre 1991 et 1996, 567 000 irakiens de moins de cinq ans meurent faute de soins et de nutriments.
Interrogé dans le cadre du documentaire, Denis Halliday, l’ancien responsable du programme humanitaire de l’ONU en Irak déclarera que l’institution internationale est coupable d’un génocide sur le peuple irakien. Car malgré les conditions désastreuses pour le peuple irakien, les occidentaux continuent leurs sanctions. L’Irak a une interdiction formelle d’importer des vaccins, du chlore pour traiter les eaux, des moteurs pour les tracteurs, des radios pour les ambulances, tout cela pourrait servir aux mouvements armés.