Comme à chaque édition du Prix Bayeux, la ville rend hommage aux journalistes tombés dans l’exercice de leur fonction. Cette année, la cérémonie est présidée par le président de Reporter San Frontières et le président de la 28ème édition du prix des correspondants de guerre.

Une nouvelle stèle sur laquelle sont écrits les noms des journalistes morts pour avoir exercé leur métier s’érige telle une pierre tombale. Le maire de Bayeux, Patrick Gomont avait prévenu cette assemblée venue se recueillir : « C’est sûrement le moment le plus difficile de la semaine du Prix Bayeux ». Présidée par Manoocher Deghati et le président de Reporters Sans Frontières, Pierre Haski, qui évoque la difficulté du moment« Ce n’est jamais facile, on ne peut pas s’y habituer » nous confie-t-il à la fin de la cérémonie. « Un jeune journaliste qui disparaît, c’est le nom d’un ami en plus sur ses stèles ».
Il rappelle que l’Afghanistan était un pays « martyr », avec 6 journalistes y ont perdu la vie cette année. Un terme qui ne convient pas à Ed Vulliamy, président du jury de l’an passé : « Il ne s’agit pas de martyres, mais de journalistes. J’aime beaucoup un passage du livre d’Albert Camus, La Peste : le patient remercie le docteur en l’appelant « un héros », mais ce dernier lui rétorque qu’il n’est pas un héros mais juste un médecin ». Pour lui, il n’est pas question d’une croisade, mais juste de faire son travail.

Sur les 53 noms inscrits sur la stèle, plusieurs sont cités, parmi eux : le journaliste néerlandais Peter de Vries abattu dans la rue par la mafia locale. Au pupitre, la présidente de la Dutch Association of Journalists (NVJ), Renske Heddema cite son collègue des Pays-Bas : « Peter R. de Vries à été assassiné alors qu’il regagnait sa voiture après son émission, en plein jour, dans le centre de notre capitale ».
Lorsque le président de Reporters Sans Frontières retire le drap cachant la stèle, la femme du défunt journaliste David Beiran éclate en sanglots. S’ensuit une minute de silence uniquement interrompue par les clics des appareils photo des journalistes présents.

Le jardin du mémorial des reporters commençait à s’écrémer de ses visiteurs, Ed Vulliamy raconte aux lycéens présents dans l’assistance : « Beaucoup de mes amis figurent sur ses stèles, surtout des amis mexicains tués par les cartels. Pour les familles, c’est un véritable enfer. On peut mourir d’une balle perdue sur un champ de bataille, les mafias n’hésitent pas à torturer à mort, voire être violer à mort pour les femmes ». Il conclut en expliquant que même s’ils sont dans « In bocca al lupo » (la bouche du loup), ils doivent faire leur travail du mieux qu’ils peuvent et leur souhaite bonne chance.