Mercredi 29 septembre à l’occasion des 14ème Assises du journalisme de Tours, les jurys du Prix Albert-Londres ont dévoilé la liste des journalistes nominés pour cette année 2021. Le prix sera décerné dans trois catégories différentes : Prix du livre, de la presse écrite et de l’audiovisuel.
Créé en 1932 par Floris Martinet-Londres, la fille d’Albert Londres, le prix couronne chaque année le meilleur reportage réalisé par un journaliste de moins de 41 ans. Depuis sa création jusqu’en 1984, le prix ne décernait qu’un seul lauréat. En 1980, cinq ans avant la création du prix de l’audiovisuel, l’équipe de reportage de Vendredi sur France Régions 3 reçue une mention spéciale pour l’ensemble de leurs reportages. En 1985, le prix Albert-Londres s’est transformé en prix Albert-Londres de la presse écrite, afin de récompenser les meilleurs reportages écrits et audiovisuels.
L’année passée, c’est le documentaire Sept milliards de suspects, diffusé sur Arte et réalisé par Sylvain Louvet et Ludovic Gaillard, qui a remporté le prix de l’audiovisuel. Arte a beaucoup travaillé avec des reporters vainqueurs au prix Albert-Londres, tout comme France Télévisions qui a diffusé une dizaine des 36 victoires du prix de l’audiovisuel. Pour cette 37ème édition, Arte n’a diffusé qu’un seul film nominé au prix du reportage vidéo, sur les 6 finalistes présents.
Plus récemment, une troisième distinction est apparu afin de récompenser les écrivains. En 2017, David Thomson reçu le premier prix Albert-Londres du livre pour Les Revenants. Cette année, 4 livres sont nominés pour le prix : Flic, un journaliste a infiltré la police, de Valentin Gendrot ; Les Serpents viendront pour toi, d’Emilienne Malfatto ; La Honte de l’Occident, d’Antoine Mariotti ; et Toxique, de Sébastien Philippe et Tomas Statius.
Depuis 2018, les journalistes du Monde se sont emparés du prix de la presse écrite avec trois victoires consécutives. De manière générale, ils sont les plus titrés, avec 10 succès depuis 1985 et la création du prix de la presse écrite. Caroline Hayek, nominée grâce à une série d’articles sur les personnes touchées par l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 revient sur l’importance de ce prix : » C’est un des prix les plus prestigieux donc je suis forcément heureuse d’être nominée, mais je ne cours pas après les prix. Cela fait 6 ans que je suis journaliste pour L’Orient Le Jour, et ce n’est que la deuxième ou troisième fois que j’envoie mon dossier à des concours.«
La France à la peine
Sur les 9 finalistes à la victoire au prix de la presse écrite, sept sont correspondants à l’international où l’ont déjà été. L’Afrique et le Moyen-Orient sont les régions les plus représentés par ces correspondants. Caroline Hayek explique la raison de sa nomination : » J’ai fait un reportage sur les réfugiés syriens qui vivent au Liban et qui ont aussi subi cette explosion. Je suis allée voir les familles pour qu’ils me racontent leur point de vue, étant donné qu’ils avaient déjà des difficultés puisqu’ils fuyaient la Syrie, un pays en guerre. Au Liban, ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone, donc je trouvais important de ne pas oublier ces gens-là. »
Pour Caroline Hayek, si la plupart des nominés au prix de la presse écrite travaillent pour l’actualité internationale, c’est parce que » la crise du Covid-19 n’a pas permis à l’actualité d’être aussi riche que les années précédentes. C’est pour cela qu’ils ont privilégié les reportages dans différents pays comme l’Afghanistan ou la Syrie avec Wilson Fache.
Même si certains reportages nominés viennent de France comme celui de Zineb Dryef ou de Willy Le Devin qui ont travaillé sur la police et la justice, la majorité des reportages viennent de l’international. Le thème de l’écologie n’est par exemple pas du tout présent pour le prix de la presse écrite, alors même que le sujet touche de plus en plus de monde et que les nominés ait été annoncé aux assises du journalisme, dont le thème est l’urgence climatique. Les catastrophes naturelles ou les guerres sont par exemple des sujets beaucoup plus récurrents. L’explosion du port de Beyrouth est un sujet plus marquant et plus concret qu’un sujet sur le réchauffement climatique par exemple où les faits sont en apparence beaucoup moins choquants et moins percutants.

Cette année, 9 grands reporters se disputent le Prix Albert-Londres de la presse écrite :
Margaux Benn – Le Figaro
Zineb Dryef – M le magazine du Monde
Wilson Fache – Libération / Causette
Ghazal Golshiri Esfahani – Le Monde
Caroline Hayek – L’Orient Le Jour
Louis Imbert – Le Monde
Josiane Kouagheu – Le Monde Afrique
Willy Le Devin – Libération
Léna Mauger – XXI
Jeudi 30 septembre, les jurys ont décerné les prix des Assises du Journalisme de Tours 2021. Les jurés, composé de Patrick Cohen, d’étudiants et de chercheurs ont attribué le grand prix du journalisme Michèle Léridon (en hommage à l’ancienne patronne de l’AFP décédée en mai dernier), à l’équipe d’Epsiloon. Epsiloon est un magazine mensuel consacré aux articles scientifiques crée en juin 2021.
Le prix du livre du journalisme a été remporté par Coco, pour son livre Dessiner encore, un voyage intérieur sur l’auteure et sa reconstruction depuis les attentats du 7 janvier 2015. Un récit personnel sur les évènements, qui ne manquera pas d’émouvoir les lecteurs.
Pour ce qui est du prix Recherche, c’est la docteure en sciences de l’information et de la communication Marie-Noëlle Doutreix qui l’a reçu. La scientifique a remporté ce prix grâce à son œuvre Wikipédia et l’actualité. Qualité de l’information et normes collaboratives d’un média en ligne.
Enfin, c’est Marie Portolano qui a été récompensé du prix Enquête et reportage, pour son documentaire Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste. Le documentaire met en lumière le « sentiment de malaise » que ressente les femmes, comme le dit la réalisatrice.