La crise sanitaire du Covid-19 a mis en exergue la place de la femme sur le marché du travail. La pandémie amplifie l’inégalité entre hommes et femmes, une problématique déjà bien connue des politiques.
Plusieurs enquêtes britanniques démontrent que les femmes sont davantage engagées dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, partout dans le monde. Il ne s’agit pas seulement d’une crise sanitaire mais également d’une crise économique. The Lancet, revue médicale britannique, appelle les décideurs politiques à prendre en compte les conséquences particulières du coronavirus sur les femmes : « Nous demandons aux gouvernements et aux institutions internationales de la santé de considérer les effets genrés du Covid-19, directs et indirects, et d’inclure les voix des femmes qui sont en première ligne dans la réponse à l’épidémie. » L’étude publiée dans l’hebdomadaire déplore que « les politiques de santé publique ne se soient pas intéressées jusqu’ici aux impacts genrés des épidémies. Ce n’est pas différent pour le coronavirus. » Il devient alors primordial de déterminer la manière dont les épidémies affectent différemment les femmes et les hommes, pour comprendre les effets des situations d’urgence sanitaire sur les individus et la société.
Le gouvernement français a demandé des efforts inédits à ses soignants sans leur garantir une protection totale. Le manque de masque et d’autres mesures sanitaires comme la présence de gel hydroalcoolique ou de vêtements de protection est bien réel.
Aujourd’hui, les femmes sont davantage engagées que les hommes pour combattre l’épidémie. Le personnel soignant est largement composé de femmes, au contact direct des patients malades, et sont mécaniquement plus exposées à un risque de contamination. En France, la part de femmes au sein de la fonction publique hospitalière atteint 78% et dépasse les 90% dans le secteur infirmier et aide-soignant. Pourtant, elles sont sous-représentées dans les instances qui prennent les décisions de gestion de la crise sanitaire. Malgré le fait que le conseil exécutif de l’OMS reconnaisse le besoin d’inclure les femmes dans les prises de décisions pour répondre aux épidémies, « la représentation des femmes dans les espaces politiques qui traitent du Covid-19 est inadéquate », peut-on lire dans The Lancet. Or, « les rôles de soins prescrits socialement par les femmes les placent généralement dans une position privilégiée pour identifier les risques au niveau local, qui pourraient signaler le début d’une épidémie et ainsi améliorer la sécurité sanitaire mondiale », estiment les spécialistes.
Une inégalité devenue récurrente
La chercheuse américaine Julia Smith explique dans les colonnes du New York Times : « Après l’épidémie d’Ebola, tout le monde a été impacté d’un point de vue salarial mais les hommes ont retrouvé leur salaire plus rapidement que les femmes. » Les effets d’une telle crise peuvent perdurer des années durant. La chercheuse du groupe de travail « Genre et Covid-19 » estime qu’ « il ne faut pas reproduire cette erreur et que, si les dirigeants politiques le souhaitent, cette crise de Covid-19 offre une opportunité de changement. » Il devient nécessaire de combattre l’idée que le genre est un problème secondaire.
Mais cela se fera en douceur, pendant trop longtemps nos sociétés ont accepté que les services de garde d’enfants et de soins aux personnes âgées soient absorbées par des femmes. Lorsque les enfants sont malades, la plupart du temps ce sont les mères qui s’absentent de leur travail. La décision de fermer les établissements scolaires a également eu un impact sur les femmes car ces activités informelles limitent leur temps de travail rémunéré et par conséquent leurs opportunités économiques. Et c’est bien là que le bât blesse. Selon l’Organisation internationale du travail, à l’échelle mondiale, les femmes effectuent 76,2% du nombre total d’heures de travail de soins non rémunérées, soit trois fois plus que les hommes. En Asie et dans le Pacifique, ce chiffre atteint 80%.