
Le pèlerinage annuel de Lourdes a été annulé en raison de la crise sanitaire. Actuellement, le sanctuaire est interdit au public, provoquant une importante baisse de chiffre d’affaire pour les commerçants aux alentours. Les pèlerins également impactés doivent réorganiser leur voyage spirituel.
En cette période de pèlerinage, Lourdes est déserte. Chaque année, entre six et sept millions de fidèles viennent prier et se recueillir dans cette ville sainte des Hautes-Pyrénées. Lourdes est la deuxième ville hôtelière de France. Les hôtels et les commerçants sont les premiers touchés économiquement par la fermeture des édifices religieux. Philippe Fialho, gérant de deux magasins d’objets de piété du Palais du Rosaire, continue de venir tous les matins dans son commerce pour préparer les commandes de son site internet et gérer la maintenance : « La ville de Lourdes et ses commerçants sont totalement dépendants des sanctuaires. Pour le mois d’avril, nous n’avons fait aucun chiffre d’affaire, heureusement qu’il y a la vente en ligne, mais ça ne comble pas les pertes du magasin. »
L’année 2020 sera une année blanche pour Philippe Fialho. Habituellement, à la même période printanière, plus de mille personnes franchissent chaque jour la porte de son magasin. Son effectif de salariés et de saisonniers est également touché par cette situation inédite : « Nous avons normalement une quarantaine de personnes réparties dans mes deux boutiques, aujourd’hui nous ne sommes que deux. Mes salariés en CDI sont au chômage partiel. » Le plus inquiétant pour les commerçants n’est pas la situation actuelle, mais la période après le confinement : « Là, nous sommes dans l’œil du cyclone, il ne se passe rien, mais quand l’activité va redémarrer on ne sait pas comment ça va se passer économiquement », détaille avec inquiétude Philippe Fialho.
Les pèlerins doivent revoir leurs plans
Tous les événements étant annulés, les sanctuaires garderont porte close pour le public, les pèlerins devront donc attendre. Lors d’une réunion ce mardi, Emmanuel Macron a annoncé aux représentants des cultes « l’interdiction de grands rassemblements jusqu’à la fin de l’été. » Les dirigeants du sanctuaire, le recteur et les évêques font tout ce qu’ils peuvent pour déplacer le pèlerinage entre novembre et décembre, qui se termine traditionnellement fin octobre. Le président de l’association des présidents de l’hospitalité francophone, Alain Baty, devait être présent du 20 au 25 avril en pèlerinage à Lourdes avec 680 personnes, mais l’a repoussé pour le mois du Rosaire en octobre : « Il y a plus de monde le 15 août, mais en termes de pèlerinage et d’accompagnement, c’est le Rosaire le plus important. Pour l’instant le sanctuaire a maintenu cet événement mais on ne sait pas sous quelle forme. » Dès le 10 mars, Alain Baty a dû reporter toutes les réservations des bus hôtels.
Les pèlerins ne peuvent être physiquement présents aux sanctuaires de Lourdes, mais ils le peuvent spirituellement, grâce à Internet. Afin de ne pas rater cet événement des fêtes de Pâques, l’association d’Alain Baty a organisé un pèlerinage virtuel, regroupant une centaine de fidèles : « Avec notre association, nous diffusons sur YouTube et sur les réseaux sociaux, cinq méditations par jour de notre aumônier, ainsi que la messe habituelle de la chaîne télé KTO. Ce système a d’abord été mis en place par l’Association des Brancardiers et Infirmières d’Ile de France (ABIIF) à Paris avec des vidéos mises en ligne. » Les personnes n’ayant pas accès à internet, en particulier les résidents des EPHAD, ont reçu un livre de programme des pèlerinages avec les textes de méditations du Père. À Lourdes, une dizaine de chapelains du sanctuaire continuent d’animer tous les matins des messes à la grotte de Massabielle, où la Vierge Marie serait apparue.
L’économie du sanctuaire était également très fragile avant la crise sanitaire. La présence des pèlerins est un moyen de faire vivre toute une activité à l’intérieur de l’édifice religieux. « Les quêtes ou les cierges font vivre le sanctuaire, c’est en quelque sorte son revenu. Il y a une participation de 3€ par jour pour une présence au sein de l’édifice, donc les pertes actuelles sont considérables », ajoute Alain Baty. Lourdes connaît un moment historique, mais restera une terre d’accueil pour ses fidèles compagnons.
Apprenti journaliste en quête de l'inconnu. Toujours à la recherche de sujets atypiques qui font bouger notre société.