Selon plusieurs études, les enfants seraient les moins touchés par l’épidémie. Certains parents craignent la réouverture des écoles le 11 mai. Les médecins pensent que la mesure est justifiée, malgré une communication du gouvernement peu habile
Les écoles ont été les premières institutions à fermer leurs portes, pourtant elles seront les premières à réouvrir. Le plan d’ouverture progressive des écoles le 11 mai de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, n’a pas apaisé les tensions de certains parents. « Ce n’est pas forcément rassurant, témoigne Rodrigo Arenas, le président de l’association des parents d’élèves adhérents (FCPE). Sur l’île d’Hokkaidō au Japon, par exemple, les autorités ont décidé d’appliquer à nouveau des mesures strictes de confinement après avoir rouvert les écoles. » Pour ce père de quatre garçons, les écoles situées dans les foyers de l’épidémie en Île-de-France ou dans le Grand-Est ne devraient pas rouvrir.
D’après les médecins spécialistes et plusieurs études, les jeunes seraient « la population la moins à risque. » Deux questions semblent toutefois à préciser pour les parents : est-ce que les enfants peuvent développer des formes graves du virus, et est-ce qu’ils favorisent la transmission du virus dans la société ?
Selon le dernier bilan de Santé Publique France, les individus de moins de 15 ans ne représenterait que 2% des contaminés et seulement 1 % des cas en réanimation. Les cas graves et mortels sont donc rares. Aucun jeune de moins de 10 ans n’est mort en France, selon Bertrand Delaisi, pneumo-pédiatre à l’hôpital Robert Debré à Paris. Mais la peur de remettre les enfants à l’école semble être liée avec nos connaissances antérieures des épidémies. « Il faut bien comprendre que le schéma classique d’une infection ou du moins notre référence, c’est la grippe. Un virus moyen de la grippe se comporte un peu comme le coronavirus, il tue les personnes âgées, explique le médecin. Cependant, le moteur épidémique de la grippe, ce sont les enfants. Ce n’est pas eux qui en meurent mais ils sont très importants dans la chaîne de transmission. »
Selon des données chinoises, italiennes, françaises et espagnoles de l’épidémie, les jeunes seraient les individus qui transmettent le plus l’épidémie. « Ce n’est pas pour protéger les enfants que l’on ferme les écoles, tient à préciser Kostas Danis, chercheur à Santé Publique France et auteur d’une étude sur la transmission du Covid-19 par les enfants. Nous savons désormais qu’il y a une dynamique de transmission différente chez les enfants et qu’ils développent moins la maladie car leur charge virale est moins importante », commente le chercheur qui a étudié la transmissibilité d’un garçon contaminé, dans la station de ski des Contamines.
Les raisons de la résistance des enfants au virus ne sont pas encore claires pour les scientifiques. Plusieurs pistes sont étudiées. Les jeunes pourraient posséder un système immunitaire en développement, considérant le Covid-19 comme un virus lambda. Ils pourraient aussi disposer d’un système respiratoire trop immature, qui empêcherait le virus d’entrer dans les poumons.
La méfiance des pouvoirs publics
Avec la pénurie de matériel que subissent les services hospitaliers et une gestion désastreuse de la crise par les autorités, les parents doutent du bien-fondé de cette mesure. « Nous avons un peu l’impression que le gouvernement veut remettre les enfants à l’école pour des raisons sociales, mais les enseignants ne sont pas des assistants sociaux. Ils sont là pour enseigner. Si les conditions ne permettent pas de faire cours, alors il ne faut pas l’annoncer », tranche Rodrigo Arenas.
Pour Bertrand Delaisi, la peur vient aussi d’un manque de communication claire du gouvernement. « Je passe ma journée à répondre à des parents. Ce qu’ils ont de plus cher, c’est leur progéniture alors ils ont besoin d’être rassurés, poursuit le pédiatre. Concernant cette mesure, il faut qu’il y ait plus d’éléments explicatifs, et ces explications ne devraient pas forcément venir des pouvoirs publics dont la crédibilité n’est pas la plus grande dans l’esprit des gens. » Pour les deux médecins, le gouvernement a fait le bon choix, mais ils tiennent à préciser que le risque zéro n’existe pas.