Dimanche 19 avril, le Premier ministre Édouard Philippe et le ministre de la santé Olivier Véran ont tenu une conférence de presse dont l’objectif était d’expliquer la stratégie du gouvernement pour faire face au Covid-19.
Les Français attendaient beaucoup de la conférence de presse tenue par le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran. Leurs attentes n’ont pas été comblées. Les réponses à leurs questions n’ont pas été apportées. L’objectif de la conférence était d’éclairer davantage l’opinion publique sur les modalités du déconfinement. Le locataire de Matignon a pour ce faire voulu se montrer pédagogue. Or, l’ensemble de l’opposition politique et bon nombre de Français ont le sentiment de n’avoir rien appris.
Le président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, Damien Abad, a fait part de sa déception sur Twitter : « Quand on prend zéro risque, ça fait une conférence de presse pour rien, avec zéro annonce, zéro réponse et zéro stratégie de déconfinement. Nous n’attendions pas un exercice d’autocongratulation mais des orientations précises et des réponses claires. » L’exécutif a certes démontré qu’il savait faire preuve de démagogie, de clarté, ce qui lui avait été reproché sur l’ensemble de la première partie du quinquennat d’Emmanuel Macron, mais il s’est penché sur les mauvaises questions.
« Il y a incontestablement une volonté de pédagogie, de modestie, d’humilité mais on sort à chaque fois de ces interventions avec un malaise : celui de ne pas comprendre comment on a pu prendre autant de retard sur les masques et sur les tests », déplore au micro de France Inter le député écologiste européen Yannick Jadot. L’enjeu pour les 7 millions de Français qui ont suivi de bout en bout la conférence n’était pas de s’informer sur le passé de cette crise mais sur le futur, sur ce qui allait advenir après la fameuse date du 11 mai. Faute d’en avoir pour le moment les réponses, Édouard Philippe a évoqué quelques pistes possibles de déconfinement, prenant le soin de ne pas trop s’avancer. La patience et la prudence sont deux vertus qui pourraient causer du tort à l’exécutif.
« Il faut que le gouvernement accélère et rattrape le temps qu’il a lui-même perdu », déclare au journal télévisé de France 2 la présidente du Rassemblement National (RN), Marine Le Pen, en faisant notamment référence à la question de la production nationale de masques et de tests. Les explications d’Edouard Philippe n’ont pas permis de comprendre pourquoi l’on en manque encore aujourd’hui. Les modalités du déconfinement, lesquelles devaient être largement évoquées, restent très vagues. Ces questions essentielles demeurent sans réponses. Édouard Philippe les a renvoyées à la fin du mois d’avril, date à laquelle il dévoilera le plan de déconfinement.
L’ensemble de l’échiquier politique, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, partage le sentiment que, puisque le plan sera dévoilé à la fin du mois d’avril, cette conférence de presse était inutile : « On n’a rien appris de nouveau », déplore Bernard Debré, conseiller LR à Paris. Le député La République en marche (LREM) Sylvain Maillard s’en défend : « C’était une très bonne conférence de presse. Les deux heures ont permis d’expliquer où nous en étions. Ce n’était pas une conférence de presse d’annonce, c’était une conférence de presse d’explication. »
Des dissensions entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe
Cette conférence est révélatrice des dissensions entre le président de la République Emmanuel Macron et son Premier ministre, Édouard Philippe : « Le problème, c’est que le gouvernement et le président donnent l’impression de ne pas tirer dans la même direction. On a le sentiment que le président veut très vite aller vers le déconfinement et impose un rythme soutenu au gouvernement. Le gouvernement est centré sur la gestion sanitaire et économique et ne souhaite pas aller rapidement vers le déconfinement », analyse Philippe Moreau-Chevrolet, conseiller aux dirigeants sur leur stratégie et leur communication.
Dans le temps de l’après-crise, du mystérieux déconfinement, un grand remaniement politique s’imposera sûrement. Emmanuel Macron tirera le bilan de la gestion de la crise par son gouvernement. Édouard Philippe sera sans doute évincé du poste de Premier ministre et il faudra repenser la macronie.
Étudiant en troisième année, je suis particulièrement intéressé par les sujets : politique, géopolitique et économie.