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Les « anti-confinement », soldats de l’économie Trump

Donald Trump, en chute dans les sondages a soutenu des manifestants « anti-confinement » aux Etats-Unis. Une façon, selon les politologues, de relancer l’économie pour assurer son deuxième mandat.

« La mauvaise publicité est toujours de la publicité. » Cette phrase, montée en principe par Steve Bannon, l’ancien conseiller stratégique de Donald Trump, semble toujours faire écho dans la Maison Blanche. Depuis une semaine, plusieurs manifestations « anti-confinement » se sont déroulées aux Etats-Unis, le pays le plus touché par le Covid-19. Ces manifestations rassemblent entre quelques dizaines et plusieurs milliers de participants dans de nombreuses villes américaines. Ces militants s’opposent aux décisions des gouverneurs de leur Etat. Autorités habilitées par Donald Trump pour appliquer et faire respecter le confinement. 

Le président Trump a décidé de les soutenir, comme à son habitude via Twitter, les médias se sont emparés du sujet. Ils donnent une visibilité à ces militants à sept mois des élections présidentielles. Une campagne dont l’issue sera fortement influencée par la crise sanitaire et économique liée au Covid-19. Selon Tanguy Struye, politologue spécialiste des États-Unis, l’enjeu pour Trump est électoral : « Trump voit dans ces mouvements, un moyen de pression sur les gouverneurs afin de relancer l’économie beaucoup plus rapidement. Aujourd’hui, les États-Unis comptent 22 millions de chômeurs à cause du Covid-19. Trump sait que si la situation dure pendant trop longtemps, il n’aura aucune chance aux prochaines élections. » 

Les manifestations anti-confinement, dont les premières ont débuté la semaine passée, ont été pour la plupart lancées par des Américains venant de perdre leur emploi. Selon le spécialiste des Etats-Unis, Jean-Éric Branaa cité par France 24 : « Les manifestants n’avaient pas une dimension politicienne à l’origine. » Pour Tanguy Struye, les participants représentent pour beaucoup la base électorale naturelle de Trump : « Il y a quatre grandes catégories de personnes qui manifestent contre le confinement : des libertariens, des conservateurs croyants, des complotistes, et des gens qui n’ont pas le droit au chômage. » Une enquête du journal anglais The Guardian montre que dès le 15 avril, des proches de Betsy DeVos, la secrétaire à l’Education du président, ont financé plusieurs rassemblements.

Un transfert de responsabilité 

Mais quel est l’intérêt pour Trump de faire monter les tensions avec ses tweets : « Libérez le Michigan », « Libérez le Minnesota » et « Libérez la Virginie » ?Il se trouve que ces trois Etats sont dirigés par des démocrates. Ils sont donc des « Etats pivots », qui permettraient à Trump de remporter l’élection. L’opposition entre les démocrates et les républicains y est donc d’autant plus exacerbée. Le président, critiqué dans sa gestion de la crise, « transfère la responsabilité du déconfinement aux gouverneurs », selon Régis Dandoy, politologue à l’UCLouvain : « En délaissant la responsabilité aux Etats, Trump pourra évaluer qui, des républicains ou des démocrates, ont fait du bon travail. Il pourra ainsi favoriser sa couleur politique », confirme le politologue. A la tête de l’Etat du Michigan, Gretchen Whitmer est aussi citée par certains comme la possible colistière de Joe Biden, le candidat démocrate et opposant à Trump pour les prochaines élections, au même titre qu’Amy Klobuchar. 

Depuis le début de son mandat Trump n’admet aucune faute. Il utilise une technique rhétorique qui consiste à accuser les autres. Ses accusations de connivences entre la Chine et l’OMS en sont un exemple : « Trump n’avait pas prévu le Covid-19, et ça remet en cause 3 ans et demi de croissance qui étaient sa force de campagne. Aux Etats-Unis, le bilan économique est primordial dans les élections », précise Régis Dandoy.

Pour les observateurs, « Trump fait du Trump. » En donnant du crédit à des manifestants qui prônent « leur liberté de travailler », le président américain consolide sa base électorale. Le milliardaire assume sa place de candidat libertaire et « anti-establishment. » Pour Donald Trump, la priorité est aujourd’hui de sortir cette période de crise qui pourrait lui coûter son second mandat. Mais à quel prix ?

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