La Grande île compte très peu de cas de coronavirus, seulement une centaine recensée officiellement. Pourtant, elle est en proie à de nombreuses épidémies et sa population fait partie des plus pauvres au monde.
Madagascar est une île de 587 047 km2, plus grande que la France métropolitaine. Située à l’Est de l’Afrique, elle compte plus de 25 millions d’habitants. Le pays est doté d’une riche diversité de relief : le paysage est composé de savanes et de plaines à l’Ouest, de falaises et des forêts tropicales à l’Est et enfin de plateaux semi-désertiques au Sud-ouest. Derrière cette carte postale, Madagascar est l’un des pays les pauvres du monde. « Une population pauvre, je crois que c’est le caractère essentiel de la population de Madagascar » précise Bénédicte Gastineau démographe au Laboratoire Population Environnement et Développement (LPED). Les chiffres officiels du gouvernement malgache concernant la crise sanitaire du Covid-19 restent très peu élevés en comparaison à la crise sanitaire sur le continent européen. 104 cas de coronavirus ont été confirmés dont 39 personnes guéries et aucun décès.
« C’est un des rares pays où le taux d’urbanisation est très faible. La population vit loin des villes et reste très isolée » précise Bénédicte Gastineau. En 2016, sur les 24 millions d’habitants, 83% d’entre eux vivaient en milieu rural. Un certain avantage lorsque la majorité des cas de coronavirus a été détectée en ville. D’après Michelle Second membre de l’association les amis du Père Pedro Akamasoa : « On a l’impression que le virus ne s’est pas énormément étendu. ». De plus, la population est relativement jeune, « l’âge médian est d’environ 20 ans », précise la démographe. L’épidémie de peste que le pays a connue, a habitué les habitants aux mesures sanitaires. Néanmoins, sans accès à l’eau et au savon, entretenir une bonne hygiène n’est pas à la portée de tous. De plus, le système de santé est « loin d’être opérationnel. Si l’on devait arriver à une épidémie telle qu’on la connaît en Europe, le système de santé malgache n’aurait ni les moyens, le matériel ou le personnel », poursuit Michelle Second.
Affamés et confinés
Madagascar souffre d’une très grande précarité. Le pays figure parmi les pays à faibles revenus, avec un PIB de 392,5 USD en 2015. L’Indice de Développement Humain (IDH) ne s’élève qu’à 0,483 sur 1 en 2012. A titre de comparaison en France, l’IDH grimpe à 0.891. « Pendant le confinement, beaucoup de familles n’ont plus de salaire », indique Michelle Second. Pour éviter une famine, l’association Akamasoa, des Amis du Père Pedro, qui œuvre depuis plus de 25 ans sur l’île, ont procédé à de nombreuses distributions de nourriture pour compenser leur perte de salaire.
En raison de sa situation géographique, le pays enregistre de fréquents passages de cyclones tropicaux qui engendrent des impacts destructeurs sur les infrastructures et la santé de la population. En 2012, 92% de la population malagasy vivaient avec moins de 2$ (1,85 €) par jour, tandis que 52% se trouve en situation d’extrême pauvreté, avec moins de 1 $ (0,92€) par jour. Beaucoup d’entre eux vivent aussi dans la rue et l’accès à la santé n’est qu’un rêve quasi inaccessible, comme le précise Michelle Second : « A l’hôpital, il faut payer les médicaments, apporter sa nourriture. Et puis les hôpitaux manquent de tout. Une religieuse s’est rendue à l’un des meilleurs hôpitaux de Tana, il n’y avait pas un seul tensiomètre qui marchait. » La démographe ajoute néanmoins que « les médecins sont très bien formés. On retrouve beaucoup de médecins malgaches en Europe. Mais sur l’île, ils n’ont pas assez de matériel pour exercer correctement, il n’y a pas assez de structures car pas assez d’investissements ». Si l’on se réfère à l’adage malgache « ny fahasalamana no voalohan-karena » : la santé est la première des richesses. Depuis deux dernières décennies, des problèmes sanitaires persistent encore à Madagascar. D’après les chiffres de l’OMS, en 2016, le gouvernement malgache allouait 3% de son PIB. « 85% des habitants n’ont pas accès aux soins », déplore Michelle Second : « Il y a des dispensaires, des maternités, mais si tu as besoin d’une intervention et que tu n’as pas d’argent : tu meurs. »
Pour empêcher la propagation du virus, le président Andry Rajoelina a employé la stratégie du confinement. Celui-ci a déjà été rallongé deux fois de 15 jours. Une mesure qui n’a fait que remuer le couteau dans la plaie pour les populations les plus vulnérables de Madagascar. Mais depuis hier, le confinement s’allège. Trois villes ont été dé-confinées, notamment grâce à l’espoir que suscite le remède « Covid-Organic », vanté par le chef de l’Etat, qui lutterait contre le Covid-19. Développé par les chercheurs malgaches, ce remède contient de l’artemisia. Une plante aux airs de fougère cultivée sur l’île, contre l’avis de l’OMS.
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