Économie

Immobilier : Fin de la bulle

Porté par une dynamique prometteuse en ce début 2020, le secteur de l’immobilier a été coupé dans son élan par la crise du coronavirus. Pas de quoi entamer la confiance des acheteurs. Ils pourraient même profiter de la sortie de crise pour réaliser de bonnes affaires.

Antoine, âgé de 26 ans, a vu l’acquisition de son futur appartement dans le 17ème arrondissement de la capitale repoussée à une date ultérieure. Confinement oblige, lui et son vendeur ont été sommés de s’adapter à cette situation extraordinaire : « Je suis contraint de réaliser ma vente électroniquement. Ce n’est pas l’idéal mais en 2020, on trouve des solutions concrètes à une équation qui était insoluble il y a encore quinze ans. » Un décret paru le 4 avril dernier prévoit que les notaires peuvent établir un acte notarié sur support électronique en dehors de la présence des personnes signataires. Et ce jusqu’au 25 juin 2020, soit un mois après la fin de l’état d’urgence sanitaire. Après cette date, tout le monde devra être présent physiquement afin de sceller la transaction.  

L’optimisme d’Antoine est partagé par une majorité de Français. Bertrand Gstalder, président du groupe SeLoger, spécialisé dans les annonces immobilières, salue la confiance de ses clients : « Selon une étude réalisée auprès de 2 500 personnes par notre groupe, environ 70% des Français pensent que leur projet immobilier antérieur au confinement se concrétisera. Un résultat extrêmement encourageant si on prend en compte que l’enquête a été réalisée avant la perspective de déconfinement du 11 mai. » Antoine abonde dans ce sens, nullement inquiet par la conjoncture des événements : « Je pense sincèrement que cette crise sanitaire n’empêchera en aucun cas mon achat. Elle ne facilite pas les démarches administratives, j’en conviens. Mais tous les acteurs de l’immobilier font leur maximum pour tenter d’atténuer les effets du confinement. »

Les taux se resserrent

Avec un tel niveau de confiance des acquéreurs, quel frein pourrait entraver la reprise ? « L’augmentation des taux d’intérêt représente la première menace à court terme », concède le dirigeant du site d’annonces en ligne SeLoger. L’inquiétude est partagée par environ 54% des sondés de l’étude. Aujourd’hui, le taux moyen proposé s’élève à 1,20 % sur 15 ans et 1,40 % sur 20 ans. Pour Didier Bertrand, président de la Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM), cette légère hausse potentielle est à relativiser : « Si on remonte seulement deux ans en arrière, ces taux d’intérêt étaient largement supérieurs. Ce n’est pas inquiétant. Les banques s’adaptent à une situation exceptionnelle, mais ces taux se révèlent temporaires. »

Cependant, les conditions d’octroi d’un prêt immobilier ont fait l’objet d’un durcissement de la Banque de France fin 2019. Celles-ci doivent désormais limiter la durée des prêts à 25 ans et ne peuvent plus prêter au-delà de 33 % d’endettement. Selon la porte-parole de Meilleurtaux.com, Maël Bernier : « Les emprunteurs les plus faibles, les jeunes, vont être les premiers touchés. Le nombre d’emprunteurs issus de cette catégorie va donc inexorablement chuter dans les mois à venir », regrette-t-elle.

L’autre grande inconnue pour les futurs acquéreurs demeure la baisse des prix. Bertrand Gstalder l’envisage dans certains secteurs : « Les prix dépendront des zones. Il est peu probable que les prix chutent spectaculairement dans des secteurs comme Paris. Si on observe une augmentation des taux ou une diminution des emprunts accordés, certains vendeurs pourraient être incités à revoir leurs tarifs à la baisse. » Selon lui, deux scénarii émergent : soit une reprise fluide, soutenue par la confiance des acheteurs, « avec une adaptation logique des prix », soit un retour plus fragile, en raison d’un accès au crédit limité, « qui affectera le volume des opérations plutôt que leur valeur. »

Tant que le marché sera enclin à un ajustement de ses montants, et tant que l’accès au crédit ne sera pas trop circonscrit, la relance du marché de l’immobilier devrait s’effectuer dans des conditions optimales.

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Etudiant en journalisme à l'ISCPA, je suis à la recherche d'un stage de trois mois au sein d'une rédaction de presse française ou espagnole.

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