International

Au front du virus

Sarah, psychomotricienne dans un EHPAD situé à quelques kilomètres de Paris. Elle raconte l’arrivée du virus dans son établissement, une organisation obéissant à des protocoles stricts qui ne laisse passer aucun écart. 

Bilans psychomoteurs, évaluations cognitives, atelier mémoire, séances de relaxation, ateliers danse, c’était le quotidien de Sarah avant que la pandémie ne touche l’hexagone. Elle le précise « ça c’était avant le covid-19 puisque maintenant je suis essentiellement dans la prise en charge individuelle d’urgence ». Un axe de travail complétement diffèrent auquel elle fait face depuis plusieurs semaines. 

Une quinzaine de patients sont actuellement positifs dans la résidence, un EHPAD qui a résisté longtemps à l’arrivée du coronavirus. La direction a anticipé dès le départ « Nous avons pris les devants, anticipé au vu de tout ce qui se passait dans le monde. Un protocole très strict s’est mis en place. Au début nous n’avions aucun cas de covid-19, nous sommes restés très longtemps loin du virus. Nous avons été parmi les établissements qui ont le plus épargnés en France. » Suivant des directives très strictes, l’établissement a mis l’ensemble de ces patients en chambre d’isolement pour limiter au maximum les risques de contamination. Sarah explique fermement « Actuellement, covid ou pas covid, tout le monde est en isolement nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des risques. Quand on descend un patient d’un étage à un autre, nous appuyons nous même sur les boutons de l’ascenseur par exemple. Et dans ce cas le résident porte le masque en appliquant comme nous les mesures barrières. »

Avec un nombre de contaminés relativement bas, et aucune pénurie à déclarer pour le moment, Sarah s’estime chanceuse : « la direction a pris ces précautions, des blouses individuelles lavables nous ont été amenées, on a tout ce qu’il faut pour soigner au mieux nos patients ». Cependant le gâchis de matériel est formellement interdit : « on a tous ce qu’il faut, mais on fait quand même attention », car nous sommes en flux tendu au niveau du matériel. », elle rajoute « nous changions nos masques toutes les deux heures quand il était nécessaire de les porter pour une raison ou pour une autre , avant le coronavirus, maintenant c’est uniquement le midi . Un matériel précieux qui se manipule une nouvelle fois avec des directives strictes, « quand on enlève son masque pour boire, il est interdit de le laisser le long de son cou, toujours le garder attaché à l’oreille e de le manipuler uniquement par les fils. Cela va jusque là  pour éviter la contamination du masque par le virus qui peut se poser sur la peau ou être manuporté ». Pour canaliser ». Pour canaliser la propagation de l’épidémie, son EHPAD a reçu des tests à domicile pour éviter les déplacements dans les hôpitaux.. Elle tient à mettre en garde sur l’utilisation de ceux-ci, « il peut être faux négatif quand c’est testé trop tôt, à ce moment-là le virus n’est pas forcement repérable ». L’ensemble des patients de son service sont régulièrement testés depuis la directive du gouvernement. Les familles peuvent progressivement revenir pour voir leurs proches à l’annonce des visites accordées par le gouvernement le 20 avril. Cependant ceci se déroule avec un protocole très strict en plus application des mesures barrières de base.

Les visites dans les EHPAD sont autorisée depuis le lundi 20 avril (Crédit: Pixnio)

Les visites, un stress supplémentaire

Le droit de visite est accepté, les personnes contaminées peuvent à présent revoir leurs proches, tout en respectant des règles. Sarah reçoit quotidiennement des formations sur les nouveaux protocoles à suivre, au vu des changement récurrents des directives du gouvernement. Les rendez-vous pour fixer les visites sont pris par le personnel soignant pour éviter une abondance d’appels de la part des familles. Les entrevues durent vingt-minutes maximum, avec une distance de sécurité : «sécurité : « On peut faire venir une personne à la fois par résident. La personne qui vient sur place est installée dans le jardin et le résident est lui installé  au rez-de-chaussée dans une salle que l’on utilise d’habitude pour les activités. ». Ils ont chacun un téléphone pour communiquer à travers la fenêtre.« 

Par la suite, le proche du patient arrive par le jardin de la résidence, qui se trouve en face de la salle d’activité. Le rituel d’équipement en $ blouses et de masques est prévu à l’avance. Sarah précise que pour les personnes souffrant de défaillance auditive : « le résident reste dans la pièce à distance, un téléphone est mis à sa disposition pour communiquer avec le membre de sa famille », sans pour autant avoir le moindre contact corporel. La psychomotricienne reste vigilante sur les règles à respecter, elle assiste à des appels par visio-conférence de ces patients à leurs familles : « L’ambiance sera meilleure au sein de la résidence, depuis un mois ces personnes n’ont communiqué qu’avec un écran. » Le droit de visite est une charge de travail supplémentaire pour Sarah mais elle est heureuse de le faire pour le bien des résidents qui en avaient grandement besoin.

La  revalorisation des salaires pour le personnel médical est une promesse du Président de la République. Quand on lui demande son avis sur ce sujet, Sarah précise : Cela fait des années que je manifeste pour ces droits et pour un réel investissement de l Etat pour les hôpitaux les structures de soins, j’espère que le changement est proche et que le travail que je fais ainsi que celui de mes collègues fera bouger les choses.  Nous demandons la revalorisation de nos salaires et l’augmentation des effectifs, plus que nécessaire. Et cela ne peut se faire qu’avec un consensus et une prise de conscience aussi bien du gouvernement que des groupes privés gérant ce type de structures» Dans les hôpitaux,le nombre de patients en réanimation diminue au fil des jours ce qu’elle considère comme « encourageant » pour les prochaines semaines à venir. Après la vague du coronavirus, la nouvelle politique de santé est très attendue par le monde médical, ainsi que par les patients et leurs proches.

+ posts

Je suis une étudiante de troisième année en journalisme à l'ISCPA Paris. J'aime traiter des sujets politiques, sportif et culturels.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

X