La panique et la tension se sont emparées de la ville de Villeneuve-la-Garenne, ce samedi soir, après un violent incident impliquant les forces de l’ordre et un motard de 30 ans. Un événement qui ouvre la porte la polémique sur les contrôles de police ciblés pendant ce confinement.
Paris sous les bombes, un titre aussi culte qu’équivoque du groupe NTM qui pourrait bien faire écho à la tension existante dans les rues de Villeneuve-la-Garenne. Les feux d’artifices ont embrasé la commune des Hauts-de-Seine, dans la nuit de dimanche à lundi, au cours d’échauffourées entre habitants et forces de l’ordre. En cause, le violent incident survenu, ce samedi soir, impliquant la police et un motard âgé de 30 ans. Grièvement blessé à la jambe, ce dernier s’est vu fauché, en pleine vitesse, par la portière ouverte d’un véhicule des forces de l’ordre. L’enquête devra tout d’abord stipuler du caractère volontaire ou non de cet acte. La vidéo de l’individu gisant sur le sol a déclenché une révolte sur les réseaux sociaux. Si l’indignation quant à une bavure policière est largement exprimée, la supposée entrave aux règles de confinement l’est également.
Deux enquêtes ont d’ailleurs été ouvertes selon les informations du Parquet de Nanterre. La première d’entre elles vise l’homme de 30 ans pour des faits dits de « rodéo urbain » et de « mise en danger d’autrui ». La seconde enquête également, sur les outrages et menaces de morts qui auraient été proférées à l’encontre des policiers durant les échauffourées. L’Inspection générale de la police nationale (police des polices) pourrait être saisie après la plainte déposée par l’avocat du blessé pour violences aggravées.
Les quartiers plaident la persécution policière
Cet événement vient renforcer la méfiance des « banlieusards » quant à ce qu’ils jugent comme des abus de la part des forces de l’ordre. Si les tensions entre la police et jeunes de banlieue existent depuis de très longues années, il semblerait que cette période de confinement les exacerbent, avec le renforcement considérable des contrôles de police en raison des restrictions. Une atmosphère tendue, qui alimente encore plus le débat sur les contrôles au faciès et le traitement des policiers à l’égard des habitants des quartiers. « Il y a une vraie stigmatisation des policiers à l’encontre des gens issus des quartiers, c’est évident qu’on ne va pas contrôler Mamadou Diallo et Monsieur Dupont de la même manière, déclare Slim Ben Achour, avocat engagé dans la lutte contre les abus de contrôles policier. Il suffit de regarder la différence actuelle de traitement entre les habitants du 5ème arrondissement et ceux de Seine-Saint-Denis pour se rendre contre de la culture discriminatoire existante. Les gens veulent juste l’égalité, sans se sentir obligé de s’excuser quand ils la demandent. »
Un rejet difficile à vivre pour les policiers
Considérée comme abusive par de plusieurs associations en lien avec la Ligue des droits de l’Homme, ou encore qualifiée de guet-apens pas Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police SGP-FO, la présence de la police en banlieue est on ne peut plus clivante. Souvent considérée persona non grata au sein des quartiers dits sensibles, les forces de l’ordre jouissent d’une image peu glorieuse dans ces zones, surtout après le récent épisode de Villeneuve-la-Garenne. Un rejet assumé qui fait planer indignation et frustration chez les officiers de police.
« Je trouve la défiance envers les policiers absurde, s’insurgeait Guillaume Lebeau, policier à Gennevilliers sur le site du journal Le Pèlerin. Nous ne demandons pas que tout le monde nous fasse des câlins, mais de là à nous détester… Nous sommes là pour aider, protéger, pas pour faire du mal. On nous accuse de racisme, je n’ai pour ma part jamais arrêté une personne parce qu’elle était de couleur. »
Un discours, aux antipodes de celui des habitants de quartier et de leur porte-parole, démontrant la fracture et la non-communication existante entre les deux parties.