L’oncologue Nelson Teich a rejoint le gouvernement de Jair Messias Bolsonaro pour remplacer l’ex-ministre de la Santé, Luiz Henrique Mandetta, le dissident. Cet oncologue sorti de l’inconnu a en fait été choisi consciencieusement.
Nelson Teich est entré dans les rangs. Diplômé de l’Université de Rio de Janeiro, Nelson Teich s’est spécialisé en oncologie à l’Institut National du Cancer (INCA) avant de se spécialiser en Science et Économie de la Santé à l’Université York, en Angleterre. Il se destine à devenir un homme d’affaires et chef d’entreprise. Il fonde le groupe COI (Clinicas Oncologicas Integradas) et en prend la direction, jusqu’en 2018 où il participe à la campagne présidentielle en conseillant le futur président Jair Bolsonaro dans le domaine de la santé. Ces premiers pas dans la politique ne lui ont pas valu le poste de ministre de la Santé. Luiz Henrique Mandetta, ancien député, semble être l’homme de la situation car, le gouvernement du « Trump des tropiques » peine à obtenir les faveurs du Congrès. « Nelson Teich sort de nulle part un peu comme les ministres de Bolsonaro » indique Neto Tavares, avocat constitutionnel au Brésil et membre du Réseau Européen pour la Démocratie au Brésil. Dans les coulisses, depuis septembre 2019, le dr. Teich conseille le Secrétariat de la science, de la technologie et des apports stratégiques (SCTIE) du ministère de la Santé.
Premier pas dans une pandémie
Teich est considéré par la classe médicale et par les hommes d’affaires du secteur comme un professionnel qui agit de façon très technique sur des données cohérentes. De 2010 à 2011, il a fourni en tant que consultant, des conseils en économie de la santé à l’un des hôpitaux les plus prestigieux d’Amérique latine, l’hôpital Albert Einstein à Sao Paulo. Il fut membre du projet « OncoRede » de l’Agence nationale de la santé complémentaire (ANS), dédié à optimiser le modèle de soins pour les patients cancéreux bénéficiant de soins de santé privés, dont son groupe COI a été partenaire de l’opération. Selon lui, la santé et l’économie doivent être discutées et évaluées ensemble. « La vie n’a pas de prix, mais l’économie doit revenir à la normale pour préserver l’emploi. Pas le plus rapidement possible, j’en ai parlé au docteur Nelson (Teich), mais il faut commencer à penser à un assouplissement », précise Bolsonaro. Alors, pour celui qui veut retrouver au plus vite une activité économique florissante dans son pays, Nelson Teich a été taillé pour le rôle.
Néanmoins, être ministre de la Santé ne s’improvise pas. Henrique Mandetta avait déjà une expérience politique en tant que député. Il appliquait très strictement les recommandations de l’OMS. Par exemple, il affirmait vouloir un confinement dit « horizontal », un confinement général de la population. Ce que soutenait Nelson Teich dans un post Linkedin, une semaine avant d’être nommé. Pourtant, c’est avec cette méthode que H.Mandetta a été pressé vers la porte de sortie. Nul doute que son successeur ne va pas reproduire les mêmes erreurs. Bolsonaro souhaite limiter le confinement aux personnes âgées et fragiles, pour ne pas freiner l’économie. « Le remède ne peut pas avoir d’effets collatéraux plus nocifs que la maladie », a rétorqué J.Bolsonaro lors d’une autre conférence de presse, évoquant une « reprise progressive » des activités économiques.
Le nouveau ministre prend ses fonctions alors que le Brésil n’a pas encore atteint le pic épidémique et les chiffres continuent de grimper. 38 654 cas confirmés de Covid-19 et 2 462 personnes en sont décédées. Pourtant, la situation actuelle au Brésil est largement sous-estimée. C’est ce qu’indique Otavio Clark, vice-président du service Oncologie à Kantar Health, un centre d’études de la santé. Sur la base de données nationales brésiliennes, il analyse que : « Pendant deux jours, le nombre de cas de Covid-19 semblait diminuer au Brésil. Tout cela parce que le nombre de tests effectués était faible. Aujourd’hui, il y a eu un (énorme) bond du nombre de cas signalés – 1 138 sur la journée, contre 323 la veille. Presque quatre fois plus. » Par des post Linkedin et des conférences officielles, le ministre de la Santé appelle dorénavant à l’isolement « verticale », avec des tests de masse et une collecte de données pour en savoir plus sur la maladie et, ainsi, annoncer une politique axée sur les résultats scientifiques pour établir une meilleure stratégie contre la pandémie.
Le nouveau ministre a un lien fort avec le secrétaire à la communication de la présidence, Fábio Wajngarten. Nelson Teich a ravi la branche militaire et les conseillers de Bolsonaro en apportant des données et un plan d’action pour faire face à la crise. Son profil discret et méthodique pèse en faveur de la nouvelle commande du président.
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