Plus personne n’emprunte les canaux de la capitale, l’eau est silencieuse, elle n’ondule plus. Amsterdam s’est vidée de ses touristes, seuls ses habitants profitent encore du parc qui jouxte le Rijksmuseum. Dans la ville calme, les Amstellodamois ne changent pas leurs habitudes.
Le jardin du presbytère de Nuenen au printemps a été volé, 167 ans jour pour jour après la naissance de son auteur, le peintre Vincent Van Gogh. Presque sans un bruit puisque le musée Singer Laren, près d’Amsterdam, est fermé depuis plus d’un mois maintenant pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Au cœur de la capitale, le mythique musée Van Gogh est fermé lui aussi.
D’après Romain, « la ville a complètement changé ». Cet expatrié français remarque que d’ordinaire, « il y a énormément de touristes à Amsterdam ». Les rues sont donc plus tranquilles, même si, « ça dépend des quartiers ».
Romain habite à Jordaan, à l’ouest de la vieille ville. Ancien quartier ouvrier et huguenot, Jordaan est aujourd’hui « très bobo ». Un joli village d’artistes, où « beaucoup sont encore dans les rues à se balader ou à prendre le soleil », malgré le confinement.
Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement hollandais a parié sur « l’immunité collective ». Dans une allocution télévisée, le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte a détaillé la stratégie choisie pour lutter contre le coronavirus. Elle consiste à laisser les personnes moins vulnérables attraper le virus, tout en protégeant les plus fragiles.
Certaines mesures ont été décidées afin de limiter les contacts. De nombreux lieux et commerces ont été fermés et les rassemblements ont été interdits. Les Néerlandais vivent toutefois quasiment comme d’habitude, sachant que la population est simplement invitée à rester chez elle et à privilégier le télétravail. Les Pays-Bas misent donc sur le sens des responsabilités de chacun. « C’est un confinement assez libre : on peut sortir autant qu’on veut sans être contrôlé, on ne peut pas être plus de 3 personnes et on doit toujours respecter 1,50 mètre de distance », détaille Romain.
Alors que d’autres, comme la Grande-Bretagne, préfère faire marche arrière, Mark Rutte a assuré lors d’une conférence de presse qu’il n’y aurait pas de changement de cap.
Des millions de fleurs détruites chaque jour
« Pile quand la saison commence, le confinement est décrété (…) toute la saison est complètement fichue en l’air », déplore Romain. En pleine saison des tulipes, les horticulteurs néerlandais sont obligés de détruire leurs fleurs à cause de la fermeture des marchés. Face aux invendus, « la seule solution est de les détruire », a déclaré Michel van Schie, porte-parole de Royal FloraHolland, une des plus grandes maisons de vente aux enchères de fleurs. Elle estime que « 70 à 80% de la production totale (de fleurs, ndlr) est en train d’être détruite » aux Pays-Bas.
« Les gens se découvrent une passion pour les tulipes », explique aussi Romain. A cause du confinement, ils sont de plus en plus nombreux à venir piétiner les immenses champs jaunes, roses ou rouges aux abords d’Amsterdam lors de leurs promenades.
« 1h30 d’attente pour pouvoir acheter de quoi fumer »
Dans le cadre de leur politique contre le Covid-19, le gouvernement néerlandais a ordonné la fermeture de toutes les écoles, théâtres, bars … et des coffee-shops. « A peine une demi-heure après l’annonce du gouvernement, il devait y avoir 1h30 d’attente pour pouvoir acheter de quoi fumer (…) tout le monde s’est rué là-bas », raconte Romain. En file indienne, les clients attendaient sagement de faire leurs réserves de marijuana, ne sachant pas quand les coffee-shops pourraient rouvrir. Le cannabis est illégal aux Pays-Bas, mais la vente et la consommation de cinq grammes (maximum) de cannabis par personne est tolérée depuis 1976. « Mais pour être franc, quand j’y suis allé, les gens achetaient par paquet de 20 grammes », affirme Romain.
D’après le Monde, les patrons d’établissements affirment que la fermeture de leurs enseignes risque de faire prospérer les groupes criminels qui ont déjà la main sur la culture du cannabis. Rapidement, des dealers ont distribué des prospectus dans les files d’attente pour proposer leurs marchandises. Des produits vendus entre 20 et 30€ le gramme, sachant qu’il vaut en moyenne 10€ dans les cafés. « Au final, c’est parti tellement loin sur le marché noir qu’ils ont ré-ouvert tous les coffees », affirme Romain « mais uniquement en take away ». En parallèle, d’autres institutions néerlandaises attendent aussi leur réouverture : les sex clubs et maisons closes du Redlight. Désormais, de nombreuses prostituées sont contraintes d’exercer à domicile pour survivre, en proie à l’insécurité financière et physique.
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