Jeudi 16 avril, Christophe Castaner a été auditionné par la commission des lois du Sénat. La question essentielle de la protection des policiers et gendarmes face au risque de contamination au Covid-19 a largement été évoquée.
Avant de débuter l’audition, le président de la commission des lois, Philippe Bas, a jugé nécessaire de préciser la nature de cette mission : « C’est une mission de suivi, cela n’est pas une commission d’enquête. Elle s’inscrit dans un cadre coopératif avec le gouvernement. » La courte introduction du sénateur de la manche fut suivie des propos préliminaires excessivement longs du locataire de l’hôtel de Beauvau.
Sur les quelques 24 minutes de louanges à l’égard de l’action du ministère de l’Intérieur, certaines informations présentées par M. Castaner méritent néanmoins une attention particulière. Sa mission est de faire respecter le confinement. C’est pourquoi il précise que « 100 000 policiers et gendarmes sont déployés en permanence. » Il précise notamment que la principale instruction qu’il a donnée aux forces de l’ordre a été de « protéger les français en premier. » Ainsi dans cette logique, le locataire de l’hôtel de Beauvau a admis volontiers : « La verbalisation est à mon sens déjà un échec. » Cela soulève un fait important : assez peu de verbalisations ont été décomptées par rapport au nombre de contrôles. Au pointage du mercredi 16 avril, seules 762 106 personnes ont été verbalisées sur les 12,6 millions de contrôles.
Une doctrine contradictoire
Le ministre de l’Intérieur en vient, brièvement, à la fin de son exposition introductive, à la question épineuse de la protection des policiers et gendarmes. Ce sujet a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses questions. « Nous devons être attentifs à la protection de nos forces de sécurité intérieures ». M. Castaner affirme l’avoir été. Il s’est alors enorgueillit d’avoir, dès la mi-mars, « demandé à ce que des kits de protection soient distribués dans toutes les voitures de police et de gendarmerie. » Or, il omet de préciser que, d’une part, l’épidémie avait à cette date déjà largement progressé en France et, d’autre part, ce choix a été pris sous la pression des syndicats de policiers, indignés et effarés de ne pas disposer des équipements de protection nécessaires.
Il s’est d’ailleurs justifié en reprenant la « doctrine sanitaire » du gouvernement, laquelle exhortait dès le début de l’épidémie à respecter en priorité les mesures de distanciation sociale et les gestes barrières. Il a depuis été prouvé que les masques étaient indispensables, au même titre que les gestes. C’est pourquoi la doctrine du ministère de l’Intérieur a évolué et ils demandent désormais aux policiers de porter un masque s’ils considèrent que la personne qu’ils contrôlent présentent des symptômes.
À ce propos, M. Castaner évoquait qu’il est de la responsabilité des policiers de décider de porter un masque ou non en fonction de leur appréciation de la situation et de l’individu qu’ils contrôlent. Or, et Philippe Bas le souligne : « Comment les policiers et gendarmes peuvent-ils porter une telle appréciation sur les usagers de la route qu’ils vont contrôler à la sortie des péages ? » L’interrogation du sénateur de la Manche est d’autant plus saisissante que la majorité des personnes porteuses du virus ne présentent pas de symptômes. La doctrine en matière de protection des forces de sécurité intérieures semble, sur ce point en tout cas, contradictoire.
L’ancien délégué général de La République En Marche s’en remet finalement à la remarque de son Premier ministre. « Le monde connaît une tension forte sur les masques » ; en interprétant le problème ainsi, Christophe Castaner se cache derrière l’essentiel : le ministère de l’Intérieur n’a pu réagir rapidement en fournissant des masques aux policiers et gendarmes du fait de l’impréparation de la France à cette crise.
Étudiant en troisième année, je suis particulièrement intéressé par les sujets : politique, géopolitique et économie.