Dans son rapport quotidien, le gouvernement uruguayen rappelle à chacun de rester confiner afin d’enrayer la propagation du coronavirus. Un confinement social conseillé, plus qu’imposé dans un pays qui tient à maintenir son économie à flot.
Entre la Puerta de la ciudadela, vestige de la vieille ville et l’imposant Palacio Salvo, s’étend la Plaza Independencia, cœur névralgique de Montevideo, désormais bien triste. Autour d’elle, seule l’architecture hétéroclite de la ville, mêlant influences espagnoles, italiennes et art déco, égaye une atmosphère pesante. Plus au sud, l’immense Rambla, qui sépare la ville des rives du Rio de la Plata, est aussi déserte. C’est là que Michelle aime se promener d’ordinaire. Ce qui lui manque le plus, « ce sont les balades dans le parc ou sur les plages pour prendre un peu l’air ». Cette jeune graphiste montevidéenne se retrouve aujourd’hui cloîtrée chez elle, dans le quartier bourgeois de Carrasco.
Depuis que le président de la République, Luis Lacalle Pou, a annoncé l’état d’urgence sanitaire à cause du coronavirus, « la ville est beaucoup plus calme (…) on voit encore du mouvement dans les rues mais en général, elles sont plutôt vides », estime-t-elle. Toutefois en Uruguay, le gouvernement n’a pas adopté de confinement total. « Il est fortement recommandé mais pas obligatoire, les autorités demandent simplement aux Uruguayens de rester chez eux. »
Tout de même, depuis le 13 mars, le gouvernement a pris plusieurs mesures afin de limiter la propagation du virus. Le pays a fermé ses frontières aux ressortissants étrangers mais aussi à l’Argentine et au Brésil. Aucun vol en provenance de l’Europe ou d’autres pays « à risque » (tel que Singapour ou la Chine) n’est accepté. Touristes et étudiants étrangers doivent donc s’organiser pour rester plus longtemps que prévu en Uruguay.
De plus, pour éviter les rassemblements, de nombreux lieux publics comme les plages ou les parcs ont été fermés. Cinémas, théâtres, musées ou lieux de culte sont également clos puisque toutes manifestations ou évènements ont été suspendus ou annulés. En somme, seuls les magasins alimentaires et les pharmacies restent ouverts. Il est aussi recommandé aux entreprises de privilégier le télétravail autant que possible.
« Le gouvernement insiste sur le confinement (…) mais au final, le contrôle n’est pas très fort », d’après Michelle. En fait, le gouvernement préfère inciter à l’isolement social (une grande campagne de sensibilisation et d’information est d’ailleurs menée afin de faire connaître le virus et la manière de s’en prémunir), plutôt que le pays ne soit à l’arrêt. « Nous concentrons nos efforts pour que l’économie continue à fonctionner. Les moteurs de l’économie ne doivent pas s’éteindre », a d’ailleurs déclaré la ministre de l’Economie, Azucena Arbeleche.
Une politique solidaire, scolaire, et sanitaire
Pour maintenir l’économie aussi active que possible, et faire face aux lourdes conséquences de l’épidémie, le gouvernement a lancé une série de mesures économiques et sociales. Plusieurs millions de pesos sont ainsi alloués pour aider les populations : « Le gouvernement distribue des paniers alimentaires pour les familles en difficulté », affirme Michelle. Mais la mesure phare est celle de la baisse du salaire du président, des ministres et d’une partie des fonctionnaires et retraités de la fonction publique (à l’exception de la santé). Des économies destinées à alimenter le « fond coronavirus » créé par le gouvernement afin de financer la lutte contre le virus.
En ce qui concerne l’éducation : « Pour l’instant les écoles et les lycées sont fermés mais les élèves continuent leurs études virtuellement », explique Michelle. En Uruguay, les élèves confinés profitent d’une politique éducative unique. Depuis 2007 et le plan Ceibal, tous les élèves de l’enseignement public disposent gratuitement d’une tablette ou d’un ordinateur portable. Différentes plateformes éducatives ont aussi été développées et depuis la fermeture des établissements, elles enregistrent des records de fréquentation.
L’Uruguay enregistre à ce jour 492 cas de contamination au Covid-19 et et 8 décès. Pour contenir l’épidémie, le gouvernement souhaite lancer une politique de dépistage massif et espère pouvoir bientôt réaliser au moins 1000 dépistages quotidiens. Depuis peu, le port du masque est aussi fortement recommandé. Toutefois, « même si les gens font attention en gardant leur distance, beaucoup ne portent pas de masque ou ne savent pas comment le porter correctement », raconte Michelle.
Bien que l’épidémie évolue lentement dans le pays, le confinement partiel est critiquée par l’opposition de gauche. L’ancien président, et oncologue de formation, Tabaré Vazquez, a appelé à un confinement strict et obligatoire pour protéger les Uruguayens.
Etudiante à l'ISCPA, je recherche un stage (ou une alternance) de 2-4 mois dans une rédaction presse française.
Joignable sur mon LinkedIn (Estelle Hersaint)