Économie

Les reines du web : les cam girls explosent leurs activités

Internet est une fenêtre sur des milliers d’attractivités très divertissantes, comme les sites de cam girls. Les 3/4 des Français étant confinés, l’activité de ces services n’a jamais autant explosé depuis cette période de crise sanitaire, notamment celle de la jeune Sophie*.

11 h 30. Rideaux entre ouverts. Le temps de se prendre un café et de sauter dans la douche, la jeune femme se dirige directement vers son ordinateur. « C’est fou depuis un mois, matin, midi et soir, il y a toujours du monde sur les plateformes de cam », déclare-t-elle. Webcam allumée, Sophie réajuste son haut noir et met un peu de gloss : sa journée de travail peut commencer. 

Sur sa session de cam girl, une dizaine d’internautes sont déjà présents. Solitaires, lève-tôt ou curieux, voilà les profils typiques qu’elle croise le matin. Sur le tchat, elle commence la conversation. L’un d’eux lui demande, comment se passe son confinement, si ce n’est pas trop compliqué d’être enfermée seule. « Depuis qu’on est confiné, c’est vrai qu’avec les clients, on discute un peu de la situation actuelle, explique-t-elle. Les hommes me racontent leur confinement, c’est assez drôle au final. » Après cet entretien courtois, l’un d’eux lui demande une entrevue privée.

La jeune femme ne chôme pas. Depuis le début du confinement, elle remarque que le nombre d’inscriptions est monté en flèche, autant du côté des cam girls que des internautes : « J’exerce ce travail depuis quelque temps maintenant, mais je n’ai jamais vu autant d’activité sur le site. Il y a des connexions 24/24. » Son nombre de clients a presque triplé en quelques semaines, il est passé d’une moyenne de quatre-cinq à une dizaine de rendez-vous hebdomadaires. 

Le bonheur pour elles, l’angoisse pour eux

Certains internautes ont leurs petites habitudes et préférences, mais confinement oblige, l’intimité d’un foyer ne se prête pas nécessairement à ces virées virtuelles. « J’ai un de mes clients avec qui j’échange beaucoup, mais il est marié. Pour lui, c’est l’angoisse. Chaque fois qu’on se parle, il a peur de se faire prendre par sa femme. » Une situation cocasse, qui n’arrange pas les affaires de Sophie. Être avec une femme au foyer est pour elle synonyme de visites furtives de la part du client, donc un manque à gagner.

Sa prestation la plus prestigieuse : ses shows privés. « J’ai remarqué que certains clients reviennent assez régulièrement sur mon profil pour démarrer une session plus intime. Je ne vais pas me plaindre, ça me rapporte plus d’argent. » Pour ces moments d’intimités, la cam girl sort tout l’attirail pour répondre aux fantasmes de chacun : jarretière, ensemble en dentelle, kimono … 

12h30. Sophie décide de faire une pause : « En ce moment, je suis active sur mon profil deux à trois heures par jour. Selon mon humeur, je me connecte environ cinq fois par semaine. » En allumant une cigarette, elle fait le tour de ses réseaux sociaux et regarde les dernières actualités. Sophie est une jeune fille comme les autres, en dehors de son activité, elle ne se sent pas différente.

Le confessionnal sans dessous 

Après s’être dévêtue, la jeune cam girl se dévoile. Elle confie que cette activité n’est pas son principal métier, mais plutôt un complément financier : « Il faut arrêter de croire que l’on gagne des milliers d’euros. Les plateformes retirent un certain pourcentage de mon revenu, en ce qui me concerne c’est environ 40 %. » Sourire en coin, elle estime que son secteur, celui de la prostitution et du porno sont beaucoup trop stéréotypés : « C’est un travail, il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles. Je mets aux défis tous ces donneurs de leçons de faire une prestation, surtout en ce moment. »

Mais un point la chagrine depuis le début du confinement : le revenge porn : « Ce sont souvent des jeunes femmes naïves qui deviennent des cam girls. Certaines ne savent pas qu’il y a énormément de personnes mal intentionnées qui te prennent en vidéo pour la publier sur des sites pornographiques. » Elle a également remarqué sur son profil l’arrivée de beaucoup de nouveaux internautes qui ne comprennent pas le principe même d’une cam girl : « Ils me prennent pour une poupée multitâche. » Cigarette terminée, Sophie regarde les rayons de soleil traversant son studio et espère, comme les trois milliards de personnes confinées, sortir de chez elle très prochainement. 

* (le prénom a été modifié)

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Apprenti journaliste en quête de l'inconnu. Toujours à la recherche de sujets atypiques qui font bouger notre société.

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