100 milliards d’euros, c’est le montant du plan d’urgence annoncé hier par le Premier ministre Edouard Philippe. Alors que le déficit budgétaire français pourrait atteindre 9% du PIB, la crise liée au confinement s’annonce néanmoins comme une catastrophe économique pour les petites et moyennes entreprises.
En France, 900 000 entreprises ont déjà demandé l’aide de l’État. Au conseil des ministres, Edouard Philippe a apporté plus de précisions sur ce fonds d’aide qui leur sera alloué. Parmi ces financements figurent l’octroi d’une aide de 1 500 euros, le report des charges sociales et fiscales ou encore l’activité partielle renforcée. Mais les entreprises et syndicats insistent cependant sur la nécessité de ne pas faire durer l’arrêt des activités économiques, l’État ne pouvant indéfiniment les indemniser.
Laetitia Manceau est propriétaire de trois boutiques de prêt-à-porter dans le centre-ville de Rennes. Elle est seule à en assurer la gestion administrative. Aujourd’hui, toutes sont fermées. « On attend la reprise », admet celle qui considère que « tout a été fait à l’envers » par le gouvernement. « C’est comme ça, on n’a pas le choix », conclut Laëticia, résignée. De nombreuses petites entreprises indépendantes ont dû mettre leur activité de côté, le temps du confinement. Un ralentissement de leur activité qui n’est pas sans conséquence sur les petites et moyennes entreprises (PME) ou les indépendants.
Un report des charges et une aide de 1 500 € jugés efficaces
Pour tenter d’aider les PME, l’État a d’abord annoncé la mise en place d’une aide financière de 1 500 euros. Attribuée par région, celle-ci doit être demandée depuis des plateformes en ligne listées depuis le site du gouvernement. Le report des charges sociales et fiscales doit, quant à lui, s’effectuer auprès de l’Urssaf. Près de 550 000 entreprises de moins de 50 salariés ont déjà bénéficié de ce report, pour un montant de 3.6 milliards d’euros. Cédric L.Sambas, expert-comptable, explique que le report des charges « peut être mis en place très rapidement à la demande de l’entreprise ou du tiers mandaté par l’entreprise pour les calculer et les déclarer ».
Les experts comptables disent toutefois rencontrer quelques difficultés. En cause, la saturation des services de l’État, et des problèmes techniques tels que « le délai de 48 heures d’obtention des codes d’activation de l’entreprise, qui n’est pas souvent respecté, ou l’assistance technique qui est quasi inexistante et quasi injoignable ».
À l’image du report de charge, l’aide de 1 500 euros subit des difficultés techniques. Pierre Kuchly est le vice-président de la CPME nationale, la Confédération des petites et moyennes entreprises. Pour lui, « Le seul problème, c’est quand une personne fait une erreur, par exemple si la personne ajoute son RIB personnel au lieu du RIB de l’entreprise. » Des modifications devraient toutefois être apportées à ces outils, mais ces aides ne seront pas suffisantes pour aider les entreprises à traverser la crise économique.
« Cette crise ne peut pas durer : l’État n’a pas les moyens »
Plusieurs autres aides aux entreprises ont également été annoncées, comme l’activité partielle renforcée ou les prêts garantis par l’État. L’efficacité des mesures mises en place auprès des banques semble pourtant variable. Pierre Kuchly constate que si « certaines banques jouent le jeu, d’autres le font moins ». Il ajoute avoir entendu parler « de banquiers qui ont accordé des découverts, et proposent maintenant de changer cette dette en un prêt.. mais pour l’entreprise, cela revient à 0 ». Concernant le prêt garanti par l’État, Cédric explique qu’il dépend lui aussi « du traitement du dossier par les banques : certaines demandent plus de documents que d’autres ». D’ailleurs, il précise qu’un de ses clients « a même dû se porter caution personnelle pour avoir le prêt ! »

En résumé, Cédric L.Sambra considère que « Les aides sont encore trop longues à obtenir en cette période d’urgence sanitaire et d’urgence économique. » Pierre Kuchly à la CPEM estime quant à lui que « Le gouvernement a plutôt bien réagi : les organisations patronales ont fait remonter des demandes, elles ont été entendues. »
Le vice-président de la Confédération nationale des petites et moyennes entreprises milite cependant pour que « les charges sociales et fiscales soient abandonnées par l’État, même après la levée du confinement, car la sortie de crise va être très difficile ». Il espère ainsi que les demandes des petites entreprises et des indépendants continueront d’être entendues tout au long de la crise économique liée au confinement de la France.
Étudiante en journalisme à l'ISCPA, je m'intéresse particulièrement aux affaires politiques et internationales. Je suis active sur Twitter (@AngelaLebreton) et LinkedIn (Angela Lebreton).