Alors que la crise sanitaire ne connaît pas de répit, les entreprises de pompes funèbres doivent s’adapter et prendre des précautions pour leurs employés. Le secteur funéraire fait de son mieux pour traiter les demandes des familles endeuillées.
Souffrants d’un manque de matériel de protection, les employés du secteur funéraire ont eu peur de ne plus avoir accès à ces équipements, tant leurs stocks ont été consommés très rapidement. En effet, alors évincé de la liste des professions prioritaires, le secteur funéraire s’est inquiété pour la sécurité sanitaire de ses employés, les tenues et les masques étant réservés aux personnels prioritaires. Face aux inquiétudes de plus en plus vives, les différents dirigeants d’entreprises funéraires ont contacté le 17 mars, le ministère de l’Intérieur. A force de persévérance, les opérateurs funéraires sont finalement inscrits sur la liste des professions prioritaires à partir du 27 mars. La mesure permet aux établissements de passer commande afin de remplir des stocks qu’ils ne pouvaient jusqu’alors recharger.
Le directeur de Funecap, numéro deux du secteur, Thierry Gisserot, estime que les instructions n’ont pas été suffisamment claires. Il revient sur les consignes quant à la gestion des corps : « En temps de crise, les règles sont parfois très changeantes, ça a été le cas. Au début, l’indication était de mettre en bière immédiatement les défunts puis le gouvernement a changé d’avis avant de revenir sur sa décision. » Mais ce n’est pas le seul problème, le nombre de personnes autorisées à assister aux cérémonies est passé de 100 personnes à 20, employés de pompes funèbres compris. Face à ces changements, les équipes ont dû faire preuve d’une capacité d’adaptation indispensable en cette période de crise.
15 729 morts en France au 15 avril, autant de corps à prendre en charge par le secteur funéraire. Ces chiffres rappellent à Thierry Gisserot la canicule de 2003 : « A l’époque, les gens travaillaient 7 jours sur 7, presque 24h sur 24. » Une activité intense qui pourrait profiter économiquement au secteur dont Thierry Gisserot tire un bref bilan : « Toutes les régions ne connaissent pas la même situation, et il faut savoir que la vente et l’installation de monuments funéraires n’est aujourd’hui pas possible, c’est ici une grosse partie de notre activité qui cesse. » Ce secteur sous tension doit équiper son personnel en achetant du matériel de protection et doit faire face à une modification de l’organisation du travail. En effet, la situation actuelle ne leur permet pas de répondre correctement -comme il est d’ordinaire- aux différentes demandes, au plus grand dam des employés regrettant de ne pas donner une cérémonie digne aux familles.
Un engagement sans faille des salariés
Le 1er avril, un décret du ministère de la Santé annonce la mise en place de mesures plus strictes jusqu’au 30 avril. Ce dernier interdit les soins de conservation ainsi que la toilette mortuaire pour les défunts présentant un risque d’infection au Covid-19. Le procédé entré en vigueur impose de placer immédiatement le corps dans une housse, puis dans le cercueil, sans que la famille ne puisse le voir.
Martin, employé de Pompes Funèbres le regrette : « La mission humaine est importante, nous devons accompagner les familles dans le deuil. » Il se rappelle ses motivations quant au choix de ce métier : « Pour moi il s’agissait d’accompagner des gens dans des moments difficiles. Aujourd’hui certaines familles ne peuvent pas exercer les rites religieux et la préparation est limitée à une heure en général, faute de temps. » Une situation que bon nombre d’employés vivent difficilement : « J’ai mal au cœur quand nous faisons des cérémonies où il y a plus de personnel funéraire que de membres de la famille », fait part le quadragénaire.
Il faut savoir que le virus ne disparaît pas après la mort de la personne. Les crématoriums sont particulièrement sollicités aujourd’hui, surtout dans les villes car en zone rurale, les familles sont davantage attachées aux traditions, notamment religieuses. Au regard de la courbe des décès, cette situation risque de perdurer encore plusieurs semaines.