Santé

Montreuil : la situation des roms pose question

Souvent pointées du doigt, les conditions de vie de la communauté rom se compliquent davantage en cette période de confinement. Entre soucis de distanciation sociale, manque de protections et problèmes alimentaires, la situation devient de plus en plus alarmante, notamment dans la ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

En pleine gentrification, le quartier du Bas-Montreuil (Seine-Saint-Denis) est habité par plusieurs familles roms, logées dans des appartements dits préfabriqués. Implantés sur deux sites situés à quelques encablures l’un de l’autre, ces habitats cubiques et colorés ne sont pas s’en rappeler le célèbre jeu vidéo Tetris du fait de leur entassement et de leur superposition.

Plus que de simples assemblages de blocs habités, ces villages d’insertion, tous deux équipés de terrasses et de balcons, font office de véritables campings en plein milieu de la ville. Alors que certains prennent leur mal en patience dans leurs logements durant cette période de confinement, les roms du site de la rue Emile Zola s’octroient le droit de profiter du soleil printanier.

Ils fument sur la terrasse, étendent le linge au balcon, jouent autour des logements : hommes, femmes et enfants respirent la décontraction et la bonne humeur. Des scènes d’insouciance certes inspirantes mais qui ne témoignent ni des conditions de vie difficiles auxquelles ils sont confrontés au quotidien, ni des risques qu’ils encourent face à l’épidémie du coronavirus.

Une distanciation sociale difficilement respectable

Malgré l’état de salubrité correct des logements, la principale inquiétude réside dans la proximité et la concentration des habitants dans cet espace où la distanciation sociale est quasiment impossible. « C’est vrai qu’on est nombreux ici, on est comme une grande famille, on aime se retrouver tous ensemble et passer des bons moments, déclare, cigarette à la bouche, l’un des jeunes résidents. On est bien au courant de ce qui se passe et des règles de confinement. C’est sûr que c’est compliqué, on n’a pas vraiment de masques mais on essaye de faire attention en respectant au maximum les consignes. »

En ce qui concerne la vie à l’intérieur de son logement de deux pièces et l’organisation quant au réapprovisionnement des denrées alimentaires, ce-dernier se veut très rassurant : « On vit à 3 dans mon appartement, la taille est très convenable, on se sent très bien. Pour les courses, ce sont évidemment les jeunes comme moi qui s’en chargent, c’est parfois compliqué je ne vais pas le cacher mais on se serre les coudes », conclue-t-il, sans vouloir rentrer dans les détails d’ordre financier. Installés il y a maintenant sept ans, sous l’initiative de l’ancienne maire Dominique Voynet, ces logements préfabriqués, co-financés par l’Europe et l’Etat, ont au moins le mérite de répondre parfaitement au besoin de ces familles roms, tout en ayant dissipé la réticence de certains riverains au moment de leur implantation.

Par peur, ils ont déserté leurs campements

La question des conditions de vie de la communauté rom durant cette crise sanitaire dépasse les frontières du Bas-Montreuil. Dans ce climat de peur et d’inquiétude, près de 800 roms ont déserté, dans la nuit du 19 au 20 mars, les bidonvilles des Acacias et de Doumer, situés à l’Est de Montreuil. Selon la commune, ils auraient migré vers l’Allemagne ou vers la Roumanie, tandis que les familles restantes ont été relogées dans un hôtel.

Une situation similaire s’est récemment produite à Pantin (Seine-Saint-Denis) où de nombreuses personnes ont été contraintes de quitter leur campement. 70 d’entre elles ont d’ailleurs été relogées à

l’hôtel Ibis de la porte de Montreuil (Paris 20e). Si cette solution semble salvatrice, elle n’en demeure pas moins éphémère. De quoi s’interroger sur le sort futur des personnes placées dans ces hôtels.

« Les aides envers les Roms se font de plus en plus nombreuses en cette période, c’est une bonne chose, déclare Claire-Lévy-Vroelant, professeur de sociologie urbaine. Le problème qui se pose quand même est de savoir ce qu’on va faire d’eux quand l’heure de quitter l’hôtel viendra. Ils retourneront à la rue ? Avec la montée en flèche des prix de logement et leur statut de sans-papier tout devient compliqué. Il faut les prendre en charge. »

Un cri du cœur qui fait parfaitement écho à la quête de mains tendues et de reconnaissance du peuple rom.

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