La crise inédite que la France traverse nécessite une coopération et une solidarité sans faille. Néanmoins, le président de la République parviendra-t-il à unir les Français et l’ensemble de l’échiquier politique dans cette lutte contre le Covid-19 ?
La crise a-t-elle le pouvoir de faire basculer les clivages partisans au nom de l’intérêt général ? Le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est présenté en tant que fervent défenseur de l’unité nationale lors de son allocution du lundi 13 avril, en prenant un ton rassembleur à bien des égards.
Le locataire de l’Elysée a usé de tous les moyens pour renouer le lien de confiance avec les Français, brisé par la crise des Gilets jaunes, l’épisode orageux du projet de réforme des retraites et le manque de sincérité sur la pénurie de masques. Il fallait donc se montrer clair et humble. Emmanuel Macron s’est assuré de l’être. Le président de la République s’est voulu rassurant, optimiste, en ouvrant une perspective de sortie de crise progressive avec la date du 11 mai tout en rappelant aux Français la nécessité de rester mobilisés, de ne pas se relâcher.
Il a saisi cette chance, cette courte brèche induite par la crise nécessitant une solidarité nationale. En affichant son humilité, il tente de se défaire de l’image d’un chef d’Etat autoritaire et d’un président qui trop souvent par ses invectives, a pu rabaisser les Français les traitant de « gaulois réfractaires » parfois même de « fainéants. » En prenant la parole ce lundi soir, il s’est placé au même niveau que ces concitoyens : « Comme vous, j’ai vu des ratés, encore trop de lenteur, de procédures inutiles, des faiblesses de notre logistique. Nous en tirerons toutes les conséquences. » Il a aussi affiché sa volonté de reconstruire l’unité nationale en affirmant : « Il y a dans cette crise une chance : nous ressouder et prouver notre humanité, bâtir un autre projet dans la concorde. »
La volonté d’unir les forces politiques
Après avoir croulé sous les critiques de l’opposition, le locataire de l’Elysée entend saisir cette chance qui lui est offerte : profiter de cette crise pour faire basculer les dogmes partisans. Pour arriver à unir tous les partis politiques dans la reconstruction de la France, Emmanuel Macron a fait référence à des projets qui apparaissent comme autant de concessions aux partis qui hier encore, étaient dans l’opposition.
Il a ainsi pris le soin de faire référence à la « sobriété carbone » pour le parti Europe écologie les verts (EELV). En direction de La France Insoumise (LFI), il reprend le terme de « planification » si cher à Jean-Luc Mélenchon. Pour s’adresser à la droite, il assure vouloir sauvegarder l’indépendance financière de la France, les élus républicains étant particulièrement attentifs à notre niveau d’endettement. Pour aller plus loin encore, il a murmuré à l’oreille des nationalistes en évoquant le terme « d’indépendance française », cher au Rassemblement national (RN).
Le clou de son discours reste sans aucun doute la référence aux « jours heureux ». Titre éponyme du programme du Conseil National de la Résistance adopté à l’unanimité en 1944. Projet qui comporte deux volets : libérer le territoire de l’occupant nazi et construire le monde d’après la libération. Il est en rupture avec le capitalisme. Il pose les attributs de l’Etat providence, la question des nationalisations, des droits des travailleurs et des libertés fondamentales à garantir. Une référence pas anodine, chargée d’histoire et peut-être d’espoir pour le président Emmanuel Macron.
Bernard Debré, conseiller Les Républicains (LR) de Paris, est favorable à la thèse de l’union nationale en temps de crise : « Il faudrait qu’il y ait un gouvernement d’union nationale, que les partis s’unissent pour parvenir à sortir de cette crise. » Sylvain Maillard, député LREM partage cet avis : « Il faut faire en sorte que l’ensemble des dirigeants politiques soient dans l’accompagnement car c’est un moment d’unité nationale. »
Reste que l’Union nationale se fait avec la volonté de la base : le peuple. Et Emmanuel Macron a conscience qu’une fois la crise passée il devra répondre à une myriade de questions concernant sa gestion de la crise.
Étudiant en troisième année, je suis particulièrement intéressé par les sujets : politique, géopolitique et économie.